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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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terre,
c’est l’invasion de nos ennemis et la destruction des royaumes d’autrefois.
Quant aux tas de fumier, ils sont l’image du pouvoir tombé aux mains de gens
lâches et ignobles. Heureusement, les herbes et les fleurs qui grandissent sont
le témoignage que surgira une nouvelle génération qui redonnera à ce royaume sa
dignité et sa grandeur. Es-tu satisfaite ? »
    « Oui », dit Gwendydd. Et elle raconta son
quatrième rêve. Elle se trouvait dans un champ de blé magnifique, et elle avait
vu un troupeau de porcs y faire irruption, briser toutes les tiges et saccager
les épis. Mais alors apparaissait une troupe de chiens qui se précipitaient sur
les porcs et les tuaient tous les uns après les autres. « C’est facile,
dit Merlin. Le champ de blé que tu as vu, c’est le royaume de Bretagne, et le
blé représente les habitants de cette île. Quant aux porcs, ce sont les
étrangers, les Pictes, les Saxons et les Gaëls qui nous ont tant fait de mal et
qui ont ravagé ce pays. Mais, encore une fois, une nouvelle génération se
lèvera, ce sont les chiens, qui rétablira la plénitude du royaume et chassera
les envahisseurs d’où qu’ils viennent. Es-tu satisfaite ? »
    « Oui », dit Gwendydd. Et elle raconta son
cinquième rêve. Elle se trouvait au milieu d’un immense cimetière en compagnie
de jeunes filles très jeunes. Toutes ces jeunes filles étaient enceintes et sur
le point d’accoucher. Et elle entendait les enfants converser entre eux bien
qu’ils fussent dans le ventre de leur mère. « C’est facile, dit Merlin. Le
cimetière, c’est l’île de Bretagne, et les jeunes filles sont le témoignage
qu’une nouvelle génération, plus jeune d’esprit que la précédente, surgira du
désastre et de la mort pour redonner vie à ce royaume. D’ailleurs, si les
enfants conversent entre eux dans le ventre de leur mère, c’est qu’ils sont
déjà préparés à cette grande œuvre. Et il viendra un temps où les jeunes de
quinze ans seront plus sages que les hommes de soixante ans. Es-tu satisfaite [88]  ? »
    « Oui, répondit Gwendydd. Et je te remercie, mon frère
bien-aimé, de m’avoir dit ces choses qui me réconfortent. Je sais maintenant
que tu n’as rien perdu de ta sagesse. Mon frère unique, ne prends point ombrage
de mon attitude : depuis la bataille d’Arderyd, je suis malade d’angoisse.
Je ne cherche qu’à savoir, et je te recommande à Dieu. Puisse-t-il te recevoir
dans la blancheur du temps ! » – « Moi aussi, je te recommande
au roi de toutes créatures, blanche Gwendydd, asile de poésie. Puisse Dieu te
pardonner et t’élever jusqu’au sanctuaire des hauteurs, là où brille la plus
belle lumière qu’on puisse contempler ! » [89]
    Et après avoir conjuré vainement son frère de revenir avec
elle à la cour du roi Rydderch, Gwendydd prit le chemin du retour, toute
pensive, car elle comprenait bien que Merlin n’avait rien perdu de ses
pouvoirs. Et ce qui l’inquiétait le plus, c’était la prédiction qu’il avait
faite à propos du jeune garçon qui devait mourir de trois morts différentes.
Après tout, Merlin n’était-il pas le fils du diable ? Il connaissait des
secrets qui pouvaient la perdre. Mais, d’un autre côté, Gwendydd éprouvait une
tendresse particulière pour son frère, surtout depuis qu’il avait été frappé
par cette malédiction lors de la sinistre bataille d’Arderyd où avaient péri
tant d’amis fidèles. Sa seule consolation, c’était de repenser à ce qu’avait
dit Merlin : une nouvelle génération se lèverait sur les ruines du passé,
et les jeunes gens de quinze ans seraient plus sages que les vieillards de
soixante ans.
    À quelque temps de là, Merlin, qui errait dans la forêt en
compagnie des sangliers, eut une vision. Il s’arrêta soudain au milieu d’une
clairière et se mit à observer le ciel. Et, immédiatement, il sut que Gwendolyn
allait se marier le lendemain. Il se mit à ricaner et poursuivit son errance,
faisant retentir la forêt de ses chants que personne n’aurait pu comprendre.
    Mais, le lendemain, on le vit arriver devant la forteresse
du roi Rydderch. Il était monté sur un cerf, et il poussait devant lui un
imposant troupeau de biches et de daims qui bramaient et provoquaient un
tumulte pour le moins insolite. Les gens sortaient de leurs maisons pour
contempler ce spectacle et ne pouvaient cacher leur admiration. Mais Merlin ne
paraissait pas d’humeur à

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