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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Le nom d’une église ?
    – Ici, à Mdina », approuva Ruggiero.
    Tannhauser déplia le papier. Une longue missive en latin, tracée d’une belle écriture. Il s’arrêta au premier mot, le cœur battant. Il continua. Il reconnut Père, Fils et Saint-Esprit. Domine . Un nom : Orlandu. Un autre : Ruggiero Pucci. En bas, il y avait une signature.
    Son regard fut à nouveau attiré par le premier mot : Baptizo .
    Il fixa Ruggiero dans les yeux. La culpabilité les écarquillait. Et la peur aussi. Tannhauser lui rendit le document. « Mon latin est inégal. »
    Ruggiero ne prit pas la lettre. À la place, il la récita de mémoire.
    « Baptisé ce jour, 31 octobre 1552, un garçon, Orlandu, comme en témoigne Signor Ruggiero Pucci, son tuteur. » Sa voix se chargea d’émotion et il toussa pour le cacher. « Entendez nos prières, Seigneur Dieu, et veillez sur votre serviteur, Orlandu. Que la force ne lui fasse jamais défaut car nous avons tracé sur son front le signe de la croix du Christ. » Ruggiero s’éclaircit à nouveau la gorge. « C’est signé par le père Giovanni Benadotti. »
    Tannhauser attendait le reste de l’histoire.
    « Je sers don Ignacio depuis que je suis enfant. Je lui dois tout ce que je suis. Quand il était jeune homme, il était pur, charitable et juste, avec le cœur le plus généreux.
    – Je ne suis pas ici pour pleurer la perte de grâce de ton maître.
    – Puis-je m’asseoir ? »
    Tannhauser lui désigna le fauteuil et s’appuya sur un coin du bureau. Ruggiero reprit son souffle.
    « Don Ignacio était possédé du démon cette nuit-là – la nuit où l’enfant est né. Peut-être le possède-t-il encore… Quand je suis sorti par la porte de derrière avec le bébé dans les bras et avec, dans la poche, le sac qui devait lui servir de linceul, j’avais l’intention d’exécuter les ordres de mon maître. Comme j’avais toujours exécuté tous ses ordres. » Il hésita.
    « J’ai eu ma part d’obéissance à des ordres monstrueux, dit Tannhauser. Continue.
    – Le garçon n’émettait pas un son, comme s’il savait ce que sa naissance entraînait, et cela me brisait le cœur encore plus que s’il avait crié sans cesse. Je ne pouvais me résoudre à l’expédier dans les limbes, qui, même s’ils manquent de flammes, sont un des cercles de l’enfer. Je l’ai emmené chez le père Benadotti à l’église de Notre-Dame-de-Lumière pour qu’il soit accueilli dans le temple du Christ. Le baptême lui assurerait la vie éternelle. Je me suis présenté comme parrain de l’enfant, car il n’y avait personne d’autre pour répondre de lui, et quand il a été oint du saint chrême, mes larmes sont tombées sur le visage de l’enfant. C’est à ce moment que Benadotti a compris mon but. Il n’a proféré aucune accusation, mais il me regardait comme si… »
    Ruggiero serra convulsivement ses mains jointes. Il poursuivit.
    « Je ne parvenais pas à regarder le prêtre dans les yeux. Quand le rite fut achevé, il m’emmena dans la sacristie et inscrivit le nom du garçon dans le registre de la paroisse, puis prépara le document que vous tenez. Il me le fit lire, puis le scella, et le mit sous clef. Il me dit que, une fois qu’il aurait l’assurance que l’enfant était en de bonnes mains, je pourrais revenir chercher son certificat de naissance. Sinon, ce certificat servirait de preuve d’un crime monstrueux. »
    Tannhauser regarda à nouveau la signature. « Le garçon était baptisé, le prêtre avait agi avec décence et sagesse. Et ensuite ?
    – Je suis tombé à genoux et j’ai imploré son pardon pour le meurtre que j’avais dans le cœur, mais Benadotti a refusé de me confesser. Il m’a donné le nom d’une femme dans le Borgo. Elle me trouverait une nourrice, si j’y étais sensible. Si je ne l’étais pas, je ne pourrais jamais plus pénétrer dans son église car, tout aussi certainement, et quelle que soit la pénitence que je payerais, je n’aurais plus jamais le droit d’entrer au royaume des cieux. »
    Tannhauser faillit le saisir par le col. « Tu as épargné le garçon ?
    – Je l’ai emmené dans le Borgo cette même nuit. »
    Tannhauser avait été si près d’abandonner tout espoir que cette nouvelle le laissa presque sans voix. Mais il voulait en savoir plus. « Quel est le nom de la famille qui l’a adopté ?
    – Boccanera.
    – Et ils l’ont

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