La Prophétie des papes
de papier et il le relisait tout en fouillant les pièces. Il finit par le trouver, rangé très haut. Il se posta devant la grande échelle et déclara :
« Je suis tellement essoufflé que je ne pense pas y arriver. »
Elisabetta grimpa les échelons et ouvrit la vitrine quâil lui désignait. Il énonça le numéro. Elle trouva la boîte.
Une fois descendue, elle posa le carton sur lâun des meubles bas au centre de la pièce et laissa Tremblay lâouvrir. Il était plein de parchemins attachés par un ruban, datant tous du XVI e siècle. Dâun Åil avisé, il parcourut les textes en latin, en français, en anglais et en allemand, cherchant celui quâil voulait. Aux deux tiers de la pile, il sâarrêta net sur un papier moderne comportant une note écrite au stylo à bille.
Â
1577. Lettre de John Dee à Ottaviano Mascherino, déplacée pour être intégrée dans une collection privée.
Signé : R. A. 17 mai 1985
Â
« Qui est R. A. ? » demanda Elisabetta.
Tremblay secoua la tête tristement.
« Je nâen ai pas la moindre idée, mais Dieu mâen soit témoin, je vais le découvrir. Partons. Il nây a plus rien à faire ici. Jâai du travail. Je vous contacterai dès que jâaurai trouvé quelque chose. Sâil vous plaît, ne parlez de tout ceci à personne. »
Â
Le téléphone sonna dans le bureau de la bibliothécaire.
« Ici, la signorina Mattera aux archives secrètes. Oui, Votre Excellence. Merci de me rappeler. Je voulais vous informer que le père Tremblay a demandé lâaccès à un dossier classé rouge aujourdâhui. Il sâagissait dâune femme qui a effectué des recherches ici dans les années 1980, une certaine Flavia Celestino. Oui, Votre Excellence, selon le protocole, il a eu accès à ce dossier et maintenant, toujours selon le protocole, je vous en informe avec diligence. »
Â
22
E lisabetta ouvrit la porte de lâappartement de son père et cligna des yeux, incrédule. Dans la cuisine se trouvait Zazo.
« Où étais-tu ? demanda-t-il dâun ton exaspéré. Ne tâavais-je pas dit de ne pas bouger ?
â Jâavais un rendez-vous. » Elle ne voulait pas mentir, mais elle ajouta : « à lâécole. »
Zazo commença à lui faire la leçon.
« Elisabettaâ¦
â Mais que fais-tu ici ? rétorqua-t-elle. Comment se fait-il que tu ne sois pas en uniforme ? »
Lorsquâil lui raconta ce qui sâétait passé, les larmes dâElisabetta se remirent à couler. « Tout ça, câest ma faute.
â Comment ça, ta faute ?
â Je ne sais pas, dit-elle en sâessuyant les yeux. Mais câest vrai. »
Zazo rit.
« Je te croyais intelligente. Que sâest-il passé ? Arrête de pleurer et fais-moi du café. »
Plus tard, alors quâelle lavait les tasses et les soucoupes, Elisabetta demanda à Zazo sâil voulait aller à lâéglise avec elle.
« Plus dâéglise pour moi pendant un moment, dit-il. Mais je tâaccompagne à pied jusque là -bas. »
Câétait un de ces après-midi balayés par le vent où de gros cumulus cachaient le soleil par intermittence, tandis que la lumière passait sans arrêt du jaune au gris et du gris au jaune. Zazo ne parvenait pas à décider sâil devait garder ses lunettes de soleil ou pas. Il finit par renoncer et les rangea dans la poche intérieure de sa veste où les branches se glissèrent entre les pages des relevés téléphoniques.
« Voilà ce qui a causé ma perte, dit-il en agitant les papiers devant sa sÅur.
â Les as-tu regardés ?
â Non. Peut-être que je le ferai plus tard ce soir, ou demain. Une fois que jâaurai décuité.
â Sâil te plaît, ne bois pas, dit Elisabetta.
â Es-tu nonne ou puritaine ? plaisanta son frère. Bien sûr que je vais boire. Je vais porter un long toast à la fin de ma carrière et au nouveau pape, quel quâil soit. »
Ils sâarrêtèrent à un coin de rue, attendant que le feu passe au vert pour eux.
« Je suis certaine quâils vont se contenter de te donner un
Weitere Kostenlose Bücher