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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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voile
rouge sang. En haut de leurs mâts, les fanions des mukaribs de Kamna et
Kharibat.
    Makéda
entendit des bruits de pas derrière elle, les reconnut. Sans se retourner elle
lança :
    — Ils
se présentent ainsi que nous nous y attendions. Sans plus d’imagination.
    — Ils
ont la sottise de ne rien inventer tant ils sont sûrs d’eux, approuva Tan’Amar.
    — L’arrogance
est la faiblesse des traîtres, ici comme dans Juda et Israël, sourit Makéda.
L’arrogance rend stupide celui qui aime trop la force.
    — Tu
n’as pas pris de repos, dit Tan’Amar avec reproche.
    — J’ai
fait mieux que me reposer. J’ai engrangé des forces en écoutant l’histoire du
roi Salomon.
    Il y eut
de l’agitation dans la pièce derrière eux. Himyam arrivait en tenant haut levé
son bâton. Il demanda avant même d’atteindre la rambarde :
    — Ils
sont là ?
    Ils
n’eurent pas à lui répondre, un coup d’œil lui suffit. En bas, sur la plage et
dans le port, chacun courait prendre sa place, armé d’une pique de bois ou d’une
masse. Les trompes sonnaient à nouveau. Mais, étrangement, on ne voyait ni les
birèmes nouvellement construites ni les guerriers de Saba. Le port semblait
terriblement vulnérable et encore sous l’effet ravageur de la tempête.
    Himyam
découvrit ses gencives en une grimace sardonique. Sa barbe s’agita d’un
frémissement amusé.
    — C’est
bien, c’est bien. Ces sots doivent sauter de joie dans leurs bateaux. Dès qu’il
y fera assez clair, on les entendra brailler.
    — Ils
ne vont pas attendre beaucoup, dit Tan’Amar avec impatience. De nous voir si
faibles les excitera et leur ôtera toute prudence. Il faut se presser d’aller
prendre nos places.
    Himyam
dressa son bâton pour retenir Makéda.
    — Change
d’avis. Pourquoi vouloir aller sur le bateau ? Ta place est ici.
    — À
sa première bataille, la reine de Saba ne va pas demeurer sur sa terrasse.
    — De
l’orgueil inutile. Une femme est une femme. Tu n’as pas à tenir l’épée ou
l’arc. Que se passera-t-il si la birème prend un mauvais coup ?
    Makéda
repoussa sèchement le bâton du vieux sage.
    — Pourquoi
crois-tu que je t’ai voulu ici, sage de mon père ? C’est toi qui restes
sur la terrasse. Et c’est toi qui sauras décider, si la reine de Saba ne le
peut plus.
    Vivement,
Makéda entraîna Tan’Amar vers les escaliers. Traversant la pièce où elle avait
passé la nuit, elle fut saisie par l’odeur puissante et enivrante qui y
demeurait.
    Les
Hébreux s’y tenaient debout, ahuris, battant des paupières, la mine grise. Elle
donna l’ordre qu’on les nourrisse et leur offre bonne couche.
    — Qu’ils
se reposent. Ils me seront précieux après la bataille.
    Puis elle
plongea la main dans le coffre qui contenait les dagues forgées au royaume de
Juda et Israël. Elle en offrit une à Tan’Amar et glissa l’autre dans sa
ceinture.
    — Les
dagues de Salomon, dit-elle, celui qui sait vaincre les fourbes à la langue de
serpent.
     

9
Sabas
    Longtemps,
au royaume de Saba, on se raconta la première bataille de Makéda, fille d’Akébo
et de Bilqîs.
    Comme
l’avait prévu Tan’Amar, les birèmes ennemies n’attendirent pas que l’aube soit
pleine pour porter leur attaque. Ce qu’ils virent sortir du port de Sabas
déchaîna leurs moqueries, nourrit leur certitude de vaincre et entraîna leur
perte.
    Avec
lenteur, sans ponton de guerrier ni mât, une birème inachevée apparut,
seulement poussée contre la houle par une rangée de huit paires de rames. Trop
léger sur l’eau, le bateau se manœuvrait mal. L’éperon de bronze était trop
haut pour être menaçant. Sur un côté, une cloison de bois plus élevée que la
taille d’un homme déséquilibrait la coque. L’embarcation gîtait bizarrement. Sa
lenteur était exaspérante et grotesque.
    De loin,
on eût cru un animal malade qui se traînait vers son terrier et certainement
pas un navire de combat.
    L’étrange
équipage avança ainsi de guingois vers les dizaines d’épaves de barques qui
jonchaient la mer, entre la rive et les navires de Maryab, comme autant de
débris inutiles.
    Les rires
et les quolibets fusèrent depuis les birèmes magnifiques des traîtres. Voilà
toute la flotte que le défunt Akébo et sa fille étaient parvenus à
construire ! Leurs charpentiers et leurs architectes ne savaient bâtir que
des maisons de cinq étages, des digues et des canaux, et voilà qu’ils avaient
voulu

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