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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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encerclent peu à peu. Après une entrevue avec
les dirigeants de la C.N.T., Companys prend la parole à la radio, désavoue l’initiative
de Rodriguez Salas contre le central téléphonique et lance un appel au calme.
Le comité régional de la C.N.T. l’appuie : « Déposez vos armes. C’est
le fascisme que nous devons abattre. » Solidaridad obrera ne rend
compte des événements de la veille qu’en page 8, ne dit pas un mot des
barricades qui couvrent la ville. A 17 heures arrivent en avion, de Valence,
Hernandez Zancajo, dirigeant de l’U.G.T., ami personnel de Largo Caballero et
deux des ministres anarchistes, Garcia Oliver et Federica Montseny. Ils se
succèdent sur les ondes, joignant leurs efforts à ceux de Companys et des
dirigeants régionaux de la C.N.T. : « une vague de folie a passé sur
la ville, s’écrie Garcia Oliver. Il faut immédiatement mettre fin à cette lutte
fratricide. Que chacun reste sur ses positions... Le gouvernement... va prendre
les mesures nécessaires » [275] .
    Le mercredi 5 mai, les ouvriers tiennent toujours les
barricades. La radio diffuse le texte des accords passés entre la C.N.T. et le
gouvernement de la Généralité : cessez-le-feu et statu quo militaire,
retrait simultané des policiers et des civils armés. Rien n’est dit du contrôle
de la Telefonica. Cependant le mouvement est en régression. Les éléments
C.N.T. de la 26 e division et des éléments de la 29 e du
P.O.U.M. qui s’étaient concentrés à Barbastro pour marcher sur Barcelone à la
nouvelle des événements, ne dépassent pas Binefar : des délégués du Comité
régional de la C.N.T. ont réussi à persuader le chef de la 26 e division, Gregorio Jover, qu’il faut éviter tout geste agressif. Après quelque
hésitation, c’est un autre dirigeant de la C.N.T., Juan Manuel Molina, sous
secrétaire à la Défense de la Généralité qui parvient à persuader l’officier
anarchiste Maximo Franco d’arrêter ses hommes à Binefar. Pourtant, à plusieurs
reprises, tout risque de rebondir : des éléments du P.S.U.C. attaquent la
voiture de Federica Montseny, le secrétaire de l’U.G.T. catalane, Antonio Sesé,
dont la radio vient d’annoncer l’entrée au gouvernement est tué,
vraisemblablement par des miliciens de la C.N.T. Les Amis de Durrruti appellent
à continuer la lutte : la C.N.T.-F.A.I. les désavoue en termes très
énergiques.
    Le jeudi 6 mai, l’ordre est presque rétabli. Companys
proclame qu’il n’y a « ni vainqueurs, ni vaincus ». La masse des ouvriers
de Barcelone a écouté les appels au calme et le P.O.U.M. s’incline : « Le
prolétariat, proclame-t-il, a remporté sur la contre-révolution une victoire
partielle... Travailleurs, retournez au travail. » Le nouveau
gouvernement, composé provisoirement d’un républicain, de Mas de la C.N.T. et
Vidiella de l’U.G.T., ne comprend plus ni Comorera ni Rodriguez Salas. L’interprétation
de Companys paraîtrait la bonne si ne se produisait à ce moment l’intervention
de Valence. C’est investis d’une mission gouvernementale d’apaisement que
Garcia Oliver et Montseny sont venus à Barcelone avec, s’il faut les croire,
promesse expresse qu’aucune intervention militaire ne se produirait avant qu’ils
ne l’aient demandée eux-mêmes. Dès le 5 mai pourtant des navires de guerre sont
arrivés dans la rade, sur ordre de Prieto. Quelques heures après, sur la
demande expresse de Companys et sous la pression des ministres, Largo Caballero
décide de prendre en mains l’ordre public et la défense en Catalogne. Le
général Pozas, l’ancien chef de la garde civile l’allié au P.C., reçoit le
commandement des troupes de Catalogne. Pour assurer l’ordre, le gouvernement
envoie du front de Jamma une colonne motorisée de 5 000 gardes. Pourtant –
et cela illustre bien l’ambiguïté et les incertitudes du moment – ces forces de
police qui viennent rétablir l’ordre en Catalogne et dont il semble, au premier
abord, que les anarchistes aient tout à redouter, sont commandées par l’ancien
chef de la colonne anarchiste Tierra y Libertad, le lieutenant-colonel
Torres Iglesias : certains gardes feront leur entrée à Barcelone au cri de
« Viva la F.A.I. ! »
    Avec leur arrivée, les combats cessent définitivement. Le
bilan officiel s’élève à 500 tués et 1 000 blessés : parmi les victimes,
du côté gouvernemental, outre Antomo Sesé, on cite un officier communiste, le
capitaine

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