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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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sur le temps.
    Le caporal s’approcha, prit le fusil de Thorvald.
    — Oui, mon colonel. Je n’ai pas très bien dormi. Le lieutenant m’a envoyé en pleine nuit réparer une ligne téléphonique.
    — Près des lignes russes ?
    — Oui, mon colonel.
    — Vous avez eu peur ?
    Mond secoua la tête, cracha sur le sol.
    — J’ai toujours peur, mon colonel. C’est l’effet que vous fait cette ville.
    Les deux hommes remontèrent vers la rue, prirent la direction des lignes russes.
    — Pourquoi n’avez-vous pas emporté votre fusil ? s’étonna le colonel.
    — J’ai pensé qu’aujourd’hui on se contenterait d’observer le front. Si vous voulez, je vais le chercher…
    — Non. Rassurez-vous, nous n’approcherons pas assez des rouges pour avoir des ennuis. Laissons ce Zaïtsev opérer sur le front en se tramant les couilles dans la boue. D’après les articles que j’ai lus, il aime ça.
    Tapotant l’épaule du jeune Allemand, Thorvald ajouta :
    — D’ailleurs, je n’ai pas besoin d’être aussi près de lui que lui de moi.
    Ils traversèrent les ruines en silence. Le caporal semblait sûr de l’endroit où il le conduisait et du chemin pour y parvenir. Thorvald était ébahi par l’état de la ville. C’était une dévastation totale. Il ne restait plus rien d’intact. Les bâtiments étaient éventrés, concassés. Qui pouvait combattre dans un tel chaos ? Qui pouvait tenir ?
    Moi, je peux, semblait répondre le vent russe. Thorvald frissonna sous sa parka, tendit une main gantée de blanc vers les ruines.
    — Où pensez-vous qu’il est, caporal ?
    Mond étala une carte de la ville sur le sol. Thorvald s’agenouilla à côté de lui.
    — Regardez, mon colonel. Nous avons scindé les forces russes en trois parties, dit le jeune homme, traçant du doigt trois cercles sur la carte.
    Il tapota le secteur le plus au nord, poursuivit :
    — Ici, à Rynok, au-dessus de l’usine de tracteurs, ils ont une division entière. Au sud, dans l’usine Octobre-Rouge, nous avons enfoncé leur centre jusqu’à la Volga et isolé ces unités, dit Mond, pointant l’index sur le deuxième cercle. Cette poche de résistance profondément retranchée dans les ateliers est presque impossible à réduire… (Mond leva les yeux de la carte.) J’ai vu des Russes démonter un canon, traîner les pièces dans les décombres jusqu’en première ligne, le remonter et faire voler en éclats une de nos unités.
    Il posa le doigt sur le coin sud-est d’Octobre-Rouge, traça une ligne allant de l’usine à la pente est du Mamayev Kourgan, le tertre dominant la ville. Puis sa main descendit pour englober l’usine chimique Lazur, le dépôt de chemin de fer et dix kilomètres de berge, jusqu’à un point situé au nord du principal embarcadère.
    Thorvald releva les yeux, fixa le dessus du crâne de Mond, qui continuait à étudier la carte.
    — Où est-il, caporal ?
    — Je dirais dans cette poche sud, la plus étendue.
    — Pourquoi ?
    — Simple supposition, mais c’est celle qui offre le plus d’espace, le plus de cibles. Dans l’une des poches plus petites, il pourrait se retrouver pris au piège. Je ne crois pas que c’est ce qu’il veut. En plus, ça ne bouge quasiment plus dans les plus petites zones. Zaïtsev doit vouloir opérer là où il trouvera le plus de gibier.
    — Du gibier ? Pourquoi parlez-vous de gibier ?
    Mond haussa les épaules comme pour souligner la simplicité de l’explication :
    — Zaïtsev est un chasseur, c’est comme ça qu’il raisonne. Il chasse. Vous avez lu les articles publiés dans Pour la défense de notre pays, mon colonel ?
    — Quelques-uns. Pas tous. Je les ai parcourus. Disons que j’en connais les grandes lignes.
    Voyant le caporal baisser les yeux, Thorvald s’empressa d’ajouter :
    — Je les lirai tous, soyez-en sûr. J’étais fatigué, hier soir.
    — De toute façon, c’est surtout des vantardises.
    — Vous dites que Zaïtsev nous voit comme du gibier. Quel genre de gibier ?
    Mond considéra la question avant de répondre :
    — Des loups. Des loups gris de Sibérie. Il s’imagine qu’on n’a plus de secrets pour lui : les Allemands font comme ci, les Allemands font comme ça. Il déchiffre nos habitudes et nos tactiques comme des traces sur une piste, comme si on était des animaux.
    — Alors, nous nous conduirons en loups gris, résolut Thorvald en se relevant. Nous serons dangereux mais peu originaux. Nous le laisserons croire que nous

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