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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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égratignure à l’épaule. Quelques agrafes, une partie de jambes en l’air avec son infirmière et il serait comme neuf.
    À l’aube, les lièvres et les ours se rassemblèrent à nouveau dans le sous-sol de l’usine Lazur. Un froid humide suintait des murs. Sur celui du fond, on avait peint des cercles blancs par groupes de trois à un mètre du sol. Le premier était petit, à peine visible, le deuxième un peu plus grand ; le troisième faisait le double du premier. Au-dessus de chaque groupe était inscrit un nombre, de 1 à 30. Des tonneaux et de caisses avaient été disposés à cent mètres des cibles. Des Moisin-Nagant 91/30 à lunette appuyés contre le mur le plus proche attendaient les recrues.
    Zaïtsev et Medvedev ordonnèrent aux soldats de prendre un fusil et de s’allonger derrière les caisses et les tonneaux. Après avoir attribué un numéro à chacun, Zaïtsev demanda à ses élèves de viser le plus grand cercle. Il représentait un coup à la poitrine à une distance de quatre cents mètres, expliqua-t-il.
    Quand lièvres et ours se furent embusqués, les deux sous-officiers s’assirent derrière eux. Tania sentit l’odeur de leurs cigarettes. Elle entendit le rire de Medvedev, à qui Zaïtsev racontait peut-être la mission de la veille.
    Les recrues demeurèrent allongées derrière leur caisse ou leur tonneau pendant une heure, les yeux sur la cible. Si l’un d’eux tournait la tête ou éloignait simplement son œil de la lunette, l’Ours leur faisait un sermon sur la patience et l’endurance.
    Dans son réticule, Tania vit la lumière de l’aube croître au bout de l’atelier. Après les dix premières minutes, le cercle blanc avait commencé à monter et descendre. Les battements de cœur de la jeune femme avaient glissé dans ses mains. Elle avait ralenti sa respiration, relâché la pression de ses doigts. Enfin, longtemps après que le froid du béton eut engourdi ses jambes, elle entendit les pas de Zaïtsev derrière eux.
    — Un à la fois, dit-il. Quand j’appellerai votre numéro.
    Il demeura derrière les recrues et plusieurs minutes s’écoulèrent.
    — Vingt-huit. Feu.
    Une détonation claqua à la droite de Tania. Elle retint sa respiration pour ramener la cible au centre de son réticule.
    — Quinze.
    Nouveau coup de feu.
    — Dix.
    Tchekov, qui se trouvait juste à côté d’elle, tira, et le bruit la fit sursauter.
    — Neuf, appela Zaïtsev aussitôt après.
    Son numéro. Elle corrigea sa visée d’un millimètre, appuya sur la détente, sentit le recul, reprit aussitôt la cible dans sa ligne de mire. Un minuscule nuage de poussière apparut sur le mur de briques, au centre du cercle. Tania sourit à la crosse de son arme, resta sans bouger tandis que Zaïtsev appelait d’autres numéros.
    À la fin de l’exercice, les deux sous-officiers allèrent examiner les cibles puis revinrent et autorisèrent les volontaires à tirer comme ils voulaient.
    — Mettez-vous quelque chose dans les oreilles, leur conseilla Zaïtsev.
    Tania tira une centaine de fois. Au milieu de la matinée, elle avait l’épaule douloureuse, comme si une balle s’y était logée. Chaque pression sur la détente amenait une leçon différente criée par les instructeurs allant et venant derrière les soldats. « T’appuies trop fort. Tu dérives vers la droite. Vers la gauche. Écarte ta joue de la crosse. Détends-toi. Concentre-toi. Plus vite. Prends ton temps… »
    Les instructeurs retournèrent examiner les cibles, ordonnèrent aux recrues qui avaient raté trop de coups de prolonger l’exercice. Tania n’en faisait pas partie, Fedya non plus.
    Elle se leva, les jambes en coton, se traîna dans un coin et s’assit le dos au mur. Fedya la rejoignit. Il ne s’était pas rasé depuis trois jours et son uniforme neuf était sale. Il ressemblait moins à un poète inquiet de tout, à une grande oie affolée ; ses traits avaient pris un peu de la détermination et de la dureté d’un tireur d’élite. Quelque chose avait disparu de son regard : l’expression étonnée de ses yeux écarquillés, dans lesquels, quelques jours plus tôt, on lisait comme dans un livre ouvert. Le fusil en travers du giron, il dit d’une voix excitée :
    — Pas mal, hein ? Nous sommes de bons tireurs.
    Tania lui toucha le genou.
    — J’ignorais que tu savais te servir aussi bien d’un fusil.
    — L’Ours m’a emmené avec lui, cette nuit, déclara-t-il en se redressant.
    — Quoi ?

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