Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
Vom Netzwerk:
mouvement de retraite sur
la rive gauche dans les premiers jours d’août eût-il évité un plus grave échec
et les pertes énormes subies par les républicains dans la suite. Mais le répit
donné aux armées du Centre eût été trop bref et, surtout, l’abandon de la tête
de pont aurait provoqué, après les claironnants communiqués de victoire, une
réaction catastrophique pour le moral de l’armée et de l’arrière.
    Aussi, malgré la mise en place de forces considérables du
côté nationaliste, l’état-major de Barcelone s’entête et résiste. Peut-être le
commandement républicain accepte-t-il plus volontiers une guerre défensive que
des manœuvres de grande envergure : les troupes qui tiennent la tête de
pont ont conquis certains avantages ; la possession des principaux
observatoires de la région renforce singulièrement leur position. Les succès
remportés dans les premières journées, la confusion et le flottement qu’ils ont
pu distinguer chez l’adversaire augmentent leur courage et leur ténacité.
    Ils ont eu en face d’eux au début de l’offensive des forces
relativement restreintes. Ainsi, à l’exception du secteur d’Amposta, toute la
zone d’attaque était-elle protégée par la seule 50 e division. L’état-major
nationaliste comptait surtout sur la protection naturelle qu’offre le fleuve et
sur la lenteur habituelle des opérations gouvernementales. Sur ces deux points,
il s’est trompé. Si, dans les premiers moments de l’offensive, certains
officiers franquistes ont témoigné de leur optimisme, dès l’aube du 25 le ton
des communiqués a changé ; les nouvelles sont devenues franchement mauvaises.
En dépit de la masse de matériel jetée rapidement dans la bataille, toute l’artillerie
disponible, toute l’aviation, il a fallu huit jours avant de rétablir les
« conditions normales de la bataille » et de stabiliser le front.
    Sept divisions [499] ont été mises successivement à la disposition du corps d’armée marocain pour
rétablir la situation. Le général Franco a été obligé de retirer des troupes du
Levant, et même d’autres secteurs du front central pour les diriger vers l’Ebre.
Comme à Teruel, Il a accepté de se battre sur le terrain choisi par ses
adversaires. Mais il accepte ce défi parce qu’il est certain de sa supériorité
matérielle chaque jour plus évidente. Sur un front aussi étroit, la victoire ne
peut être emportée qu’en écrasant l’adversaire sous le feu de l’artillerie et
de l’aviation. Franco pense que cela lui est maintenant possible.
    Les républicains se sont accrochés à leur tour, ont envoyé
des renforts. Et pendant des semaines, les deux adversaires vont s’obstiner,
amener de nouveaux moyens, de nouvelles troupes, jusqu’au moment où les
terribles pertes subies de part et d’autre forceront un des combattants à
abandonner le terrain. La bataille de l’Ebre a été plus sanglante encore que
celle de Teruel. Elle s’est également transformée en bataille d’anéantissement ;
mais cette fois le combat sera décisif.
    Au début, la contre-offensive nationaliste évolue
favorablement. La tête de pont de Fayon est réduite ; la concentration des
troupes et surtout de l’artillerie, « l’extraordinaire densité de feu »
permettent une victoire rapide : la 42 e division républicaine
est pratiquement anéantie.
    Mais ce n’est là qu’un succès local. La bataille décisive
doit se dérouler autour de la tête de pont de Gandesa. Or les nationalistes y
subissent un premier échec : l’attaque lancée avant le 10 août contre la
Sierra de Pandols se heurte à une résistance acharnée, « comme il n’y en a
pas eu dans toute la guerre », dit Aznar ; pratiquement les gains
obtenus sont inexistants. En août et septembre, les attaques se succèdent, à
peine interrompues par quelques périodes de calme, qui permettent aux troupes,
qui subissent à chaque fois de lourdes pertes, de se réorganiser. Il y aura
quatre offensives jusqu’au mois d’octobre. Ce ne sont pas, à proprement parler,
de grandes actions militaires, mais des opérations localisées autour de
quelques points pris et repris par les adversaires. Plus qu’à Teruel, où la
dureté des combats était due en grande partie aux conditions climatiques, la
bataille de l’Ebre, par sa longueur, sa dureté, son opiniâtreté, fait penser
aux combats de la guerre de 14-18. C’est le Verdun espagnol.

Weitere Kostenlose Bücher