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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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l’archiprêtre, saisit
l’occasion au vol.
    — Loués
soient Dieu et saint Pierre, prince des Apôtres, grâce à qui la vérité s’est
manifestée ! Et longue vie à notre seigneur et pontife suprême, le pape
Jean !
    — Longue vie !
répéta la foule.
    Les vivats
résonnèrent longtemps entre les murs de la salle, faisant trembler les lampes
dans leurs torchères d’argent.
     
     
    — Qu’espérais-tu ?
gronda Arsène, faisant nerveusement les cent pas devant son fils, assis sur un
divan. Le pape Jean est peut-être naïf, mais ce n’est pas un imbécile. Tu l’as
sous-estimé.
    — C’est
vrai, concéda Anastase. Mais peu importe. Me voici de retour à Rome, qui plus
est avec le soutien de Lothaire et de ses armées.
    Arsène s’arrêta
net.
    — Que
veux-tu dire par là ? demanda-t-il, cassant.
    — Je veux
dire, Père, que je suis désormais en position de prendre de force ce que nous n’avons
pas réussi à obtenir par le vote.
    — Prendre le
trône de force ? Maintenant ?
    — Et
pourquoi pas ?
    — Tu es
resté loin de Rome trop longtemps, mon fils. Je crains que tu n’apprécies pas
bien notre situation. Il est vrai que le pape Jean s’est fait quelques ennemis,
mais nombreux sont ceux qui le soutiennent encore.
    — Que
suggérez-vous, dans ce cas ?
    — Sois
patient. Repars chez les Francs, affûte tes armes, et attends.
    — Attendre
quoi ?
    — Que tourne
le vent du destin.
    — Quand cela
se produira-t-il ? J’ai suffisamment attendu pour prétendre à ce qui me
revient de droit !
    — Un
mouvement précipité serait dangereux. Rappelle-toi ce qui est arrivé à Jean le
Diacre.
    Jean le Diacre
était le candidat malheureux à l’élection qui avait placé Serge sur le trône
pontifical. Après le scrutin, furieux, il avait marché sur le Latran à la tête
d’une troupe d’hommes en armes et s’était emparé du trône de force. Mais les
princes de la ville s’étaient tous unis contre lui ; en quelques heures,
le palais avait été repris, et l’usurpateur déposé. Le lendemain, à l’heure où
Serge avait été sacré en grande pompe, la tête tranchée de Jean grimaçait au
sommet d’une pique plantée dans la cour du Latran.
    — Une telle
mésaventure ne m’arrivera pas, Père, déclara Anastase, plein de confiance. J’ai
pensé à tout. Et Dieu sait que j’ai eu du temps pour penser durant toutes ces
années d’exil au fin fond d’une contrée perdue.
    Son ton de
reproche implicite n’échappa pas à Arsène.
    — Et que
proposes-tu au juste ?
    — Mercredi
aura lieu la grande fête des Rogations. La messe sera dite à Saint-Pierre,
après les stations. Le pape Jean mènera en personne la procession jusqu’à la
basilique. Nous attendrons qu’il soit loin et nous prendrons le Latran par surprise.
Tout sera terminé avant même qu’il se soit aperçu de quoi que ce soit.
    — Lothaire ne
lancera pas ses troupes contre le Latran. Il sait qu’un tel geste suffirait à
soulever toute la ville contre lui, y compris ses plus fidèles partisans.
    — Nous n’avons
pas besoin des troupes de Lothaire. Mes hommes suffiront amplement. Dès lors
que je serai en possession du trône, l’empereur m’offrira son soutien. Je n’ai
aucun doute là-dessus.
    — Peut-être,
fit Arsène, mais la prise du palais pontifical ne sera pas facile. Le superista
est un guerrier valeureux, et la milice lui est dévouée corps et âme.
    — Le
superista s’intéresse avant tout à la sécurité de la personne du pape. En
raison de la présence de l’armée impériale, Gerold choisira certainement d’escorter
la procession avec la majeure partie de ses cavaliers.
    — Et ensuite ?
Tu dois te douter que Gerold lancera contre toi toutes les forces disponibles.
    Anastase sourit.
    — Ne vous
faites point de souci pour Gerold, Père. J’ai un plan en ce qui le concerne.
    Arsène secoua la
tête.
    — Ton
entreprise est hasardeuse. Un échec signifierait la ruine de notre famille
 – la fin de tout ce que nous avons tant œuvré pour atteindre.
    Il a peur, se dit Anastase. Cette révélation fit éclore en lui une sorte d’étrange
satisfaction. Toute sa vie, il s’était reposé sur l’aide et les conseils de son
père, et cela n’avait pas été sans une certaine aigreur. Pour une fois, il
était en mesure de prouver qu’il était le plus fort. Il considéra Arsène avec
un mélange d’amour et de pitié. Peut-être est-ce cette même

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