La Prophétie des papes
lâappartement était silencieux. Très en colère contre lui-même, il bondit du canapé et courut dans la chambre de ses sÅurs dans le vain espoir quâelles seraient rentrées discrètement pendant quâil se reposait.
Comme il le craignait, la pièce était vide. Il jeta un coup dâÅil sur son père, endormi tout habillé sur son lit. Zazo ne le réveilla pas. Il appela à nouveau Arturo. Il paraissait aussi tendu que lui.
« Alors ? » demanda-t-il.
Rien.
Zazo avait passé la nuit à réveiller les voisins. Il avait appelé les services dâurgence, parlé à sÅur Marilena, couru à lâappartement de Micaela, arpenté les rues du quartier. Juste avant de décider dâattendre que le jour se lève, il avait laissé un message furieux sur la messagerie de lâinspecteur Leone, lui disant que ses sÅurs nâétaient pas rentrées et lui demandait quels critères irréfutables il fallait pour que la police ouvre une enquête pour disparition.
Zazo ouvrit les rideaux du salon et la lumière du soleil se déversa dans la pièce. Il fit les cent pas. Il jura. Il ne savait pas quoi faire de ses dix doigts. Il attrapa son blouson. Il allait prendre lâair et boire un café.
Au bar, il saisit sa tasse et alla sâinstaller à une table près de la fenêtre. Lorsquâil sâassit, il remarqua quelque chose de raide dans sa poche intérieure. Il plongea la main et sortit la liasse de papiers pliés.
Vingt pages couvertes de numéros de téléphone, quelques années de numéros composés par Bruno Ottinger depuis son appartement. Zazo engloutit son espresso, feuilleta les pages et sâinterrompit, marmonnant quâil était en train de perdre son temps. Il regarda dehors, espérant quâil verrait passer lâhabit noir dâune religieuse.
Il reprit les pages imprimées. Il sâagissait en majorité de numéros nationaux, allemands, surtout locaux, à Ulm. Il prit son téléphone et composa celui qui revenait le plus souvent. Une opératrice de lâuniversité dâUlm décrocha ; il raccrocha sans lui parler.
Au milieu des pages se trouvait un numéro ayant un préfixe quâil ne reconnaissait pas, 386. Il le composa. Une voix dâhomme répondit.
« Da ? 929295. »
Zazo commença par essayer lâitalien.
« Bonjour. Qui est à lâappareil ?
â Kaj ? »
Il passa à lâanglais et posa la même question.
La voix répondit en anglais.
« Vous êtes sur une ligne privée. à qui essayez-vous de parler ?
â Je suis un ami de Bruno Ottinger », dit Zazo.
Il y eut un silence et un son étouffé, comme si la personne mettait sa main sur le micro. La voix reprit. « Je ne peux pas vous aider. » La communication fut coupée.
Zazo se frotta les yeux, las, et prit mentalement note de vérifier le code 386. Il se mit à plier les feuilles.
Quelque chose attira son attention et il sâarrêta. Il lissa les feuilles et les examina plus attentivement. Des chiffres lui sautaient aux yeux.
Câétait un numéro italien, une communication avec le Vatican.
Il le composa aussi vite quâil put. Une femme répondit en italien mais avec un accent allemand :
« Pronto . »
Zazo lui parla italien.
« Ici, le commandant Celestino de la gendarmerie du Vatican. à qui ai-je lâhonneur ?
â Ici Frieda Shuker.
â Ah, lâépouse du caporal Shuker ?
â Câest exact. Klaus est de service aujourdâhui, bien entendu. En quoi puis-je vous aider, commandant ?
â Je suis désolé de vous déranger, dit Zazo. Juste une question. Ce numéro correspond à une résidence de gardes suisses, nâest-ce pas ?
â Oui, câest celui de notre appartement.
â Et depuis combien de temps habitez-vous là  ?
â Nous avons emménagé en 2006.
â Savez-vous qui y était avant vous ?
â Je nâen ai pas la moindre idée. Désolée. Dois-je demander à Klaus de vous rappeler ?
â Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Merci pour le temps que vous mâavez accordé. »
Zazo ne tenait plus en place. Son esprit était trop agité pour quâil reste à lâintérieur.
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