La Prophétie des papes

professeur !
    âˆ’ Oui, Elisabetta. Mais voici la situation. Nous avons découvert quelque chose d’assez remarquable – et qui renvoie à un sujet sensible. Jusqu’ici, seul un très petit nombre de gens sont au courant, mais on s’inquiète à l’idée que la nouvelle se répande et provoque des remous qui ne seraient pas souhaitables.
    âˆ’ Je suis désolée, je ne comprends pas.
    âˆ’ La simultanéité avec le décès du pape est bien malheureuse. Le conclave doit normalement débuter dans sept jours – tous les cardinaux électeurs viennent au Vatican et les yeux du monde entier seront rivés sur nous. Si par hasard il y avait une fuite sur Saint-Calixte, eh bien, il nous faudrait une histoire à servir au public. Il faudrait que nous soyons capables de fournir une explication crédible pour éviter une trop grande agitation.
    âˆ’ Qu’avez-vous trouvé, exactement ?
    âˆ’ Je ne veux pas vous le dire , Elisabetta. Je veux vous le montrer . Je voudrais que vous veniez là-bas dimanche après-midi. Nous aurons posé suffisamment d’étais pour qu’il n’y ait plus de danger. Ensuite, je voudrais que vous travailliez avec moi à la commission pendant un certain temps. Je vous ai fait aménager un bureau.
    âˆ’ Pourquoi moi ? Vous avez tout un département à votre disposition. Vous pouvez obtenir l’assistance de n’importe quel expert au monde rien qu’en claquant des doigts.
    âˆ’ Le temps est un enjeu critique. Aujourd’hui, nous amenons de nouveaux ouvriers sur le site pour les gros travaux. Nous allons faire appel à des ingénieurs, à d’autres membres de mon personnel. Nous avons recouvert certaines zones de bâches pour les cacher aux regards inquisiteurs, mais malgré tous les efforts que nous déployons, les gens vont parler, inévitablement. Nous ne pouvons pas nous le permettre, je vous en prie, croyez-moi. J’aimerais vous en dire plus, mais… La presse peut tout découvrir d’un instant à l’autre. En haut lieu, au Vatican, on est très inquiet. Ils exigent que je rédige à l’avance un communiqué dans l’éventualité d’une fuite, mais je ne sais pas quoi écrire. Ce serait funeste pour le nouveau pape si quelqu’un commettait une indiscrétion, en particulier si nous étions pris au dépourvu et cherchions les mots adéquats. Vous avez passé une année entière à faire des recherches sur la symbolique à l’extérieur de la pièce effondrée. Vous avez étudié de manière exhaustive l’astrologie romaine du I er siècle. Vous étiez une de mes plus brillantes étudiantes. Je suis certain que vous pouvez vous y remettre en un rien de temps. Personne n’est mieux placé que vous pour formuler rapidement une opinion. »
    Elisabetta se leva, fâchée, le visage empourpré.
    Â«Â C’était il y a douze ans, professeur ! J’ai une vie différente aujourd’hui. C’est hors de question. »
    De Stefano se leva pour être au même niveau qu’Elisabetta, mais elle le dépassait malgré tout d’une tête.
    Â«Â L’archevêque Luongo est content que vous apparteniez au clergé. Il pense que vous avez la sensibilité qui convient aux enjeux de cette affaire et il refuse de se faire encore plus de mauvais sang sur le caractère secret de l’affaire. Dites-moi, avez-vous gardé vos notes et vos documents du temps de votre recherche ?
    âˆ’ Tout est chez mon père, quelque part, dit-elle d’un ton distrait. Mais je ne peux pas quitter l’école comme ça. Je ne peux pas abandonner mes élèves.
    âˆ’ On est en train de prendre certaines dispositions », dit De Stefano. Le ton de sa voix était soudain plus énergique, plus insistant. « Ce soir, monseigneur Mattera, au Vatican, le responsable de tous les ordres religieux de l’Église, appellera la mère supérieure de votre ordre à Malte. La principale de l’école, sœur Marilena, en sera informée dès ce soir. La machine est en route, Elisabetta. Vous devez nous aider. Je crains que vous n’ayez pas le choix. »

4
    P rière du matin dans la chapelle. Relecture des plans de cours. Cours. Correction de copies. Prière du soir. Dîner collectif au