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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ciel.
    — Maintenant ! dit Will d’une voix étonnamment
douce.
    Et les flèches s’envolèrent.
     
    Eléonore était accroupie près du chariot qui contenait les
bagages des archers. Il y avait là trente ou quarante femmes et de nombreux
enfants. Tout le monde tressaillit en entendant les trompettes, les tambours et
les cris dans le lointain. Presque toutes les femmes étaient françaises ou
bretonnes, mais aucune ne souhaitait une victoire des Français, car c’étaient
leurs hommes qui se tenaient sur la pente verte de la colline.
    Eléonore pria pour Thomas, pour Will Skeat et pour son père.
Les bagages étant sur l’autre versant de la colline, elle ne pouvait voir ce
qui se passait, mais elle entendait la note profonde et aiguë des cordes d’arc
qu’on relâchait, puis le frottement d’air contre les plumes que faisaient
entendre des milliers de flèches pendant leur vol. Elle frissonna. Un chien
attaché au chariot – l’un de ces nombreux animaux errants que les archers
avaient adoptés – se mit à geindre. Elle le caressa.
    — Il y aura de la viande ce soir, dit-elle au chien.
    Le bruit courait que le bétail capturé au Crotoy parviendrait
à l’armée dans la journée. S’il restait une armée pour le manger. On entendit à
nouveau les arcs, mais plus irrégulièrement. Les trompettes continuaient à
sonner et les battements de tambour étaient continuels. Elle regarda vers le
sommet de la colline, s’attendant presque à voir des flèches dans le ciel, mais
il n’y avait que des nuages gris sur lesquels se détachaient des groupes de
cavaliers appartenant à la réserve du roi. Eléonore savait que si elle les
voyait s’élancer, cela voudrait dire que les lignes avaient été enfoncées. Sur
l’aile la plus haute du moulin, l’étendard royal, agité par la petite brise,
montrait son or, son rouge et son bleu.
    Le grand parc à bagages n’était gardé que par un groupe de
soldats malades ou blessés qui ne tiendraient pas un instant si les Français
traversaient les lignes anglaises. Aux bagages du roi, qui s’entassaient sur
trois chariots peints en blanc, avaient été affectés une dizaine d’hommes
d’armes chargés de protéger les joyaux de la couronne. Autour d’eux, une foule
de femmes et d’enfants étaient accompagnés de quelques pages qui portaient une
courte épée. Les milliers de chevaux de l’armée étaient attachés près de la
forêt et gardés par quelques infirmes. Eléonore remarqua que les bêtes étaient
sellées, comme si les hommes d’armes et les archers voulaient qu’elles soient
prêtes au cas où il faudrait fuir.
    Un prêtre était resté auprès des bagages du roi, mais quand
on entendit les flèches, il se hâta vers le sommet et Eléonore fut tentée de le
suivre. Mieux valait voir ce qui se passait, pensa-t-elle, que d’attendre ici,
près de la forêt, en s’inquiétant. Elle caressa le chien et se releva avec
l’intention d’aller sur la crête, mais à ce moment elle aperçut la femme qui
était venue voir Thomas durant cette nuit pluvieuse dans la forêt de Crécy. La
comtesse d’Armorique, vêtue d’une magnifique robe rouge et les cheveux enserrés
dans une résille d’argent, allait et venait sur une petite jument blanche
auprès des chariots du prince. De temps en temps, elle s’arrêtait pour regarder
vers le sommet, puis elle tournait les yeux vers la forêt de Crécy-Grange qui
s’étendait à l’ouest.
    Un grand bruit fit sursauter Eléonore. Rien n’expliquait ce
soudain coup de tonnerre. Il n’y avait ni éclair ni pluie et le moulin était
intact. Puis un filet de fumée grise apparut au-dessus des ailes du moulin et
Eléonore comprit que les bombardes avaient tiré. Elles se souvint qu’on les
appelait des ribaudequins et elle imagina leurs flèches de fer en train de
filer le long de la pente.
    Elle chercha la comtesse mais Jeannette n’était plus là.
Elle était partie en direction de la forêt en emportant ses bijoux avec elle.
Eléonore aperçut la robe rouge parmi les arbres. Ainsi la comtesse avait fui
par crainte des conséquences d’une défaite. Eléonore, se disant que la femme
d’un prince devait en savoir plus sur ce qui attendait les Anglais qu’une femme
d’archer, fit un signe de croix. Puis, incapable d’attendre plus longtemps,
elle se dirigea vers la crête. Si son amant devait mourir, elle voulait être
auprès de lui.
    D’autres femmes la suivirent. Aucune ne disait mot.

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