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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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de choses, roi
Uther ! » Au lieu de prendre ombrage de la véhémence d’Urfin, Uther en
fut au contraire tout réconforté. « Voilà de sages paroles, dit-il. Tu
sais ce qu’il convient de faire en pareilles circonstances. Je te prie donc de
m’aider de toutes les manières que tu pourras. Prends ce qu’il faudra dans mon
trésor, fais porter des bijoux à Ygerne et n’oublie pas d’offrir des présents à
son entourage pour le rendre favorable, le cas échéant, à quelque entretien
secret. » – « Je ferai tout mon possible, répondit Urfin. Fais en
sorte d’être au mieux avec le duc, moi, je me charge de défendre tes intérêts
auprès de la belle. »
    Ils se séparèrent ainsi, et le roi s’endormit, plein de
confiance. Le lendemain, il témoigna de ses bonnes grâces auprès de Gorlais et
lui fit donner, ainsi qu’à sa suite, de somptueux cadeaux. Quant à Urfin, il réussit
à parler en privé à Ygerne. Il lui apporta de magnifiques bijoux d’or fin. Mais
elle refusa obstinément d’accepter quoi que ce fût. Urfin commençait à
s’impatienter quand elle lui dit : « Pourquoi veux-tu me donner ces
splendides cadeaux ? » Urfin répondit : « C’est en
l’honneur de ta sagesse et de ta beauté. Au reste, ce n’est pas moi qui t’offre
ces cadeaux, car je ne possède rien. Il s’agit du roi, et c’est de sa part que
je te les présente en t’assurant que toute sa personne est à ton entière disposition. »
– « Que veux-tu dire par là ? » demanda Ygerne, qui savait
pourtant bien de quoi il était question. Urfin lui répondit : « Cela
signifie que tu es maîtresse du cœur du roi et qu’il t’est entièrement
dévoué. » Ygerne fit le signe de la croix et s’écria : « Dieu me
pardonne ! Quelle perfidie ! Le roi fait semblant d’avoir en haute
estime le duc et il veut en même temps me déshonorer ? Prends garde,
Urfin, de ne plus jamais me parler de lui. Si par hasard tu revenais me raconter
l’absurde amour du roi Uther, je te préviens que je dirais tout à mon
mari ! Sache aussi que s’il apprenait cette perfidie, il n’aurait de cesse
de poursuivre le roi et de le tuer ! » Et Ygerne fit comprendre à
Urfin que l’entretien était terminé.
    Urfin se hâta d’aller rapporter au roi les paroles d’Ygerne.
Uther dit qu’elle avait eu raison de prononcer de telles paroles et qu’elle
était vraiment une femme vertueuse. Urfin se mit à ricaner. « On se
console comme on peut ! » dit-il avec insolence. Néanmoins il pria le
roi de continuer à traiter le duc Gorlais avec beaucoup d’égards, et dit qu’il
s’arrangerait quand même pour avoir une autre conversation avec Ygerne. Uther
en fut tout réjoui et attendit avec impatience le banquet qui avait été préparé
pour le soir.
    Le roi prit place à la table, et le duc se trouvait à sa
droite. Or, il y avait devant Uther une très belle coupe en or. Urfin, qui
rôdait autour de la table, s’approcha du roi et lui dit tout bas d’envoyer
publiquement la coupe à Ygerne. Uther comprit tout de suite le plan de son
conseiller. Il releva la tête et s’adressa au duc en ces termes :
« Seigneur, demande donc à ta femme d’accepter cette coupe et d’y boire
pour l’amour de moi. Je vais la lui faire porter, remplie de bon vin, par un de
tes chevaliers. » Le duc, qui était un peu étourdi par les prévenances
d’Uther, lui répondit aussitôt : « Seigneur, grand merci pour cet
honneur ! Elle acceptera bien volontiers cet hommage. » Il s’adressa
alors à l’un de ses chevaliers nommé Bretel et lui dit : « Porte
cette coupe à ta maîtresse de la part du roi et demande-lui d’y boire pour
l’amour de lui. » Bretel prit la coupe et la posa devant Ygerne :
« Dame, dit-il, le roi t’envoie cette coupe et ton seigneur te demande de
l’accepter et d’y boire pour l’amour de celui qui te l’a envoyée. »
    Quand elle entendit ces paroles, Ygerne devint rouge de
confusion. Elle comprenait bien que son mari s’était laissé prendre au piège
tendu par le roi. Mais que pouvait-elle faire d’autre que d’obéir ? Quand
elle eut bu le bon vin, elle fit un geste pour rendre la coupe à Bretel. Mais
celui-ci dit : « Dame, mon seigneur te demande de la garder. »
Et elle la garda donc, tandis que Bretel allait remercier le roi de sa part,
bien qu’elle n’eût rien dit de tel. Quant à Urfin, qui se trouvait derrière, il
observait attentivement les

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