La Prophétie des papes
trembler.
« Zazo, jâai un mauvais pressentiment sur ce qui vient de se passer.
â Je sais que tu as été secouée. Je reviens tout de suite. »
Leone était un type peu aimé, bourru, qui nâétait pas loin de la retraite. Du temps où Zazo faisait partie de la police, ils ne sâappréciaient pas beaucoup, et Zazo pouvait affirmer sans ciller quâil nâavait pas pensé à cet homme une seule fois depuis quâil avait quitté la police.
« Je me souviens de vous, dit Leone lorsque Zazo sâavança vers lui dans le réfectoire. Quâest-ce que vous faites ici ?
â Lâune des religieuses est ma sÅur.
â Vous êtes au Vatican, câest ça ? dit Leone avec un sourire mauvais.
â Oui.
â Ãa vous va bien. »
Depuis quâil travaillait avec les gardes suisses, Zazo avait appris lâart de la retenue. Il sây appliqua et laissa passer la remarque.
« Alors, quâest-ce que vous avez trouvé ?
â Le type a découpé un trou dans une vitre au rez-de-chaussée, sur lâarrière, et il est entré. La mère supérieure est en train de passer les salles de classe et les bureaux en revue sur les deux premiers étages, mais jusque-là , il ne manque rien. Il était debout devant une des chambres du dortoir lorsquâune des religieuses qui revenait des toilettes lâa vu et sâest mise à crier comme une possédée. Il sâest enfui et il est probablement sorti par une porte de service.
â Câétait la chambre de ma sÅur. »
Leone haussa les épaules.
« Câétait forcément celle de quelquâun. Qui sait ce quâil voulait ? Peut-être que câétait un voleur, peut-être un violeur, peut-être un junkie. En tout cas, câest une bonne chose quâil ne soit pas arrivé jusquâà elle. Nous allons interroger tout le monde, relever les empreintes, vérifier les enregistrements des caméras de surveillance des environs. Vous vous rappelez la procédure, nâest-ce pas, Celestino ?
â Je suis toujours officier de police, répliqua Zazo.
â Aucun doute là -dessus. »
Elisabetta sirotait son café lorsque Zazo revint. Les religieuses sâaffairaient pour offrir des boissons chaudes aux officiers de police. Avec tant dâhommes sur les lieux, certaines des femmes, par pudeur, étaient retournées dans leur chambre et avaient mis leurs habits.
« Tu nâas pas lâair bien, lui dit-il avec la brusquerie dâun frère.
â Merci de le remarquer.
â Que voulais-tu dire par un mauvais pressentiment ?
â Il y avait quelque chose chez cet homme.
â Je croyais que tu ne lâavais vu que de dos.
â Je sais. Câest pourquoi ce nâest quâune intuition. » Elle chuchotait maintenant. « Je sais que ça a lâair fou, mais je crois que câest lâhomme qui mâa agressée cette fameuse nuit. »
Zazo accepta la tasse de café que lui tendait une des sÅurs.
« Tu as raison, dit-il. Ãa a lâair fou. Je crois que tu nous fais une espèce de réaction psychologique posttraumatique. Câest tout.
â Il nây a pas que ça, Zazo. Il y a autre chose que je devrais te dire.
â Je tâécoute », répondit-il.
Elisabetta avait lâair effrayée.
« Maintenant. »
Elle le ramena dans sa chambre. Zazo sâétala sur son lit défait et elle sâassit sur son fauteuil. En préambule, elle lui déclara quâelle nâavait aucun droit de lui révéler ces choses-là mais quâelle se sentait obligée de le faire. Elle exigea de sa part quâil fasse le serment de garder le secret, en tant que frère, policier et employé du Vatican.
Zazo accepta et écouta avec une attention décuplée tandis que sa sÅur lui disait tout sur son travail lorsquâelle était étudiante, ses flashes sur la colonne vertébrale de son assaillant, les squelettes de Saint-Calixte, le vieil homme à Ulm, ses tatouages, la pièce de Marlowe.
Un coup fut frappé à sa porte partiellement refermée. Une des sÅurs lui annonça que les policiers lâattendaient.
« Tu ne vas rien leur dire de tout ceci, nâest-ce pas ? demanda Zazo.
â
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