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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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la semaine, il formait des tireurs aux coups mortels qui iraient se battre en son nom. Il s’assigna pour tâche de devenir trop utile comme instructeur pour être de nouveau envoyé au feu…
    La gifle du vent glacé de Stalingrad le tira de sa rêverie et réveilla en lui le sentiment morose qu’une promesse avait été brisée. Il laissa son regard descendre les marches de béton jusqu’à la verte Volga encombrée de fantômes de glace flottant sous la surface. Aucun bateau ne peut traverser des eaux aussi dangereuses, pensa-t-il. Les Russes manquent de ravitaillement, m’a dit Ostarhild. Je suis ici pendant une sorte d’accalmie, mais les combats ne manqueront pas de redoubler dès que le fleuve gèlera, se transformant d’abord en passerelle géante puis en grand-route pour les convois d’approvisionnement russes. Je veux la mort de Zaïtsev et une place dans un avion pour Berlin bien avant ça.
    Il fit porter son regard sur les boutiques en ruine, à gauche des marches, puis, de l’autre côté de l’allée, sur les restes d’une rangée de statues et de fontaines. Toutes les silhouettes de fer avait été brisées, renversées de leur piédestal, sauf une : au bout de la rangée, juste avant la promenade en planches au bord de la Volga, se dressait encore la représentation de deux jeunes Russes, un garçon et une fille. Bâtisseurs de l’avenir soviétique, ils tenaient une gerbe au-dessus de leurs têtes. Thorvald estima qu’ils devaient être à quatre cents mètres de lui.
    Il fit glisser le Mauser de son épaule, porta la lunette à son œil, enleva un huitième à la distance pour un tir de haut en bas. Tenant compte de la froide clarté de l’air, il ôta vingt mètres. Le vent soufflait de la Volga, ébouriffant ses cheveux sous la capuche blanche de sa parka. Huit nœuds environ. Il ajouta dix autres mètres.
    Thorvald s’accroupit, amena le réticule sur le front sombre de la statue en fer du garçon. Il visa l’œil gauche, appuya sur la détente. La détonation se répercuta sur les façades des bâtiments silencieux, à sa gauche, fila vers le parc. C’était le premier coup de feu qu’il tirait à Stalingrad.
    Le vent étant tombé, il réduisit légèrement la distance, visa l’œil droit de la statue, tira. Impossible de savoir s’il avait fait mouche : les jeunes Russes en fer ne tombent pas sous les balles.
    Il descendit l’allée jusqu’à la statue. À cette hauteur au-dessus du fleuve, on distinguait les grandes îles séparant la Volga en deux. Au-delà de la plage de sable et des sapins, la plaine russe roulait sous la brume lointaine. Comme ce pays est vaste, songea-t-il. On pourrait y loger vingt fois l’Allemagne. Thorvald avait entendu les plans de Hitler pour la Russie, exposés d’une centaine de tribunes. Il aimait voir le Führer beugler ses discours, brandissant le poing, se frappant la poitrine, tremblant de tout son corps tandis que les mots jaillissaient de sa bouche tels des obus d’artillerie.
    Nous nous emparerons de la Russie à l’ouest de la Volga ; Moscou demandera la paix et la guerre sera finie. Nous donnerons le nom d ‘Ostland au territoire s’étendant de la Pologne à la Volga. Nous en serons les maîtres, nous le peuplerons de notre race. Les Russes, ces vils Untermenschen, nous serviront le lait et le miel et faucheront le blé pour faire notre pain.
    Une fois que j’aurai quitté cette ville, je ne reviendrai plus jamais, se promit Thorvald, même quand ce sera devenu l’Ostland. Je n’aime pas cet endroit, cette tristesse, ce vent.
    Parvenu à la statue, Thorvald enjamba le muret de marbre de la fontaine. La neige tombée la veille rendait le fond glissant. Il approcha avec précaution du garçon de fer, passa l’index sur l’œil gauche couleur d’ébène. Une traînée grise resta sur l’extrémité de son doigt. La chemise en cuivre de la balle s’était aplatie contre le fer plus dur. Une autre trace, plus sombre, provenait du cœur en plomb du projectile. Il inspecta l’autre œil de la statue, trouva la trace de plomb un peu plus bas sur la joue. Le fusil est assez précis, conclut-il.
    Il se retourna, découvrit en haut de l’escalier l’homme qu’il avait réclamé comme guide à Ostarhild. Comment s’appelait-il, déjà ? Mond.
    — Bonjour, caporal. Vous avez bien dormi ? — Mon colonel ? fit Mond, désarçonné par la question.
    — Juste une formule de politesse, expliqua Thorvald. Comme une considération

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