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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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lisant une grande tristesse au fond des yeux de celui qu’elle aimait. Elle l’admira de prendre ainsi sur lui, d’éviter de charger les autres de son fardeau… même si elle eût préféré qu’il s’épanchât auprès d’elle.
    – Faites hisser la flamme rouge!… ordonna Valencey d’Adana.
    Une étamine rouge longue de trois mètres fut hissée au mât d’artimon quand le drapeau tricolore, lui, flottait sur le grand mât.
    – Pourquoi cela?… demanda Victoire.
    – Ah, j’aimerais que tu devines. Pourquoi un navire hisse-t-il une si longue flamme rouge?
    – Pour qu’on le repère?
    – Exactement. Mais qui doit le repérer?
    – Un autre navire?
    – Eh bien non… Réfléchis, c’est lié à une certaine visite à Meudon…
    Elle sourit.
    – Non?
    – Si!
    – Tu… Tu as fait cela?
    – Oui.
    – Et tu ne crains pas un échec?
    – Bien sûr que non.
    La vigie lança:
    – Nombreuses voiles par le tribord avant.
    Valencey d’Adana saisit immédiatement sa longue-vue:
    – Ils sont au moins cent cinquante.
    – Le convoi?… demanda Victoire, émue.
    – Les cent dix-sept du convoi et toute l’escadre française de l’Atlantique.
    Keringan s’approcha.
    – Vous avez vu leurs signaux, commandant: que fait-on?
    Valencey d’Adana hésita, puis expliqua à Victoire:
    – Ils progressent sur deux files parallèles: le convoi à bâbord, l’escadre à tribord qui protège son flanc. Ils voudraient que nous passions entre les deux… Mais à quoi bon?
    Bien qu’elle fût très respectueuse de l’homme qu’elle aimait et admirait, et pensât qu’un navire serait le dernier endroit où elle pourrait se trouver en désaccord avec lui, Victoire n’était pas femme à se taire dès lors qu’elle estimait apercevoir une vérité qui échappait peut-être au commandant.
    Elle intervint avec ce mélange de douceur et de fermeté qui la rendait redoutable:
    – Joachim, pense à ce que tu m’as dit cette nuit. Passer entre deux rangs de navires serait pour La Terpsichore une véritable parade, l’équivalent de la 123 e demi-brigade place de la Révolution…
    Il la regarda, attendri, touché par son intelligence et sa sensibilité: l’ultime parade de La Terpsichore , comment n’y avait-il pas songé lui-même?
    – Tu as raison, comme toujours!
    Elle fut émue et anxieuse tout à la fois, redoutant, s’il l’estimait trop, de le décevoir quelque jour prochain.
    Déjà, il donnait ses ordres. Aussitôt, les hommes qui n’étaient pas à la manœuvre s’alignèrent sur le pont dans un ordre impeccable, fidèles à la réputation de haute tenue de l’équipage de La Terpsichore .
    Tout soudainement, la frégate sembla à Victoire bien petite tandis qu’elle approchait des deux premiers navires de haut bord qui formaient les têtes de colonnes: un énorme bâtiment de transport d’un côté et de l’autre, un gros deux-ponts de soixante-quatorze canons, redoutable vaisseau de ligne. Des monstres. La fine frégate défilait vite entre ces deux lignes, secouée par les remous de ces dizaines de navires. Sur chacun d’eux, les acclamations jaillissaient des ponts et des haubans et il eût été impossible de déterminer ceux qui manifestaient le plus d’enthousiasme entre les équipages militaires et ceux des navires de commerce.
    L'amiral Villaret de Joyeuse fit envoyer: «Merci!»
    À quoi Valencey d’Adana fit répondre la phrase des gladiateurs aux empereurs de Rome: «Ceux qui vont mourir te saluent!» Citation qu’il tempéra par un second message: «Et tous te souhaitent bon vent vers Brest!»
    Les derniers vaisseaux passés, on eut comme un vertige mais les sifflets rappelèrent aux postes. La Terpsichore amorça un long demi-tour.
    – C'est pour bientôt? demanda Victoire.
    Valencey d’Adana hocha la tête:
    – Les Anglais vont fondre sur le convoi, reste à savoir par où.
    – Je vais me préparer!… dit-elle en déposant un baiser sur les lèvres de Joachim. Il la regarda partir, suivie comme son ombre par La Fayette qui commençait à avoir le pied marin et dont Victoire avait entouré le cou d’un ruban tricolore.
    Valencey d’Adana se tourna vers Keringan et Lamorville:
    – Mme de Valencey prendra rang parmi les fusiliers. Je ne souhaite pas la voir grimper dans les haubans: elle est intrépide… bien trop, sans doute, mais manque d’expérience. C'est vous qui lui assignerez son poste de combat. Elle est très bonne tireuse. Je pense qu’elle pourrait se

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