La Prophétie des papes
Bien sûr que non. »
Il descendit du lit et dit dâun ton grave :
« Je crois que tu nâes plus en sécurité ici. »
Â
Lorsquâil se réveilla, Krek avait la tête encore lourde de lâexcellent cognac quâil avait bu plus tôt. Seul dans son grand lit, il décrocha le téléphone dâune main un peu hésitante. « Oui ? »
Câétait Mulej.
« Je suis désolé de vous réveiller. Jâai des nouvelles en provenance dâItalie.
â Jâespère quâelles sont bonnes.
â Elles ne le sont pas. Vani a dû abandonner. »
Krek ne put cacher sa rage.
« Jâen ai assez de lui. Je ne peux plus tolérer son incompétence. Est-ce quâau moins il a réussi à sâéchapper proprement ?
â Heureusement, oui.
â Dis-lui ceci, Mulej. Dis-lui que je lui laisse encore une chance. Sâil ne réussit pas, il sera liquidé. Dis-lui que je mâen occuperai personnellement. »
Â
Il bruinait. Depuis le siège quâElisabetta occupait dans lâautobus, Rome paraissait lavée de ses couleurs, sans joie. Les autres voyageurs étaient trop préoccupés par leurs journaux et leurs écouteurs pour remarquer lâexpression crispée du pâle visage de la religieuse.
Arrivée à son arrêt, elle ouvrit son parapluie et parcourut à pied la courte distance qui la séparait de la Commission. Lâassistant du professeur De Stefano lâattendait dans le hall.
« Le professeur veut que vous alliez immédiatement à Saint-Calixte, dit-il. Une voiture vous attend. »
Â
Les catacombes de Saint-Calixte étaient restées fermées au public depuis lâeffondrement et le bâtiment des visiteurs paraissait désert et abandonné sous la pluie.
Gian Paolo Trapani faisait les cent pas devant lâentrée. Il ouvrit la portière de la voiture pour Elisabetta.
« Le professeur De Stefano est en bas. Sâil vous plaît, venez vite.
â Que se passe-t-il ?
â Câest à lui de vous le dire. »
Elisabetta dut presque courir pour ne pas être distancée par le grand jeune homme élancé. Les catacombes paraissaient particulièrement sinistres ce matin-là . Malgré la fraîcheur des lieux, elle transpirait et elle était essoufflée lorsquâils parvinrent à la limite de la région libérienne et au lieu de lâeffondrement.
De Stefano était sur le seuil, immobile, à lâexception de ses mains, quâil frottait obsessionnellement lâune contre lâautre. Elisabetta fut alarmée devant son expression dâaffreuse angoisse.
« Vous êtes la seule personne que je connaisse qui nâa pas de téléphone portable, dit-il, irrité.
â Je suis désolée, professeur, répondit-elle. Que sâest-il passé ?
â Regardez ! Voyez vous-même ce qui sâest passé ! »
Il fit un pas de côté et la laissa entrer.
Câétait presque aussi choquant que ce quâelle avait vu la première fois, mais son émotion fut cette fois plus brutale. Elle fut assaillie par un violent sentiment dâhorreur devant ce quâelle identifia comme une violation.
La chambre funéraire avait été nettoyée.
à lâendroit où se trouvaient auparavant les squelettes empilés les uns sur les autres, il ne restait que quelques os émergeant de la boue : une côte ici, un humérus là , des restes dâorteils et de doigts éparpillés comme du pop-corn sur le sol dâune salle de cinéma.
La fresque aussi avait disparu, mais elle nâavait pas été enlevée. Le mur avait été pulvérisé, très certainement par des coups de masse ; le plâtre gisait en morceaux, en fragments, complètement détruit.
De Stefano était muet de colère. Elisabetta se tourna vers Trapani pour solliciter son aide.
« Celui qui a fait ça a utilisé notre puits dâaccès, dit-il en tendant un doigt vers la surface. Il nây a pas le moindre signe dâentrée ou de sortie par la catacombe. Les gardes de nuit au centre dâaccueil nâont rien vu et rien entendu. Nous sommes partis hier à cinq heures. Ils ont dû venir après la tombée du jour et travailler toute la nuit.
Weitere Kostenlose Bücher