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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qu’ils me conduiront auprès du roi sans toucher
à un seul de mes cheveux. Alors, je parlerai devant le roi et lui dirai
pourquoi sa tour s’écroule. Ils peuvent avoir confiance en moi autant que j’ai
confiance en eux. » La mère de Merlin dit : « Puisqu’il en est
ainsi, cher fils, je te donne la permission d’accompagner ces hommes après
avoir pris acte de leur serment, et je te recommande à Dieu. Je n’ai pas assez
de sagesse pour te garder auprès de moi, et pourtant j’aurais bien voulu que tu
grandisses dans cette maison jusqu’au jour où tu aurais pris le chemin de ta
destinée. » Merlin lui répondit : « Ma mère, ma destinée a été
tracée bien avant ma naissance et même bien avant ma conception. Ne crains
rien, ma mère, car tout se passera pour la gloire de Dieu et ton bonheur à toi.
Je dois partir avec ces hommes, il ne peut en être autrement. »
    Ainsi partit Merlin avec les messagers de Vortigern, après
avoir pris congé de sa mère. Au cours de leur chevauchée, Merlin et les
messagers traversèrent un jour une ville où se tenait un marché. À la sortie de
la ville, ils aperçurent un paysan qui emportait une grande pièce de cuir. Il
l’avait achetée pour réparer ses souliers car il voulait aller en pèlerinage.
Mais quand Merlin le vit, il se mit à rire. « Pourquoi
ris-tu ? » demanda l’un des messagers. Merlin lui répondit :
« C’est à cause de ce paysan. Demandez-lui ce qu’il a l’intention de faire
avec cette pièce de cuir. Il vous répondra qu’il doit réparer ses souliers dans
le but de partir en pèlerinage. Suivez-le donc, et vous verrez qu’il mourra
avant d’arriver chez lui. » Les messagers furent très surpris des paroles
de l’enfant, mais néanmoins, pour en avoir le cœur net, ils rejoignirent le
paysan et lui demandèrent ce qu’il comptait faire de cette pièce de cuir. Il
leur répondit qu’il voulait réparer ses souliers afin de partir en pèlerinage.
Et en pensant à ce que disait Merlin, ils se disaient : « Cet homme a
l’air en excellente santé, et cela nous étonnerait qu’il pût mourir avant
d’arriver chez lui. Néanmoins, suivons-le et nous verrons bien si l’enfant a
dit la vérité. »
    Deux d’entre eux demeurèrent avec Merlin, se reposant sur le
bord de la route. Les deux autres suivirent le paysan. Mais ils n’eurent pas
fait une demi-lieue qu’ils le virent tomber mort au milieu de la route, sa
pièce de cuir enroulée autour de son bras. Après s’être bien assurés qu’il
était mort, ils revinrent vers leurs deux compagnons, leur rapportant, ainsi
qu’à Merlin, cette étonnante nouvelle. « Ne vous l’avais-je pas dit ? »
s’écria Merlin. Et les messagers se dirent entre eux : « Les clercs
étaient donc bien fous, ou criminels, pour imaginer que nous allions tuer un
enfant aussi sage et aussi habile ! »
    Ils continuèrent leur chemin vers les domaines de Vortigern.
Un jour, ils passèrent dans une ville où l’on enterrait un enfant. Des hommes
et des femmes suivaient le cortège avec de grands cris et de grandes
manifestations de douleur. En voyant ainsi ces gens se lamenter et en entendant
chanter les prêtres et les clercs qui se hâtaient d’aller enterrer l’enfant,
Merlin s’arrêta et se mit à rire. Les messagers lui demandèrent pourquoi il
riait ainsi. « Voyez-vous cet homme qui se lamente et, au premier rang, ce
prêtre qui chante ? C’est pourtant le prêtre qui devrait se lamenter à la place
de l’homme. » Les messagers demandèrent à Merlin : « Mais
pourquoi ? Veux-tu nous l’expliquer ? » Merlin se remit à rire,
puis il dit : « Voici pourquoi je ris. L’enfant pour lequel ce prêtre
chante l’office des morts est son propre fils, mais il ne le sait pas. Quant à
l’homme qui pleure, il n’a aucun lien de parenté avec l’enfant, mais il croit
que c’est le sien. Je trouve cela très drôle ! » Encore une fois, les
messagers furent interloqués : « Mais comment nous en assurer ? »
dirent-ils. « C’est facile, dit Merlin, il vous suffit d’aller trouver la
femme et de lui demander pourquoi son mari pleure tant. Elle vous répondra que
c’est parce que son fils est mort. Alors vous lui direz que ce n’est pas son
fils, mais celui du prêtre qui chante. Vous saurez bien alors la vérité. »
    Les messagers allèrent trouver la femme et agirent comme
l’avait dit Merlin. À la fin, la femme se troubla et leur

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