Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
à faire construire cette tour ; il
voulait pouvoir observer la rivière en aval pour savoir si ses bateaux
approchaient. Du haut de son parapet de pierre, on avait l’une des plus belles
vues de La Roche-Derrien. Jeannette était assourdie par la cloche qui
carillonnait dans l’obscurité ; chaque battement frappait ses oreilles
comme un coup. Elle monta plus haut, ouvrit la trappe en haut des échelles et
se hissa sur les plombs.
    Les Anglais étaient là. Elle apercevait un torrent d’hommes
qui se déversait depuis le bout du mur, au bord de la rivière. Ils pataugeaient
dans la boue avant de s’engouffrer entre les pieux brisés, comme une armée de
rats. Douce mère de Jésus, pensa-t-elle, douce mère de Jésus, ils sont dans la
ville ! Elle redescendit très vite les échelles.
    — Ils sont là ! Ils sont dans la ville !
cria-t-elle au prêtre qui tirait la corde.
    Dehors, les Anglais criaient « Au butin ! Au
butin ! » pour s’encourager à piller.
    Jeannette retraversa la cour à toutes jambes et monta les
escaliers. Elle sortit ses affaires du coffre puis se retourna en entendant les
voix qui appelaient au butin sous sa fenêtre. Elle laissa les vêtements pour
prendre Charles dans ses bras. « Mère de Dieu, pria-t-elle, veille sur
nous, à présent, veille sur nous, douce mère de Dieu, préserve-nous. » Ne
sachant que faire, elle se mit à pleurer. Charles pleurait aussi parce qu’elle
le serrait trop fort. Elle essaya de l’apaiser. Entendant des cris de joie qui
montaient de la rue, elle retourna à la fenêtre. Quelque chose qui ressemblait
à un fleuve d’acier se déversait vers le centre de la ville. Elle s’effondra en
larmes devant la fenêtre. Charles hurlait. Deux autres servantes entrèrent dans
la pièce avec l’espoir que Jeannette pourrait les mettre à l’abri, mais
désormais il n’y avait plus aucun abri. Les Anglais étaient entrés dans la ville.
L’une des servantes poussa le verrou de la chambre à coucher, mais à quoi cela
pouvait-il bien servir à présent ?
    Jeannette pensa aux armes de son mari qu’elle avait cachées
et à l’épée espagnole effilée en se demandant si elle aurait le courage d’en
placer la pointe contre sa poitrine et d’enfoncer son corps sur la lame. Mieux
valait mourir qu’être déshonorée, se disait-elle, mais qu’adviendrait-il de son
fils ? Elle se mit à pleurer de désespoir et à ce moment entendit qu’on
cognait sur la grande porte qui donnait accès à sa cour. C’était une hache,
semblait-il. Chaque coup paraissait ébranler toute la maison. Une femme se mit
à crier dans la ville, puis une autre. Des voix anglaises se réjouissaient avec
exubérance. Une à une les cloches des églises se turent et seule la cloche
fêlée continua à marteler sa peur au-dessus des toits. La hache frappait
toujours la porte. Allaient-ils la reconnaître ? se demanda-t-elle. Elle
avait éprouvé une grande joie à se tenir sur les remparts et à tirer avec
l’arbalète de son mari sur les assaillants. Son épaule droite en était
contusionnée, mais cette douleur était la bienvenue puisque Jeannette était
persuadée que chaque carreau tiré rendait plus improbable la prise de la ville
par les Anglais.
    Personne n’avait pensé qu’ils y parviendraient. Et, de toute
façon, pourquoi assiéger La Roche-Derrien ? Elle n’avait rien à offrir. En
tant que port, elle était presque inutilisable. Les gros navires ne pouvaient
remonter la rivière, même à marée haute. Les habitants avaient pensé que les
Anglais faisaient une démonstration de force, qu’ils renonceraient bientôt et
disparaîtraient.
    Mais ils étaient là. Jeannette poussa un cri lorsque le
bruit de la hache lui fit comprendre que le bois était brisé.
    Maintenant, ils essayaient sans doute de soulever la barre.
Elle ferma les yeux en entendant les battants de la porte frotter sur les
pavés. Elle était ouverte, ouverte. Oh, mère de Dieu, protège-nous !
    On entendit des cris en bas. Des pas dans l’escalier. Des
hommes criaient dans une langue étrange.
    Assiste-nous, maintenant et à l’heure de notre mort, car les
Anglais sont entrés dans la ville.
     
    Sir Simon Jekyll était mécontent. Il s’était préparé à
monter aux échelles si les archers de Skeat parvenaient à gagner les murs, ce
dont il doutait fort. Mais si les remparts étaient pris, il comptait bien
entrer le premier dans la ville. Il prévoyait d’embrocher quelques

Weitere Kostenlose Bücher