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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’arbalétriers se répandait dans le fond de la
vallée, tandis qu’au-dessus d’eux les chevaliers et les hommes d’armes français
s’armaient de leurs lances.
    Thomas pensa que ce devait être une ruse. Dans trois ou
quatre heures, il ferait noir. Mais les Français pensaient peut-être mener leur
affaire rapidement. Les arbalétriers commencèrent enfin à avancer. Thomas ôta
son casque pour y prendre une corde d’arc. Il la fixa à une extrémité de l’arme
puis ploya le bois pour mettre la corde dans l’autre encoche. Il lui fallut s’y
prendre à trois fois pour parvenir à adapter la corde sur son arc noir. Doux
Jésus ! pensa-t-il, ils viennent vraiment ! Sois calme. Mais il se
sentait aussi nerveux que quand il était sur la colline au-dessus de Hookton et
qu’il avait tué un homme pour la première fois. Il défit le lacet de son sac de
flèches.
    Les tambours se mirent à battre du côté français et on
entendit une grande ovation. Rien ne pouvait expliquer cette ovation. Les
hommes d’armes ne bougeaient pas et les arbalétriers se trouvaient encore loin.
Les trompettes anglaises répondirent, douces et claires, depuis le moulin à
vent où attendaient le roi et la troupe de réserve. Les archers s’étiraient et
battaient la semelle tout au long de la colline. Quatre mille arcs anglais
étaient tendus et prêts à tirer, mais six mille arbalétriers avançaient vers
eux, et derrière les Génois il y avait des milliers de cavaliers en cotte de mailles.
    — Ils n’ont pas de pavois ! cria Will Skeat, et
leurs cordes seront humides.
    — Ils n’auront pas suffisamment de portée pour nous
atteindre, dit le père Hobbe qui était réapparu au côté de Thomas.
    Thomas acquiesça mais sa bouche était trop sèche pour qu’il
puisse répondre. Une arbalète placée dans de bonnes mains, et il n’y en avait
pas de meilleures que celles des Génois, avait une plus grande portée qu’un
arc, mais pas quand la corde était humide. Toutefois la portée supérieure de
l’arbalète ne constituait pas un grand avantage car retendre l’arme était si
long que les archers pouvaient avancer et lancer six ou sept flèches avant que
l’ennemi soit capable de tirer le deuxième trait. Bien que conscient de ce
déséquilibre, Thomas n’en était pas moins nerveux. L’ennemi paraissait
tellement nombreux et les grands tambours français avec leur peau épaisse
tonnaient comme si le cœur du diable battait dans la vallée. Les cavaliers
ennemis se penchaient en avant, impatients d’éperonner leurs montures vers les
lignes anglaises qui, espéraient-ils, seraient déjà largement décimées par
l’assaut des arbalétriers. Pendant ce temps, les hommes d’armes anglais se
déplaçaient pour serrer les rangs et former un solide rempart de boucliers et
de cuirasses d’acier. Les cottes de mailles cliquetaient.
    — Dieu est avec vous ! cria un prêtre.
    — Ne gaspillez pas vos flèches, rappela Will Skeat,
visez bien, les gars. Ils ne tiendront pas longtemps.
    Il répéta cette consigne en parcourant la ligne.
    — On dirait que tu as vu un fantôme, Tom.
    — Dix mille fantômes.
    — Ils sont encore plus nombreux que ça, dit Skeat en se
tournant pour regarder l’autre colline. Peut-être douze mille cavaliers ?
Ça fait douze mille flèches, mon bonhomme.
    Il y avait six mille arbalétriers et deux fois plus d’hommes
d’armes. Ceux-ci étaient renforcés par de l’infanterie qu’on voyait apparaître
sur les deux flancs de l’armée française. Thomas doutait que ces fantassins
viennent prendre part à la bataille, sauf si elle tournait à la débâcle. Il
comprenait aussi que les arbalétriers pourraient être repoussés parce qu’ils
venaient sans pavois et que leurs armes étaient mouillées par la pluie. Mais
repousser les Génois exigerait des flèches, beaucoup de flèches. Il y en aurait
donc moins pour la masse des cavaliers dont les lances peintes se dressaient
toutes droites et formaient comme un bosquet sur le sommet de la colline.
    — Nous avons besoin de plus de flèches, dit-il à Skeat.
    — Il faudra te contenter de ce que nous avons, dit
Skeat. C’est ce que nous ferons tous. On ne peut pas demander ce qui n’existe
pas.
    Les arbalétriers s’arrêtèrent au pied de la colline où se
trouvaient les Anglais et ils se mirent en ligne avant de placer les carreaux
dans leurs arbalètes. Thomas sortit sa première flèche et, dans un geste

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