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La reine du Yangzi

La reine du Yangzi

Titel: La reine du Yangzi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Baudouin
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laquelle fonder une famille.
    — Tu me brises le cœur, Marc ! crie Laure avant d’éclater en sanglots. Va-t’en, je ne veux plus jamais te voir !
    Louis veut intervenir mais Marc leur tourne déjà le dos et quitte la pièce.
    — Marc, attends ! dit Louis.
    C’est trop tard, son ami de toujours s’est enfui et, quelques secondes plus tard, il reçoit le choc de sa sœur qui vient se réfugier dans ses bras.
    — Je veux mourir, Louis, sanglote-t-elle. Pourquoi m’abandonne-t-il ?
    Il la serre contre lui comme il l’a toujours fait quand, petite, elle pleurait la nuit, inconsolable de la mort deleur père. Un autre homme vient de la quitter ; comment la réconforter sans lui dire pourquoi ? Louis a brusquement la confirmation de ce qu’il pressentait chez Marc depuis leur adolescence : Laure n’avait aucune chance, son meilleur ami préfère les garçons.
     

 
     
     
     
     
     
     
    26.
     
     
     
    Plus les heures passent, plus le soleil révèle ici l’éclat d’une baïonnette, là-bas celui d’un fusil posé sur un sac de sable. Autour de la Légation française, des bannières chinoises flottent au vent. Derrière leurs barricades qu’ils renforcent comme ils peuvent, les marsouins français attendent dans un silence menaçant. Tout le quartier des Légations attend. Comme chaque jour, ou presque, les Boxers vont attaquer après avoir laissé les assiégés redouter l’assaut durant des heures, au point d’espérer qu’il survienne maintenant. La nuit, qui a été étrangement calme, laisse craindre le pire au capitaine Darcy. Au début du siège, les Boxers lançaient brusquement leurs attaques après un tintamarre effrayant de tambours, de trompes de combat, de gongs et de cris gutturaux poussés par des milliers de gorges. À présent, ils ont compris que laisser les Blancs attendre indéfiniment leur assaut sape leur moral et leur combativité, affaiblit leur vigilance et que cette stratégie d’usure nerveuse finira par leur donner la victoire.
    — Depuis combien de temps sommes-nous là, enfermés comme des animaux en cage, capitaine ? interroge Olympe. J’avoue que je n’ai plus la force de compter les jours.
    Comme tous les matins, elle fait le tour des barricades défendues par les marins français et des soldatsautrichiens pour leur distribuer du thé chaud, du pain, parfois des fruits frais quand elle parvient à en trouver.
    — Nous sommes le 18 juillet, madame, et leur première attaque date du 20 juin, quand ils ont tué l’ambassadeur d’Allemagne von Ketteler. Cela fait donc près d’un mois.
    Tout autour d’eux, les murs sont à moitié écroulés, pulvérisés par les obus, noircis par les incendies. La plupart des Légations ont été brûlées, les morts se comptent par dizaines. À l’extérieur, toutes les églises et les missions religieuses de Pékin ont été incendiées et les chrétiens massacrés. Plus un seul bâtiment n’est debout, excepté la légation britannique où, chaque jour, se réunissent les ambassadeurs pour faire le point de la situation. Les marins, amaigris, visage tanné par les journées de guet en plein soleil et les combats quotidiens, remercient cette apparition féminine dont le sourire, la sérénité, la bienveillance leur semblent quasiment surnaturels en de telles circonstances.
    — Nous avons encore assez de munitions mais elles finiront par s’épuiser, comme tout le reste, vivres et médicaments, poursuit le capitaine, fataliste. Et, ce jour-là, il ne nous restera plus que nos sabres et nos baïonnettes pour défendre notre peau.
    — Si nous sommes encore en vie, capitaine. Avons-nous des nouvelles de la colonne de secours qui est censée venir nous délivrer de ce cauchemar ?
    — Un messager a pu rejoindre nos lignes. Les alliés ont débarqué à Tianjin mais les combats font rage et les Impériaux bloquent la route de Pékin. Nul ne sait s’ils réussiront à passer ou non.
    Brusquement, des coups de canon éclatent au loin suivis par une série d’explosions de l’autre côté du canal, chez les Américains.
    —Mon Dieu, Patrick ! dit Olympe. Je dois le rejoindre, il est parti là-bas tout à l’heure.
    — Ne bougez pas d’ici, madame ! ordonne Darcy. Quand ils nous bombardent, c’est souvent le signal qu’ils vont passer à l’attaque. Allez plutôt vous mettre à l’abri chez les Anglais.
    À peine le capitaine a-t-il achevé sa phrase qu’une foule hurlante hérissée de fusils,

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