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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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« Il vaut mieux que ce soit sir
Simon qui meure, plutôt que Skeat. » Aussi acquiesça-t-il :
    — Bien entendu, bien entendu.
    Les capitaines ne dirent rien. Quel honneur pouvait-il y
avoir à se trouver le premier sur un mur qu’un autre aurait pris ? Non, ce
coquin ne recherchait pas l’honneur, il voulait être bien placé dans la course
au butin. Mais aucun d’entre eux n’exprima sa pensée. Ils étaient des
capitaines, mais sir Simon, lui, était un chevalier, même s’il n’avait pas un
sou vaillant.
    L’armée du comte fit mine de préparer une autre attaque
durant le reste de cette courte journée d’hiver, mais elle n’eut pas lieu et
les habitants de La Roche-Derrien se mirent à espérer que le plus gros de leurs
épreuves était passé. Toutefois, ils firent des préparatifs pour le cas où les
Anglais tenteraient un nouvel assaut le lendemain. Ils comptèrent leurs
carreaux d’arbalète, entassèrent de nouvelles roches sur les remparts et
alimentèrent les feux qui faisaient bouillir l’eau destinée à être déversée sur
les Anglais. « Réchauffez les misérables ! » avaient dit les
prêtres de la ville, et les habitants avaient apprécié la plaisanterie. Ils se
rendaient bien compte qu’ils étaient en train de gagner et que leurs épreuves
cesseraient bientôt, car les Anglais allaient certainement être à court de
nourriture. Tout ce que La Roche-Derrien avait à faire consistait à résister
puis à recevoir les félicitations et les remerciements du duc Charles.
    À la tombée de la nuit, la pluie cessa. Les habitants se
mirent au lit, tout en gardant leurs armes prêtes. Les sentinelles allumèrent
des feux derrière les murs et scrutèrent l’obscurité.
    C’était une froide nuit d’hiver ; il ne restait plus
aux assaillants qu’une dernière petite chance.
     
    L’Oiseau Noir avait pour nom de baptême Jeannette Marie
Halévy. À l’âge de quinze ans, ses parents l’avaient emmenée à Guingamp pour le
tournoi annuel des pommes. Son père n’étant pas noble, la famille ne pouvait
s’installer à l’intérieur de l’enclos, sous le clocher de Saint-Laurent, mais
ils trouvèrent place à proximité et Louis Halévy fit en sorte que sa fille fût
bien visible en disposant leurs chaises sur la carriole qui les avait
transportés depuis La Roche-Derrien. Le père de Jeannette était un marchand de
vin et un armateur prospère, cependant ses succès en affaires n’avaient pas eu
leur équivalent dans sa vie privée. L’un de ses fils était mort à la suite
d’une coupure au doigt qui s’était infectée et le second avait péri noyé au
cours d’un voyage à La Corogne. Jeannette était désormais son seul enfant.
    Cette visite à Guingamp répondait à un calcul. Les nobles de
Bretagne – du moins ceux qui était favorables à une alliance avec la
France – se trouvaient rassemblés pour un tournoi et là, pendant quatre
jours, devant une foule qui venait autant pour les réjouissances que pour les
combats, ils faisaient montre de leur talent avec la lance et l’épée. Jeannette
trouva le spectacle très ennuyeux dans l’ensemble, car les préambules de chaque
combat étaient longs et souvent inaudibles. Les chevaliers paradaient
interminablement, dans une agitation de plumets extravagants, puis, au bout
d’un moment, il y avait un bref tonnerre de sabots, un choc métallique, des
hourras, et l’un des chevaliers était projeté sur l’herbe. La coutume voulait
que le vainqueur pique une pomme de la pointe de sa lance et la présente à une
jeune femme qu’il avait remarquée dans la foule. C’était pour cette raison que
son père était venu en carriole à Guingamp. Au quatrième jour, Jeannette avait
reçu dix-huit pommes, ce qui lui valait l’inimitié de beaucoup de filles mieux
nées.
    Ses parents la ramenèrent à La Roche-Derrien et attendirent.
Ils avaient exposé leur marchandise. Les acheteurs pouvaient désormais trouver
le chemin de leur luxueuse maison, près de la rivière Jaudy. D’après la façade,
la maison paraissait modeste mais, le porche franchi, le visiteur se trouvait
dans une vaste cour intérieure qui conduisait à un quai de pierre que les plus
petits bateaux de M. Halévy pouvaient atteindre à marée haute. La cour
partageait un mur avec l’église Saint-Renan et comme il avait fait don de la
tour à l’église, il avait reçu la permission de percer un passage dans le mur
afin que sa famille puisse se

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