La Prophétie des papes
renifleurs doivent-ils passer ? demanda Zazo.
â Six heures, répondit lâun dâeux.
â Faites-moi un rapport tout de suite après. »
Les caporaux mouraient dâenvie de poser des questions sur la fusillade de la veille. Tout le monde était terriblement curieux et les rumeurs allaient bon train parmi les gendarmes, mais aborder le sujet aurait été de lâinsubordination et Zazo nâétait pas du tout enclin à fournir spontanément la moindre information.
Lorsque Zazo et Lorenzo se tournèrent, prêts à partir, ils se trouvèrent face à lâun de leurs équivalents de la garde suisse, le major Gerhardt Glauser, un nabot arrogant qui arborait un insupportable air de supériorité. Chaque fois quâils parlaient de lui, Zazo se mettait sur la pointe des pieds, montrant ainsi que, selon lui, Glauser avait dû tricher pour correspondre à lâexigence de taille minimale requise dans la garde suisse.
« Quâest-ce que jâentends sur un incident qui se serait produit hier soir ? demanda-t-il de sa voix nasillarde.
â Il y a eu un petit problème. Zazo lâa réglé, dit Lorenzo.
â Dâaprès ce quâon mâa dit, câétait plus quâun petit problème. Vous avez tué un homme, paraît-il. »
Zazo fit mine de tourner une clef devant ses lèvres.
« Enquête en cours, Glauser, dit-il. Vous devriez le savoir.
â Si elle impliquait les gardes, mes supérieurs auraient certainement suspendu lâagent pendant la durée de lâenquête.
â Eh bien, elle nâimplique pas les gardes, voilà  », dit Zazo en le contournant.
Lorenzo et lui se hâtèrent de retourner au quartier général, au palais de la Chancellerie, et sâinstallèrent dans le bureau quâils partageaient pour revoir les plannings avant leur briefing de lâaprès-midi avec lâinspecteur général Loreti. Au bout dâun moment, Lorenzo sâapprocha dâun pas tranquille du bureau de Zazo.
« Je vais chercher un café. Tu en veux un ? »
Zazo hocha la tête et Lorenzo jeta un coup dâÅil à lâécran de son ordinateur.
« Mais que fais-tu sur le site dâInterpol ? demanda Lorenzo.
â Ne tâoccupe pas de ça.
â Allez⦠insista Lorenzo.
â Jâai obtenu les empreintes du gars à la morgue. Leone est un tel génie quâil nâa probablement pas vérifié si elles étaient dans le fichier dâInterpol. Et puis, tu sais, les drôles de tatouages autour de sa queue ? Il faut que je te dise, en toute confidence, quâElisabetta en a vu dâidentiques sur un homme qui est décédé il y a quelques années en Allemagne. Je veux quâInterpol épluche de vieux relevés téléphoniques pour voir si ce type en Allemagne et notre gars, Vani, se sont jamais parlé au téléphone.
â Bon sang, dit Lorenzo. Si Loreti découvre que tu fais ta propre enquête sur une affaire de la police en plein milieu dâun conclave⦠tu sais ce qui va tâarriver.
â Alors, ne lui dis pas, dit Zazo. Trois sucres. »
Â
Krek ferma les rideaux de son bureau pour que le soleil de lâaprès-midi ne lâéblouisse plus. Il se rassit et contempla son agenda. Il avait encore trois rendez-vous prévus. Ensuite, dîner dans un hôtel du centre-ville avec un Suédois qui désirait se débarrasser de son entreprise de construction. Krek voulait desserrer sa cravate. Il voulait un verre. Il voulait une femme. Il faudrait attendre pour avoir les trois. Il appela sa secrétaire.
« Trouvez-moi Mulej. »
Le géant entra dâun pas lourd, en tripotant son col.
« Est-ce que vous avez décidé ce que vous voulez faire ?
â Aldo a lamentablement échoué. La nonne est toujours vivante et la police détient le corps de Vani. On ne peut pas faire pire.
â Nous devrions utiliser Hackel. Il est déjà à Rome.
â Hackel a une tâche plus importante. Je ne veux pas quâil se déconcentre. Non, envoie des hommes dâici. Tout de suite. Finissons-en. »
Â
15
R OME, 64
O n était en mai, le plus joli mois, lorsque lâherbe des prés était tendre et que les fleurs printanières arboraient leurs plus belles
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