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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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l’enceinte de Saint-Michel.
    «  Sanjak Cheder », dit le jeune Serbe.
    Le  sanjak avait juré de prendre Saint-Michel ou de mourir en essayant. Orlandu murmura une prière silencieuse pour l’amiral Del Monte. Un cri rauque jaillit derrière eux et Orlandu se retourna. Le valet en chef les rappelait au travail. Orlandu jeta un dernier regard vers la lointaine bataille. Les Turcs occupaient la muraille en nombre fantastique.

LUNDI 20 AOÛT 1565
    Les écuries du grand maître – L’auberge d’Angleterre –
L’auberge d’Italie
    LA FILLE ESPAGNOLE était gracieuse. Peu d’hommes raffinés l’auraient qualifiée de jolie ; effectivement, elle avait des airs et des manières étranges. Pourtant, elle émettait l’aura particulière de qui n’en fait qu’à sa tête, un tempérament imprévisible, une sensualité en mouvement, une lascivité innée, et cela réveillait en lui sa propre volupté. Tannhauser était tout ce qu’il n’était pas, l’antithèse de tout ce qu’il avait décidé d’être et de représenter. Apostat, criminel, libertin ; confrère des athées, musulmans et juifs ; un homme fier d’être enfoncé dans la cupidité et le péché. Malgré cela, Ludovico sentait qu’ils étaient liés l’un à l’autre, jumeaux en contrariété, reflétés comme dans un miroir obscur.
    Amparo travaillait dans la large allée centrale qui courait entre les rangées de boxes. Des brins de paille et des poussières dansaient autour d’elle, pris dans les rais de lumière qui tombaient des hautes fenêtres. Elle brossait les flancs du cheval doré de Tannhauser. Elle portait une robe couleur vert feuille, affadie par le soleil jusqu’à la couleur d’un automne précoce et élimée par le lavage et l’usage. Elle ne portait rien dessous, comme une putain des rues. Au premier regard elle était tout os et tendons, mince comme un lévrier, mais quand elle brandit la brosse de pansage, elle révéla la plénitude de ses fesses et de sa poitrine, le vêtement collant sur ses cuisses avec des taches de sueur, et sa chevelure remuant en boucles luxuriantes, et Ludovico fut persuadé de sa beauté.
    Il se tenait sur le seuil des écuries, à l’abri du soleil, et il la regardait depuis un bon moment. L’odeur crue de cet endroit était tonique, car il venait juste de sortir de la puanteur fétide de la bataille qui avait repris aujourd’hui pour Saint-Michel. Il était étrange que la merde de cheval soit nettement moins nocive que la merde humaine, mais il en était ainsi. La guerre générait de la merde en quantités plus importantes que du sang, et Ludovico n’en pouvait plus, des deux.
    Les janissaires avaient attaqué ce matin pour le troisième jour consécutif et avaient presque submergé cette forteresse croulante. Ludovico, avec ses côtes récemment fêlées qui lui coupaient le souffle, avait été envoyé sur le pont de bateaux au sein d’un contingent d’Italiens et d’Aragonais. Après des heures de tuerie enragée dans des rivières de feu, leur contre-attaque avait laissé le sanjak mort sur le champ de bataille, ses troupes ravagées battant en retraite. Il n’y avait pas eu de poursuite. Saint-Michel avait commencé la journée avec un peu moins de sept cents hommes, dont aucun ne portait pas de blessure, et ils n’avaient plus le nombre de combattants nécessaire. Plus que cela, ceux qui tenaient encore debout à la fin n’avaient plus cœur à sortir.
    Après un tel épisode, il était doux de contempler une jolie fille qui brossait un cheval, et cette raison seule aurait pu expliquer sa présence. Mais il avait un autre but. Une vieille Sicilienne ratatinée plus petite que son balai nettoyait un coin des écuries qui était déjà parfaitement propre. Quand Ludovico entra, il la regarda et elle se plia en deux avec une politesse servile en secouant la tête. Il lui désigna la porte. Elle se hâta de sortir. Il s’avança dans l’allée centrale et Amparo, regardant par-dessus son épaule, l’aperçut, s’arrêta et se redressa. Elle posa une main protectrice sur la crinière blonde du cheval et, de la brosse, continua à caresser son épaule. Elle fixait la poitrine de Ludovico, plutôt que ses yeux, mais sans s’alarmer. Son étrange figure asymétrique n’était habitée ni par l’abattement ni par la peur, et il lui vint à l’esprit que personne à Malte n’avait cette attitude ; plus personne. Il se demanda quel pouvoir lui

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