La Prophétie des papes
contraints par les plus strictes règles de confidentialité. Nos accords sont rédigés par le plus grand cabinet dâavocats de Rome et je peux vous assurer, mesdames, que si ces accords sont rompus, vous trouverez nos avocats plus effrayants que nâimporte quel homme pourvu dâune queue. »
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Avec le temps, le couloir devant la morgue sâétait dépeuplé, à mesure que les membres de la police et du clergé quittaient les lieux. Le pathologiste partit lui aussi et un seul assistant resta pour terminer la paperasse, à côté du corps recouvert dâAldo Vani.
Quelquâun frappa à la porte de la morgue et lâassistant ouvrit de mauvaise grâce.
Il trouva un prêtre dégingandé sur le seuil, qui le toisait de sa haute taille.
« Oui, quâest-ce que câest ? fit-il dâun ton brusque.
â Je suis le père Tremblay. Je suis là pour examiner le corps. » Il tendit une lettre. « Jâai reçu la permission des plus hautes autorités. »
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La Maison Sainte-Marthe était accrochée à la douce pente de la Cité du Vatican adjacente à la basilique. Câétait un édifice simple de cinq étages, modeste dans ses ambitions, un symbole de sobriété et dâaustérité. Ce nâétait rien de plus quâun dortoir fournissant un logement fonctionnel aux membres du clergé venant en visite. Son taux dâoccupation habituel était faible, mais il était notablement différent de tous les autres hôtels du monde ; il était conçu pour les conclaves et, dans les rares occasions où il était plein, cela signifiait que le Saint-Siège était tristement vide.
Au premier étage de lâhôtellerie se trouvait une chapelle privée dotée dâun plafond à claire-voie très haut et dâun petit orgue, don des chevaliers de Colomb. Presque les deux tiers des cardinaux étaient arrivés à Rome et ils se rassemblèrent dans la chapelle pour une messe privée donnée par le cardinal Diaz, lâun des innombrables devoirs que devait assumer le doyen du Collège des cardinaux.
Le vieux boxeur dominait largement le lutrin, dont on aurait dit quâil était destiné à un enfant. Lâacoustique était parfaite et sa voix portait jusquâau fond de la salle sans quâil ait besoin dâun micro.
« Mes chers frères, la basilique Saint-Pierre, témoin de tant de moments importants et significatifs du ministère de notre cher pontife disparu, compte sur ceux, aujourdâhui rassemblés dans la prière, qui ont, dâune manière particulière, eu la responsabilité et le privilège dâêtre proches de lui, comme collaborateurs directs, en prenant part à la mission pastorale de notre Ãglise.
« En ces jours de deuil et de tristesse, la parole de Dieu illumine notre foi et renforce notre espoir, nous assurant quâil est entré dans la Jérusalem céleste où, comme il nous lâest dit dans lâApocalypse : âDieu essuiera toutes larmes, la mort disparaîtra, il nây aura plus ni chagrin, ni pleurs, ni tristesse.â »
Lorsque la messe fut terminée, Diaz quitta lâhôtellerie à pied en compagnie des cardinaux Aspromonte et Giaccone.
« Venez dans mon bureau, dit Diaz. Jâai eu des entretiens privés avec certains de nos influents amis. Je voudrais en partager la teneur avec vous.
â Un peu de propagande électorale ? demanda Aspromonte, provoquant un petit rire de Giaccone.
â Ne ris pas, Luigi, dit Diaz. Câest de toi que tout le monde parle. »
Aspromonte parut se dégonfler. Sa grosse tête chauve se pencha vers lâavant comme si son poids était devenu trop lourd pour son cou. De son côté, Giaccone ferma les yeux et secoua la tête, ce qui fit trembler ses bajoues.
« Nous devons arrêter cela. Je ne veux pas prendre le poste. »
Les trois cardinaux passèrent plusieurs barrages de la gendarmerie du Vatican chargés dâinterdire lâaccès de lâhôtellerie. Zazo et Lorenzo, venus inspecter leurs troupes, sâinclinèrent devant le triumvirat et poursuivirent leur chemin pour aller parler à deux caporaux en faction à lâentrée de la Maison Sainte-Marthe.
« à quelle heure les chiens
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