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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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condition, et je veux la lui expliquer moi-même. » On fit
alors venir Gwendolyn.
    Quand il aperçut sa femme, Merlin ne put s’empêcher d’être
ému, et quelques larmes coulèrent sur son visage. Il se ressaisit pourtant et
lui dit : « Gwendolyn, je te dégage de tous les liens qui
t’unissaient à moi. Ce n’est pas parce que je ne t’aime plus, mais parce que je
suis persuadé que ton bonheur ne dépend pas de moi. Tu peux donc te trouver un
époux selon ton cœur, selon ton choix, selon ton goût. Je n’ai rien à dire
là-dessus. Cependant, écoute bien mes recommandations : que celui qui te
prendra pour femme prenne garde de ne jamais me rencontrer, ni de me voir,
quelle que soit la distance qui nous séparera. Quand je serai quelque part,
qu’il s’écarte et me fuie, de peur de recevoir un trait mortel dans son corps.
Souviens-toi bien de ces paroles. Mais sois sans crainte pour toi : le
jour de ton mariage, je viendrai moi-même t’apporter de somptueux
cadeaux. » Tous les assistants se mirent à rire en entendant les propos de
celui qu’ils tenaient pour un pauvre fou. Merlin ne dit plus un mot ; mais
dès qu’on lui enleva ses chaînes, il sortit et s’en alla dans la direction de
la forêt.
    Il s’installa de nouveau sous un arbre. Il mangeait des
racines et buvait de l’eau d’une source qui coulait non loin de là. Il parlait
aux animaux, il chantait pour les oiseaux. Parfois des hommes et des femmes
venaient le voir et lui demandaient de prédire leur avenir. Alors Merlin se
lançait dans de longs discours, mais aucun de ceux à qui il s’adressait ne les
comprenait. Certains jours, il errait dans la forêt, et ceux qui le
rencontraient le voyaient souvent en train de mener des troupeaux de bêtes
sauvages qui semblaient lui obéir. Et, presque toujours, auprès de lui se
trouvait un loup gris qui se comportait avec douceur, qui dormait près de lui
et lui léchait les mains [85] .
    Il arriva que Gwendydd, un matin, se réveilla toute chargée
de rêves étranges qu’elle avait faits dans la nuit. Plus elle y réfléchissait,
plus elle se demandait ce qu’ils pouvaient bien signifier. Elle décida d’aller
interroger son frère. Elle savait où il se trouvait, mais elle craignait qu’il
ne voulût point lui parler. Alors elle fit préparer de la nourriture et des
boissons qu’elle emmena avec elle et qu’elle disposa non loin du lieu où
résidait Merlin. Il y avait là du vin dans une coupe d’argent, de l’hydromel
dans une corne, de la bière dans une coupe de sycomore, du lait dans une cruche
blanche et de l’eau dans un vase de terre cuite. Gwendydd répartit également la
nourriture qu’elle avait fait préparer de façon à tenter un homme qui ne
mangeait que des racines et des fruits lorsqu’il y en avait. Et, ayant ordonné
à sa suite de repartir, elle se dissimula dans un fourré, et attendit
patiemment que Merlin apparût dans la clairière.
    Il arriva bientôt, sans aucun doute attiré par toutes les
bonnes odeurs des mets et des boissons apportés par Gwendydd. Il regarda les
différents plats et il se décida pour un gâteau de beurre [86] dont l’arôme était
particulièrement délicat et il se mit à le dévorer avec avidité. Quand elle le
vit en train de manger de si bon appétit, sa sœur sortit du fourré et vint vers
lui. Il ne la repoussa pas, mais la regarda à peine tant il était occupé à
manger. Gwendydd ne put s’empêcher de rire. « Il serait plus profitable
pour toi de revenir avec moi à la cour du roi Rydderch ! » dit-elle.
Merlin avait fini de dévorer le gâteau. Il regarda sa sœur avec colère :
« Pourquoi es-tu venue, Gwendydd, toi qui es si indigne de la confiance de
ton mari ? » Gwendydd lui répondit : « Ne te fâche pas, mon
frère bien-aimé. Tes paroles ne sont que le produit de ton imagination, et je
ne suis pas ici pour te ramener à la cour du roi Rydderch ! » –
« Alors, pourquoi es-tu venue ? » s’écria Merlin avec violence.
– « J’ai eu des rêves, cette nuit, et je sais que toi seul peux m’en
expliquer le sens. » Merlin éclata de rire : « Je ne suis qu’un pauvre
fou, dit-il, et je ne sais que parler aux animaux qui vivent près de moi dans
ces bois. Quand ils donnent leur amitié, c’est de façon sincère et définitive.
Ils n’ont pas double langage, eux, tandis que les humains ne cherchent qu’à
tromper leurs semblables. »
    Gwendydd s’était assise devant son

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