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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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excités, absorbés. « Et mon père ? Qui était mon père ? »
    Tannhauser s’attendait à cette question et il masqua sa réponse d’un sourire. « C’est un secret que dame Carla garde pour elle-même, comme toute femme en a le droit. »
    Orlandu avait visiblement déjà exploré cette énigme. « L’un des chevaliers de la Religion, non ? Une dame comme elle ne… sacrifierait jamais sa vertu pour moins que cela.
    – Je suis certain que son goût était aussi raffiné qu’on peut s’y attendre.
    – Peut-être l’un des grands chevaliers qui sont ici, à Saint-Elme… ou dans le Borgo, non ? »
    En voyant la joie du garçon, une tristesse inattendue serra le cœur de Tannhauser. « Je n’ai aucun doute, dit Tannhauser, sur le fait que ton père était un homme très extraordinaire.
    – Alors j’ai du sang noble ? demanda Orlandu.
    – Si tu le souhaites, répondit Tannhauser. Ceux qui s’en vantent mettent sa valeur plus haut que la vertu, mais selon moi le sang en lui-même compte peu, ou même pas du tout. Jésus et ses disciples étaient des gens humbles, comme l’étaient Paracelse et Léonard, et la grande majorité des hommes qui se sont avérés des génies à toutes les époques. Et nombre des plus viles racailles du monde se targuent d’être nobles. La supériorité d’esprit et de caractère – si tel est notre idéal de noblesse – ne coule pas dans nos veines, mais provient de la manière dont nous conduisons nos vies. Pour répondre à ta question, je dirais que, d’un côté ou de l’autre, tu es en droit de le revendiquer. »
    Orlandu hésitait, comme s’il se bataillait avec une notion qu’il savait insensée mais qui l’avait tracassé avec plus de ténacité qu’aucune autre. Finalement, il balbutia : « Vous n’êtes pas mon père. »
    Tannhauser sourit, et fut ému, encore une fois. « Non, je ne le suis pas, mais j’aurais été plus que fier de l’être. Néanmoins, si la chance est avec nous, il se pourrait qu’une variante d’une telle relation vienne à passer. »
    C’était trop oblique pour le garçon et Tannhauser ne s’étendit pas sur le sujet.
    « Mais alors, pourquoi n’est-il pas fier de l’être ?
    – Qui ?
    – Mon père.
    – Il ne sait pas que tu existes, du moins à ce que j’ai cru comprendre. Ta mère ne le lui a jamais dit, pour protéger son honneur. » Tannhauser entrevit dans ses yeux d’autres questions non formulées, et ajouta : « Ne vois pas de mal dans le fait que dame Carla t’ait abandonné. Ce n’était pas son vœu. Des hommes puissants lui ont ôté tout choix dans cette affaire et l’ont traitée avec la plus grande cruauté, alors qu’elle était à peine plus âgée que toi. »
    Orlandu assimila cela avec gravité, et hocha la tête.
    « Ta mère a fait un long et très périlleux voyage pour te retrouver. Je sais que tu es toujours présent dans son cœur. »
    Orlandu cligna deux fois des yeux et Tannhauser se demanda si l’heure de le persuader de partir était arrivée. En y réfléchissant, il avait été complètement idiot de ne pas raconter tout cela au garçon bien avant. S’il l’avait fait, ils ne seraient sans doute pas assis là, mais sous la voile de sa barque. Mais le mal était fait et c’était bien ici qu’ils étaient assis. Laisse donc le garçon envisager tout seul l’idée de partir.
    Il dit : « Noble ou forgeron, chacun doit œuvrer soi-même à sa propre destinée, du mieux qu’il peut. » Il se leva. « À ce propos, j’ai beaucoup de travail à faire ici. Si tu veux bien, j’aurais besoin d’un bon coup de main. »
     
    ILS PASSÈRENT LA JOURNÉE à aplanir des bosses et à décoincer des jointures d’armures, et pour tous deux ce fut l’un des jours les plus heureux de leur vie. Au crépuscule, Orlandu se rendit à la chapelle pour entendre la messe, recevoir la communion, et remercier d’avoir appris ses origines. Tannhauser acheva ses réparations. Il but un peu de brandy et s’assoupit à moitié sur une paillasse. Il émergea de l’oubli dans la faible lueur de la forge, et il se crut soudain perdu dans un rêve érotique : car Amparo était debout dans l’ombre, et elle le regardait.
    Il se leva, essayant – l’espérait-il – de maîtriser les douleurs qui nouaient ses articulations. Quand il se retourna, il s’attendait à ce que l’apparition se soit évaporée. Mais il n’en était rien. Elle était

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