La Prophétie des papes
littéralement sur le canapé, victime de sa fatigue. Elle enleva son voile serré, passa une main dans ses cheveux courts et massa son cuir chevelu endolori. Son père revint avec une tasse de café. Son visage trahissait son inquiétude paternelle.
« Tu as besoin de dormir. Personne ne vit une nuit pareille à celle que tu viens de connaître sans avoir besoin de repos. Bois ton café. Ensuite, va dans ta chambre. »
Elisabetta prit la tasse.
« Tu disais déjà la même chose quand jâétais enfant. âVa dans ta chambre, Elisabetta, et ne sors que lorsque tu seras prête à tâexcuser.â
â Il fallait bien que quelquâun tâinculque un peu de discipline, dit Carlo. Ta mère était trop indulgente. »
à ce moment-là , à travers ses yeux embués, elle put presque voir sa mère, jeune et jolie, passant du couloir à la cuisine.
« Elle me manque encore tellement », dit-elle.
Son père renifla dâun air de défi. Câétait sa manière de dire quâil nâallait pas se laisser aller à lâémotion.
« Bien sûr quâelle te manque. Comme à nous tous. Si elle nâétait pas morte, peut-être que tu nâaurais pas fait ce que tu as fait. »
Elisabetta se raidit.
« Quâest-ce que jâai fait ?
â Prendre le voile. »
Elle eut conscience quâaprès avoir prononcé ces paroles son père les regretta. Mais il était clair quâil les pensait.
« Peut-être que tu as raison, dit-elle dâun ton égal. Peut-être que si Marco nâavait pas été tué, peut-être que si maman avait été vivante, peut-être, peut-être. Mais il arrive des choses dans une vie, Dieu nous met à lâépreuve. Ma réponse à ses épreuves a été de Le trouver. Je ne le regrette pas le moins du monde. »
Carlo hocha la tête.
« Tu étais une belle jeune fille pleine de vie. Tu lâes toujours. Et tu te caches sous ton voile et ton habit. Je nâen ai jamais été heureux. Tu aurais dû être une épouse, une mère et une érudite. Cela aurait rendu ta mère heureuse. »
Elisabetta lutta contre son envie de se mettre en colère. Il était stressé par les événements de ces derniers jours et elle lui pardonna.
« Pourquoi as-tu passé toutes ces années à poursuivre tes recherches sur Goldbach ? » demanda-t-elle.
Il étouffa un rire. Elle savait quâil était assez intelligent pour deviner la direction quâelle voulait lui faire prendre.
« Parce que câest ma passion.
â Et câest ta quête, ajouta-t-elle. Eh bien, ma passion, ma quête, câest dâêtre avec Dieu, de sentir Sa présence au plus profond de mon âme. Pour Lâhonorer avec mon travail avec les enfants. Voilà ma passion. Voilà ce qui me rend heureuse. »
à cet instant, lâinterphone retentit. Câétait comme si une cloche sonnait pour marquer la fin du round dans un combat de boxe. Ils parurent tous deux soulagés.
« Est-ce quâils reviennent ? » demanda son père, examinant la pièce pour voir si leurs visiteurs avaient oublié quelque chose en partant.
Il répondit à lâinterphone et revint au salon pour dire à Elisabetta que sa mère supérieure, sÅur Marilena, venait la voir.
Elisabetta se leva et se dépêcha de remettre son voile. Elle vint accueillir Marilena à la porte.
« Ma chère, dit Marilena, le visage inquiet, en lui prenant les mains. Je me suis fait tellement de souci pour vous. Nous avons été informées de lâépreuve que vous avez traversée hier soir.
â Je vais bien, dit Elisabetta. Dieu était avec moi.
â Oui, oui, je lâen ai remercié toute la journée. »
Elisabetta emmena Marilena au salon. La bouilloire siffla à nouveau dans la cuisine où elle avait envoyé son père.
« Quel joli endroit, dit Marilena en regardant autour dâelle.
â Câest ici que jâai grandi, dit Elisabetta.
â Si chaleureux, si chargé de culture. Tout le monde à lâécole sâest inquiété pour vous.
â Jâespère que cela ne vous a pas trop distraites, dit Elisabetta.
â Nous sommes assez
Weitere Kostenlose Bücher