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La reine du Yangzi

La reine du Yangzi

Titel: La reine du Yangzi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Baudouin
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murailles menaçantes et défendu de bric et de broc.
    Olympe et Patrick sont attendus : debout à l’entrée de l’hôtel, le directeur, petit bonhomme à moustache rutilante et col cassé, les accueille avec effusion.
    — Ah, vous voici enfin ! s’écrie-t-il, visiblement soulagé. J’ai cru que vous n’arriveriez jamais. C’est que vous êtes les derniers. Plus personne ne pourra plus passer après vous, je viens de l’apprendre. Nous ne recevons pas fréquemment la visite des gens de Shanghai mais on peut dire que vous avez mal choisi votre moment. Venez, j’ai réussi à conserver la suite que vous m’aviez réservée. Pas facile avec tous ces soldats.
    Il plonge derrière son comptoir et sort du casier à clefs une enveloppe frappée du sceau de la République française qu’il tend à Olympe.
    — Une invitation de l’ambassadeur à venir dîner ce soir à la résidence, dit-elle en lisant le carton.
    — Il nous laisse à peine le temps d’arriver, proteste Patrick.
    — C’est un dîner en notre honneur, précise Olympe.
    — Votre réputation vous a précédés, si je puis me permettre, intervient le directeur de l’hôtel. Mme Esparnac et la Compagnie du Yangzi sont connues jusque dans ces murs, monsieur O’Neill. Et nous n’avons pas toujours des clients de votre qualité.
    Soudain, une immense clameur monte du dehors. «  Tsa ! Tsa !  » hurlent des milliers de voix de l’autre côté des remparts. Olympe pâlit d’un coup et comprend qu’elle aurait dû écouter Patrick et renoncer à Pékin.
    — Qu’est-ce que c’est ? s’inquiète O’Neill.
    — Les Boxers, mon cher monsieur ! Ils se mettent à crier ainsi plusieurs fois par jour pour nous faire peur. On ne les voit pas, ils sont de l’autre côté, mais on les entend.
    — Et qu’est-ce que cela veut dire ?
    — « À mort ! À mort », traduit Olympe, livide.
     
    *
     
    À la table de l’ambassadeur Stephen Pichon, Olympe et Patrick sont entourés par ses homologues du Royaume-Uni, de Russie et d’Allemagne. Les visages sont sombres et fatigués. Mgr Alphonse Favier, l’évêque de Pékin, est là également. Il vit depuis si longtemps en Chine qu’il semble à moitié chinois avec sa curieuse soutane de soie finement brodée et son chapeau rond au sommet duquel un gros bouton de corail signale qu’il est mandarin de deuxièmeclasse. Seule son épaisse barbe blanche qu’aucun Han ne pourrait exhiber rappelle ses origines paysannes bourguignonnes. Le commandant de la garnison française, le capitaine Darcy, est en bout de table, apparemment épuisé.
    — L’heure est grave, chers amis, commence l’ambassadeur. Notre éminent collègue, l’ambassadeur du Japon, M. Sugiyama, a été massacré tout à l’heure par ces fous furieux, peu de temps après que vous êtes entrée dans la ville, madame Esparnac. Vous avez eu beaucoup de chance d’échapper aux Boxers. Contrairement à ce que nous avait promis le Tsong-li yamen , le ministère impérial des Affaires étrangères, les ministres Touan et Chuang ne font rien pour rétablir l’ordre, au contraire. Ils continuent d’exciter la populace contre nous. Nous sommes maintenant en état de siège. J’ai télégraphié à Paris que je craignais un assaut général contre les Légations et j’espère que les troupes de marine que j’ai réclamées arriveront à temps.
    — Elles ont débarqué à Tianjin, monsieur l’ambassadeur, dit le capitaine Darcy, mais j’ignore quand elles parviendront à Pékin. Je viens d’apprendre par un messager que la garnison chinoise les pilonne avec son artillerie.
    — S’ils nous attaquent, de combien d’hommes disposez-vous ? demande Patrick O’Neill.
    — Un peu plus de quatre cents, répond l’ambassadeur britannique McDonald. Ce qui est assurément peu s’ils passent à l’assaut et surtout si, comme je le soupçonne, l’impératrice laisse ses troupes nous attaquer également.
    — Eh bien, nous allons devoir nous organiser, déclare Olympe avec un grand sourire. Ce qui me convient parfaitement car je commençais à m’ennuyer.
    Stephen Pichon la regarde avec un sourire indulgent.
    — Je crains, chère madame, que vous ne regrettiez rapidement ce temps-là.
     

 
     
     
     
     
     
     
    25.
     
     
     
    — Je refuse que des enfants travaillent dans ma filature, vous m’entendez ? hurle Louis Esparnac.
    Furieux contre le directeur et le contremaître chinois de l’usine, il désigne les

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