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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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se disait-il,
ferait mieux d’épouser un marchand avisé, peut-être un veuf ayant de la
fortune, mais il soupçonnait que ce conseil serait donné en vain.
    « Souvenez-vous du vieux dicton, dit-il avec un air
rusé, “Quand on fait garder le troupeau par un chat, les loups font un bon
repas. ” »
    Jeannette tressaillit de colère en entendant ces mots.
    « Épargnez-moi ces considérations »,
répliqua-t-elle d’un ton glacial.
    Puis elle mit fin à l’entrevue.
    Le lendemain, les Anglais se présentèrent devant La Roche-Derrien.
Jeannette prit l’arbalète et rejoignit les défenseurs sur les remparts de la
ville. Au diable Belas et ses conseils ! Elle allait combattre comme un
homme et le duc Charles, qui la méprisait, serait forcé de l’admirer ; il
devrait la soutenir et restaurerait son fils dans ses droits sur les terres de
son défunt mari.
    C’est ainsi que Jeannette était devenue l’Oiseau Noir. Bien
des Anglais étaient morts devant les murs de la ville et elle avait oublié le
conseil de Belas. À présent, elle se disait que les défenseurs avaient tant
étrillé les Anglais que le siège serait bientôt levé. Tout serait alors pour le
mieux et forte de cette pensée, pour la première fois depuis une semaine,
l’Oiseau Noir dormit bien.

 
2
    Thomas s’accroupit près de la rivière. Il avait traversé une
rangée d’aulnes pour atteindre la berge où il retira ses bottes et ses
chausses. Il valait mieux y aller nu-pieds, se disait-il, ainsi les bottes ne
resteraient pas collées dans la boue. L’eau serait froide, glaciale même, mais
il n’avait pas souvenir d’un moment où il avait été aussi heureux. Il aimait
cette vie, et ses souvenirs de Hookton, d’Oxford et de son père s’étaient
presque estompés.
    — Otez vos bottes et suspendez votre sac de flèches à votre
cou, dit-il aux vingt archers qui avaient accepté de le suivre.
    — Pourquoi ? se plaignit quelqu’un dans
l’obscurité.
    — Pour qu’il t’étrangle, grommela Thomas.
    — Pour que tes flèches ne se mouillent pas, expliqua
complaisamment un autre.
    Thomas attacha son propre sac à son cou. Les archers
n’utilisaient pas les carquois dont faisaient usage les chasseurs, car ils
étaient ouverts sur le dessus et les flèches pouvaient tomber lorsqu’un homme
courait, trébuchait ou franchissait une haie. En outre, dans un carquois, les
flèches étaient mouillées par la pluie et, lorsque l’empenne était humide, la
flèche perdait sa précision. Aussi les véritables archers utilisaient-ils des
sacs en toile rendus imperméables au moyen d’une couche de cire et fermés par
un lacet. Ces sacs étaient renforcé par une armature en rameaux de saule qui
tendait la toile de manière à protéger les empennes.
    Will Skeat progressait lentement le long de la berge jusqu’à
l’endroit où une douzaine d’hommes empilaient les claies. Il frissonnait dans
le vent froid qui venait de la rivière. À l’est, le ciel était encore sombre,
mais les feux de veille qui brûlaient dans La Roche-Derrien donnaient un peu de
lumière.
    — Ils sont bien tranquilles, là-bas, dit Skeat en
désignant la ville.
    — Prions pour qu’ils dorment, répondit Thomas.
    — Dans des lits. Pour ma part, j’ai oublié à quoi
ressemble un lit.
    Après avoir dit cela, Skeat s’écarta pour laisser un homme
accéder à la berge. Thomas eut la surprise de voir qu’il s’agissait de sir
Simon Jekyll, qui s’était montré si méprisant envers lui sous la tente du
comte.
    — Sir Simon veut te dire un mot, dit Skeat en se
souciant à peine de déguiser son propre mépris.
    Sir Simon fronça le nez en sentant l’odeur nauséabonde de la
boue de la rivière. C’est là que devaient se déverser les eaux usées de la
ville, supposa-t-il, et il fut heureux de n’avoir pas à patauger jambes nues
dans cette gadoue.
    — Vous êtes sûr de pouvoir franchir la palissade ?
demanda-t-il à Thomas.
    — Dans le cas contraire, je ne serais pas ici, dit
Thomas sans se soucier de paraître manquer de respect.
    Le ton employé par Thomas déplut à sir Simon, mais il se
contrôla.
    — Le comte, dit-il avec distance, m’a attribué
l’honneur de conduire l’attaque sur les murs…
    Il s’interrompit brusquement et Thomas attendit la suite,
mais sir Simon se contenta de le regarder avec une expression mécontente.
    Skeat finit par prendre la parole :
    — Ainsi, Thomas prend les murs pour vous

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