La Prophétie des papes
à tort, pour un testicule de bÅuf bien dodu, mûr pour la brochette. »
Soudain, un poignard apparut dans la main de Frizer.
Marlowe nâavait jamais esquivé une bagarre de toute sa vie et, en cet instant, toutes les frustrations quâil avait accumulées réapparurent et le firent bouillir intérieurement. Câétait un bagarreur redoutable et ce coquin maigrichon allait mordre la poussière. Le couteau à viande de Marlowe nâétait ni très long ni très aiguisé, mais il ferait lâaffaire.
Il sâapprêta à se lever. Soudain, deux bras lui entourèrent la poitrine et les épaules, et le plaquèrent sur sa chaise.
Nicholas Skeres sâétait approché de lui par-derrière et lâimmobilisait.
Frizer contourna la table dâun pas rapide.
Marlowe entendit Poley dire :
« Vas-y ! »
Il vit le poignard descendre vers son Åil.
Il ne crierait pas, il ne supplierait pas.
Comme Faust, sur le point dâêtre emmené en enfer, Marlowe se dit quâil avait conclu un marché.
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Les trois hommes contemplèrent le corps de Marlowe, attendant que cessent les derniers sursauts. Le sang qui coulait de son Åil nâétait plus quâun mince filet.
« Voilà , dit Skeres. Câest fait.
â Alors partageons lâargent », exigea Frizer.
Poley grogna et détacha une bourse de sa ceinture. Elle était lourde de pièces dâor.
« Parts égales ? demanda Skeres.
â Ouais », dit Poley.
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Plus tard, dans ses appartements, Cecil demanda à Poley :
« Comment est-il mort ?
â Bien. Une mort digne dâun lémure. Violente. Rapide. Silencieuse.
â Bon, câest terminé. La reine sera bientôt ravie dâapprendre quâil est mort. Quant à moi, cela me convient. Assurez-vous que personne nâexamine le corps au-delà de la blessure à la tête. Enterrez-le dans une tombe anonyme. Et faites en sorte que Kyd meure aussi. Arrangeons-nous pour que Marlowe laisse ses pièces et ses codes, pas sa queue. Gloire aux lémures. Gloire à Marlowe. »
28
E lisabetta fut réveillée par le craquement de la porte sur ses gonds. Elle appela sa sÅur et elles repoussèrent toutes les deux leur couverture.
La première personne qui pénétra dans la pièce était un homme dâune taille colossale en costume noir. Lâautre était plus petit, plus âgé, bel homme et élégant dans un pull en cachemire bleu près du corps, un pantalon sombre et des mocassins à pompons.
« Je suis navré de vous réveiller, dit le plus âgé dans un anglais marqué dâun fort accent. Je sais que votre nuit a été inconfortable, mais je ne voulais pas que vous passiez le grand jour à dormir. »
Elisabetta se leva, lissa son habit et enfila ses chaussures.
« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle.
Lâhomme ignora sa question.
Micaela était debout et ajustait son chemisier.
« Ma sÅur vous a demandé qui vous étiez, connard. Vous allez bientôt regretter de vous en êtes pris à nous. »
Mulej sortit un gros pistolet de sous sa veste et lâinjuria.
« Les gros hommes avec une petite bite aiment bien menacer les femmes, gronda Micaela.
â Micaela, sâil te plaît, supplia Elisabetta. Ce nâest pas la peine dâaggraver la situation. »
Lâhomme âgé rit.
« Range ton arme, Mulej. Tu nâen auras pas besoin. Mon nom est Krek. Damjan Krek. »
Krek. Sâagissait-il de KÂ ?
« Où sommes-nous ? demanda Elisabetta.
â En Slovénie, répondit Krek. Vous êtes chez moi. Accompagnez-moi à lâétage.
â Et Micaela ?
â Tout ira bien. Vous et moi, nous avons besoin de parler de certaines choses. Et nous devons regarder un peu la télévision.
â La télévision ? fit Elisabetta.
â Le monde entier a les yeux rivés sur le Vatican et, nous aussi, nous devons voir ce qui se passe, dit Krek. Le conclave est sur le point de commencer. »
Â
Zazo nâavait pas voulu dormir, mais il sâétait écroulé dâépuisement malgré lâagitation au moment où le soleil se levait sur le Tibre. Lorsquâil se réveilla, il était dix heures et
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