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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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vassaux,
il se sentit accablé par la chaleur et la fatigue. Il s’arrêta dans une
clairière, à l’écart, et s’étendit sur le sol. Les valets dressèrent en cercle
autour de lui leurs boucliers en les plaçant sur la hampe de leurs lances afin
de le défendre du soleil et lui mirent sous la tête un bouclier émaillé d’or.
Ainsi dormit Macsen.
    Or, pendant son sommeil, il eut une vision. Il se vit
remonter la vallée d’une rivière jusqu’à sa source, puis parvenir au sommet
d’une montagne qui lui parut la plus haute du monde. Une fois la montagne
franchie, il se vit parcourir d’immenses pays traversés de rivières qui
coulaient dans tous les sens, puis arriver à l’embouchure d’un grand fleuve,
près d’un port et d’une immense forteresse surmontée de tours en grand nombre
et de différentes couleurs. Dans le port, il y avait une nombreuse flotte au
milieu de laquelle se remarquait un navire plus beau que les autres. Il sembla
à Macsen qu’il s’embarquait sur ce navire et qu’il traversait la mer jusqu’à
une grande île. Après avoir traversé l’île de part en part, il aperçut des
vallons encaissés, des précipices, des rochers élevés et une terre abrupte,
très arrosée, de telle sorte qu’il n’en avait jamais vu de pareille. De là, il
voyait, dans la mer, non loin du rivage, une petite île, et en face de cette
île, une forteresse très vaste et très belle. Il alla vers la forteresse. La
porte en était ouverte. Il entra et se trouva dans une grande salle dont le
plafond lui parut être en or et les murs faits de pierres précieuses. Dans
cette salle, deux jeunes gens, vêtus d’habits magnifiques, jouaient aux échecs.
Au pied d’une des colonnes qui soutenaient la salle, un homme aux cheveux
blancs était assis dans une chaire, l’air imposant, portant aux bras des
bracelets d’or, aux doigts de nombreuses bagues, au cou un collier d’or. Et en
face de cet homme, dans une chaire d’or rouge, était assise une jeune fille si
belle qu’il n’était pas plus facile de la regarder que le soleil dans tout son
éclat. À son entrée, la jeune fille se leva et vint vers lui et lui jeta ses
bras autour du cou. C’est alors que Macsen fut tiré de son sommeil par le cri
des chasseurs, les hennissements des chevaux et les aboiements des chiens. Mais
il ne prêta aucune attention à ce qui se passait autour de lui : toute sa
pensée était encore auprès de la jeune fille qu’il avait vue en songe.
    Depuis ce jour, Macsen tomba dans une grande langueur. Si
les gens de sa maison allaient boire vin et hydromel dans des vases d’or, il
restait à l’écart. S’ils allaient écouter de la musique ou les récits des
conteurs, il ne les accompagnait pas. Il n’aimait qu’une seule chose, dormir.
Et aussi souvent qu’il dormait, il voyait apparaître, dans son sommeil, cette
jeune fille dont l’éclat et la beauté étaient plus troublants que tout ce qu’il
y avait de plus précieux au monde.
    Mais comme il ne s’occupait plus des affaires publiques, ses
officiers et ses vassaux vinrent se plaindre à lui de son inertie. Il décida
alors d’envoyer des messagers dans tous les pays pour tenter de retrouver la
jeune fille. Mais, après de longs mois, les messagers revinrent sans pouvoir
donner de nouvelles à propos de cette jeune fille. Macsen en fut très attristé,
mais un de ses conseillers lui dit d’aller exactement à l’endroit où il avait
eu le songe, la première fois, et ensuite de bien décrire la vision qu’il avait
eue : ainsi les messagers qu’il enverrait par la suite pourraient mieux se
diriger vers le lieu où se trouvait la jeune fille.
    Ainsi fut fait. Macsen décrivit très exactement les moindres
détails de son rêve aux treize messagers qu’il fit aussitôt partir. Ceux-ci se
dirigèrent vers le soleil couchant. Ils franchirent une grande montagne,
traversèrent un vaste pays aux multiples rivières, arrivèrent dans un port à
l’embouchure d’un fleuve et s’embarquèrent sur le navire que Macsen avait vu
pendant son sommeil. Ils débarquèrent alors dans une grande île, la
traversèrent de part en part, et, du sommet de la montagne qu’on appelle Éryri,
ils aperçurent la terre abrupte et bien arrosée, la petite île de Môn non loin
du rivage, et sur celui-ci la forteresse que Macsen leur avait décrite [42] .
    La porte de la forteresse était ouverte. Ils entrèrent et
aperçurent une grande salle. Deux jeunes gens y

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