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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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permettre
d’installer vos échelles ?
    Ignorant l’intervention de Skeat, sir Simon s’adressa à
Thomas :
    — Ce que je ne veux pas, c’est que vos hommes entrent
dans la ville avant les miens. Si nous apercevons des hommes armés, nous allons
probablement les tuer, vous comprenez ?
    Thomas faillit cracher par terre en signe de dérision. Ses
hommes auraient des arcs et aucun ennemi n’en portait de semblables, aussi
pouvait-on difficilement confondre les archers avec les défenseurs de la ville,
mais il retint sa langue et se contenta d’acquiescer.
    — Vos archers et vous-mêmes pourrez vous joindre à notre
attaque, continua sir Simon, mais vous serez sous mon commandement.
    Thomas acquiesça une nouvelle fois et sir Simon, irrité par
cette attitude presque insolente, tourna les talons et s’éloigna.
    — Il ne veut qu’une chose, avancer son nez devant nous
tous, dit Skeat.
    — Tu vas le laisser utiliser nos échelles ?
demanda Thomas.
    — S’il veut être le premier à grimper, qu’il y aille.
Les échelles sont en bois vert, Tom. Si elles se rompent, je préfère que ce
soit lui qui dégringole plutôt que moi. En outre, je pense qu’il vaut mieux que
nous traversions la rivière derrière toi, mais je n’avais pas envie de dire
tout cela à sir Simon.
    Skeat fit une grimace puis il poussa un juron en entendant
un craquement dans l’obscurité au sud de la rivière.
    — Ce sont ces satanés rats blancs, dit-il avant de
disparaître dans les ténèbres.
    Les rats blancs étaient les Bretons fidèles au duc Jean. Ils
portaient ses armes : une hermine blanche. Une soixantaine d’arbalétriers bretons
avaient été rattachés à la troupe de Skeat avec pour mission de tirer sur les
murs pendant qu’on installerait les échelles contre les remparts.
    C’étaient ces hommes dont on entendait le bruit dans la
nuit, et ce bruit allait croissant. Un imbécile quelconque avait trébuché dans
le noir et heurté un arbalétrier avec un pavois, ces grands boucliers derrière
lesquels on rechargeait laborieusement les arbalètes. En réponse, l’arbalétrier
avait cogné. Un pugilat avait aussitôt éclaté. Naturellement, les défenseurs
les entendirent et ils se mirent à déverser des ballots de paille enflammée
par-dessus les remparts. Une cloche d’église se mit à sonner, puis une autre.
Tout cela bien avant que Thomas ait commencé à s’avancer sur la boue.
    Sir Simon Jekyll, alerté par les cloches et la paille en
flammes, se mit à crier qu’il fallait attaquer tout de suite.
    — Avancez les échelles ! ordonna-t-il.
    Les défenseurs se précipitèrent aux créneaux et les premiers
carreaux d’arbalète partirent des remparts brillamment éclairés par les ballots
enflammés.
    — Apportez les échelles ! hurla Skeat à ses
hommes.
    Puis il se tourna vers Thomas :
    — Qu’en penses-tu ?
    — Je pense qu’ils sont affolés.
    — Alors tu vas y aller ?
    — Il n’y a rien de mieux à faire, Will.
    — Saletés de rats blancs !
    Thomas conduisit ses hommes sur la boue. Les claies étaient
d’une certaine utilité, mais pas autant qu’il l’avait espéré, aussi les archers
avançaient-ils avec difficulté et en glissant. Ils faisaient suffisamment de
bruit pour réveiller le roi Arthur et ses chevaliers, pensa Thomas. Mais les
défenseurs faisaient encore plus de bruit. Toutes les cloches carillonnaient,
une trompette sonnait, les hommes hurlaient, les chiens aboyaient, les coqs
criaient et les arbalètes faisaient entendre le claquement de leurs cordes.
    Les murs apparurent à la droite de Thomas. Il se demanda si
l’Oiseau Noir y était. Il l’avait aperçue par deux fois et avait été fasciné
par son visage fier et sa chevelure noire qui flottait librement au vent. Une
vingtaine d’autres archers l’avaient vue également. Chacun d’entre eux était
capable d’envoyer une flèche dans un bracelet à cent pas, et pourtant la jeune
femme était toujours vivante. Voilà, pensa Thomas, ce que peut faire un joli
visage.
    Il posa la dernière claie, atteignant ainsi les pieux en
bois, gros comme des troncs d’arbre enfoncés dans la boue. Ses hommes le
rejoignirent et tirèrent sur le bois pourri jusqu’à ce qu’il se brise comme de
la paille. En tombant, les pieux faisaient un bruit terrible, mais il se
perdait dans le tumulte de la ville. Jake, celui qui avait un œil de travers,
le meurtrier tiré de la geôle d’Exeter, vint se placer au

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