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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mais quel geste, et il n’était pas un cœur vendéen qui, l’apprenant, n’eût été gonflé d’orgueil, de joie et d’émotion.
    Se trouvant à Paris en janvier 1793, et apprenant qu’on avait à une faible majorité voté la mort du roi «sans appel au peuple ni sursis», Blacfort avait d’abord songé à le délivrer.
    La chose se révélant tout à fait impossible, le comte maîtrisa sa rage et songea à une action d’éclat.
    Le 21 janvier, jour de l’exécution de «Louis Capet» place de la Révolution, Blacfort avait mis au point un plan audacieux. Déjà, sa bande d’assassins qui ne le devait plus quitter était à ses ordres, mais il avait en outre rallié quelques gentilshommes à force de rencontres secrètes, notamment dans les bains publics des bords de Seine qui assuraient la plus grande discrétion aux entretiens.
    Du côté républicain, les responsables du maintien de l’ordre se montraient très nerveux.
    Habilement, Blacfort monta une diversion d’importance en faisant incendier par ses hommes des bateaux de foin sur la Seine. Les flammes très vives communiquèrent le feu à d’autres bateaux tandis que la combustion du foin entraînait une fumée qui se voyait de tous les points de Paris.
    Un homme faillit faire capoter le plan, le policier Pierre-François Gréville. En effet, il expliqua calmement aux généraux de la garde nationale, de l’armée et aux représentants emplumés de la Convention:
    – Quelques bateaux de foin brûlent?… Et alors?… En quoi cela concerne-t-il l’exécution de Capet, ci-devant roi des Français?… Et pourquoi brûlent-ils précisément en cet instant même où sur une charrette Capet est en route pour l’échafaud?
    Silence profond, nul ne se risquant à argumenter là contre. De sa voix calme, Gréville reprit:
    – On veut détourner notre attention. Il s’agit à l’évidence d’une diversion. C'est un piège grossier: évitez-le, citoyens!… Nos dispositions de sécurité ont été longuement réfléchies et discutées: improviser en raison d’événements très subalternes, c’est se placer sur le terrain choisi par nos ennemis.
    La justesse des arguments, le calme de la voix, le grand sang-froid du général de police, tout inclinait à lui donner raison. Cependant, un excité émit un autre argument contre lequel un second exalté avança un contre-argument, et d’autres encore. La conversation devint brouillonne, tous parlèrent en même temps, chacun prit des mesures et on démantela en partie le service de sécurité.
    Blacfort exultait depuis son perchoir de Notre-Dame, voyant la garde nationale et l’armée courir en tous sens.
    Il se trouvait, avec une dizaine d’hommes, en la tour droite de la cathédrale, contemplant la cloche «Emmanuelle-Louise-Thérèse» dont Louis XIV et Marie-Thérèse avaient été parrain et marraine un siècle plus tôt. En réalité, la cloche datait de 1682 mais, jugée peu satisfaisante, on l’avait refondue en 1685. Dans le métal en fusion qui bouillonnait, princesses, bourgeoises et femmes du peuple avaient jeté leurs bijoux d’or et d’argent et les Parisiens d’affirmer que la pureté exceptionnelle de son timbre venait de là. Donnant le fa dièse , appelée «le bourdon», la cloche atteignait deux mètres soixante de hauteur pour un diamètre égal. Son poids, treize mille kilos, demandait de gros efforts pour la mettre en mouvement.
    Mais, ayant beaucoup appris du respect de la méthode et de l’esprit analytique au contact de Valencey d’Adana, Blacfort, la longue vue collée à son œil unique, sut parfaitement coordonner les mouvements de ses hommes si bien qu’on entendit – fort brièvement – le bourdon et le tocsin lorsque le ci-devant roi de France posa le pied sur la première marche de l’échafaud.
    Habillés en sans-culottes, pantalons rayés bleu et blanc, vestes à la carmagnole, foulards au cou, sabots, bonnets phrygiens et piques à la main, Blacfort et ses hommes n’eurent aucune peine à se faire passer pour des patriotes lancés à la poursuite des royalistes.
    Se fondant peu après dans le peuple, ils se divisèrent en trois groupes pour gagner leurs caches dans la ci-devant rue Louis-le-Grand devenue rue des Piques, la ci-devant rue Condé appelée rue de l’Égalité et la ci-devant rue de la Comtesse d’Artois dont la morgue bien connue entraîna un nouveau nom: rue Montorgueil.
    Le lendemain, la bande se retrouva barrière du Trône

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