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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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contrôle
réel du territoire par les nationalistes ne s’étend sur aucune des provinces
méditerranéennes ou centrales du pays ; et si la situation est encore
assez « mouvante » en zone loyaliste le gouvernement, Caballero a
certainement beaucoup plus d’autorité que n’en ont eu ses prédécesseurs. Il est
donc paradoxal de maintenir des relations avec la République espagnole en août
et de les rompre en novembre.
    Cependant ce changement d’attitude contribue à clarifier la
situation internationale ; les puissances favorables à Franco montrent
ainsi leur volonté de considérer le gouvernement légal de l’Espagne comme un
véritable adversaire. La rupture qui s’établit entre les grandes puissances
européennes est d’autant plus claire qu’elle coïncide avec la signature d’un
pacte germano-italo-japonais, prélude à la constitution d’un formidable bloc
militaire.
Formation de l’Axe
    A la veille du pronunciamiento du 18 juillet, malgré
la similitude de leurs conceptions politiques et leur égale hostilité au
socialisme, les gouvernements fasciste et nazi étaient en opposition sur de
nombreux points. Les deux puissances avaient en effet manifesté des visées expansionnistes
qui risquaient de les mettre souvent en compétition [312] . L’Italie
considérait d’autre part la Méditerranée comme une « chasse gardée »
et se méfiait d’une éventuelle intervention allemande en Espagne.
    Mais après les mois d’août-septembre 36, la ferme attitude
des puissances centrales dans la question espagnole face aux tergiversations
occidentales et leur volonté commune d’accélérer leurs préparatifs militaires
allaient contribuer à régler leurs différends. La formation, en Roumanie, d’un
gouvernement d’extrême-droite présidé par Antonesco préludait aux négociations
qui allaient marquer la rupture d’équilibre en Europe centrale au profit de l’Allemagne
et de l’Italie. C’est au cours d’entretiens avec le régent de Hongrie, Horthy,
qu’Hitler devait souligner, que la première fois l’accord entre Rome et Berlin
en vue de soutenir le général Franco. Et le gouvernement hongrois ne pouvait qu’appuyer
cette communauté d’action, Budapest cherchant à cette époque, dans un
rapprochement avec ses deux grandes puissances, une garantie favorisant ses
propres revendications sur les minorités magyares, en Roumanie
particulièrement.
    L’amélioration des relations italo-allemandes se manifesta
dès la fin du mois de septembre 36, lors de la visite à Rome du ministre allemand
de la Justice, Frank, reçu personnellement par le Duce. Frank précisa à cette
occasion que le Führer considérait la Méditerranée comme une « mer
italienne » et que son intervention en Espagne se déroulait en dehors de
toute visée expansionniste. Lorsque, à son tour, Mussolini déclare ne pas
vouloir modifier « les positions géographiques », il fait toutefois,
lui, une réserve en faveur des Baléares, sauvées par l’Italie… Le point capital
de cette conversation est souligné par le comte Ciano : « En Espagne
se sont déjà formés deux fronts : d’un côté le front germano-italien, de l’autre
le front franco-belgo-russe. Le Duce est d’accord avec Hitler pour estimer que
la détermination des deux fronts est désormais un fait accompli. » L’idée
est lancée d’une alliance et d’un partage de l’Europe en zones d’influence.
    Le geste décisif ne sera cependant accompli qu’à la fin du
mois d’octobre, lors du voyage à Berlin du comte Ciano. L’entretien entre les
deux ministres des Affaires étrangères, Neurath et Ciano, le 21 octobre,
sanctionné par un protocole secret et la réception de Ciano à Berchtesgaden par
le Führer, ont eu « comme résultat une entente entre les deux pays sur des
problèmes déterminés, dont quelques-uns actuellement brûlants », déclare
Mussolini à Milan le 1 er novembre [313] .
Le problème le plus brûlant, c’est évidemment le problème espagnol. Les grandes
lignes, et même certains détails de l’action commune ont été étudiés : ce
sont, sur le plan diplomatique, les modalités de reconnaissance du gouvernement
Franco, et, dans le domaine militaire, le dosage de l’effort militaire accompli
par chaque puissance, notamment en ce qui concerne l’aviation. L’Allemagne et l’Italie
constatent la concordance de leurs intérêts. L’ennemi contre lequel s’est
officiellement constitué

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