La Révolution et la Guerre d’Espagne
la production, à la vente d’articles d’alimentation et d’habillement
de première nécessité ». En fait, il s’agit d’organiser la distribution de
vivres, en donnant la priorité aux combattants, puis aux forces armées de l’arrière,
enfin à la population civile, en commençant par les enfants, les malades et les
travailleurs des industries de guerre. Mais cet organisme se trouve bientôt
placé en face de difficultés insurmontables.
Il convient d’ajouter que dans toute la Catalogne, et
particulièrement à Barcelone, les partisans du franquisme sont restés nombreux
et actifs. Avec l’effondrement de la Catalogne, cette cinquième colonne se
manifestera notamment dans les dernières heures de la défense de Barcelone.
Enfin le moral de l’arrière est miné par les bombardements incessants de la
capitale catalane. Tout contribue à préparer la défaite de la République en
Catalogne.
Les corps d’armée franquistes [501] se sont déployés
le long d’un front qui suit l’Ebre jusqu’au confluent du Segre, puis remonte
vers les Pyrénées, en longeant le Segre et le Noguera, les villes jalonnées par
cette ligne de front, Lerida, Balaguer et Tremp étant aux mains des
nationalistes.
La perte de Barcelone
Le 23 décembre commence l’offensive sur la Catalogne. En
principe, les forces républicaines sont toujours constituées par deux
armées ; au nord, à partir de la frontière française, l’armée de l’Est [502] ; au sud, l’armée
de l’Ebre. L’infériorité en hommes et en matériel est telle, après la bataille
de l’Ebre, que les républicains sont maintenant à peu près incapables de mener
une action offensive quelconque. Selon Ulibarri, dans chaque brigade, il manque
de 600 à 1 000 hommes sur 3 600 que devrait compter un effectif complet. Au
total, le commandement républicain peut mettre en ligne 90 000 hommes, mais il
ne dispose d’aucune réserve.
Ce sont les 11 e et 12 e corps de l’armée
de l’Est qui vont supporter tout le poids de l’attaque. Un double assaut
nationaliste entraînera la rupture du front du Segre. Après une faible
préparation d’artillerie, une attaque des blindés italiens provoque un début de
débandade ; la 16 e division, placée en réserve, bat en retraite
au lieu de défendre ses positions. La brèche ainsi créée rend difficile une
contre-attaque d’envergure. La tentative qui sera faite le 25 décembre aboutira
à un échec presque total ; son seul résultat est de ralentir quelque peu l’avance
du C. T. V. et des Navarrais. Finalement, pour pouvoir tenter unenouvelle
action offensive, il faut renforcer l’armée de l’Ebre avec des contingents de l’armée
de l’Est. Et c’est un nouvel échec.
La campagne de catalogne (janvier-février 39)
Les combats ont maintenant commencé depuis dix Jours. Dans l’armée
républicaine, il est pratiquement impossible d’assurer la relève des unités
combattantes. La fatigue et l’impression d’impuissance s’ajoutent à l’infériorité
matérielle. Les appareils de chasse n’essaient même plus de gêner les
incursions nationalistes et n’apparaissent qu’après le combat ; les
habitants de Barcelone les ont surnommés l’Arco de Iris, l’Arc-en-ciel.
Le moral des troupes, en particulier celui des nouvelles recrues baisse tous
les jours. L’effondrement se produit dans les premiers jours de Janvier. Tandis
que l’attaque italienne a pour résultat une percée sur Borjas Blancas, les
corps d’armée nationalistes de l’Aragon et du Maestrazgo progressent rapidement
dans la région de Tremp, menaçant d’isoler les forces républicaines installées
en face de Lerida. Toutes les centrales électriques de la zone de Lerida, les
plus importantes d’Espagne, tombent aux mains des franquistes. L’état-major de
Barcelone donne l’ordre de repli. La ligne de bataille a littéralement
éclaté ; l’offensive nationaliste devient générale ; les six corps d’armée
se déploient en utilisant les blindés. A partir du 6 janvier, il n’est plus
question de réactions offensives : « Il ne s’agit plus, dit Rojo, que
de se défendre. » En réalité, il s’agit surtout de savoir combien de temps
les républicains pourront résister, éviter l’encerclement et l’isolement,
protéger les chemins qui mènent à la frontière pyrénéenne. Les nationalistes n’ont
même pas besoin d’engager comme précédemment une bataille de rupture :
alignant six
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