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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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le
régime » … Mais c’est peut-être justement cette considération qui pousse la
C.N.T. à continuer. La grève du bâtiment dépasse désormais le cadre d’une
simple lutte pour l’augmentation des salaires et la diminution de la journée de
travail : le patronat a cédé autant qu’il pouvait céder, mais la C.N.T.
madrilène, sous l’influence des ouvriers les plus combatifs, veut continuer ce
qui est en réalité une épreuve de force avec la bourgeoisie et l’État, une
véritable grève insurrectionnelle. Elle dénonce aussitôt la direction de l’U.G.T.,
les socialistes et les communistes qui la soutiennent, comme des briseurs de
grève, des « jaunes » : n’ont-ils pas décidé seuls la reprise du travail, en
violation de la décision prise dans l’assemblée commune ? Le 9 juillet, le
journal monarchiste ABC annonce que les ouvriers syndiqués à l’U.G.T. n’ont
pas repris le travail, par peur des violences de ceux de la C.N.T. Des bagarres
éclatent entre grévistes et non-grévistes, cénétistes et ugétistes, tous plus
ou moins armés. Le même jour, on compte cinq morts à la porte des chantiers,
trois de l’U.G.T., deux de la C.N.T. Il semble que l’on va voir se renouveler à
Madrid les batailles qui ont opposé à Malaga, entre le 11 et le 15 juin, les
anarcho-syndicalistes aux socialistes et aux communistes [64] . Les phalangistes,
qu’un de leurs chefs les plus capables, Fernandez Cuesta, libéré de prison le 4
juillet, vient de reprendre en mains, multiplient leurs assauts dans l’espoir d’écraser
la grève. La C.N.T. riposte en mitraillant un café qui sert de permanence à la
Phalange : trois phalangistes de l’escorte de José Antonio sont tués... Le
gouvernement profite du conflit entre l’U.G.T. et la C.N.T. pour essayer de
décapiter celle qui s’est isolée et qui lui parait aussi la plus dangereuse. La
police ferme les locaux de la C.N.T., arrête les dirigeants des maçons, Antona
et Mera en tête. Les grévistes, dirigés par Eduardo Val, du comité de défense
de la C.N.T. du Centre, continuent à disputer la rue et l’accès des chantiers
aux ouvriers de l’U.G.T., à la police, aux phalangistes... On comprend que,
dans ces conditions particulières, même face au danger grandissant de
soulèvement militaire, le gouvernement se soit refusé à distribuer les armes,
comme le lui demande pourtant Largo Caballero. « Armer le peuple »,
aux yeux des dirigeants, ce serait d’abord armer les maçons de la C.N.T.
madrilène, armer l’avant-garde révolutionnaire, la force qu’il redoute plus
encore que celle des généraux réactionnaires.
     
L’assasinat de Calvo Sotelo
    L’assassinat, le 12 juillet, du lieutenant des gardes d’assaut
José del Castillo, marque, nous l’avons dit, une étape importante dans le
chemin qui mène à la guerre civile. C’est, après le capitaine Faraudo, le
deuxième officier de ce corps abattu dans les mêmes conditions,
vraisemblablement à l’instigation des mêmes hommes. Ses camarades réagissent
vivement : les asaltos deviennent en effet la cible des pistoleros phalangistes alors que les assassins, dans une telle ambiance, sont
pratiquement assurés de l’impunité. Aussi les asaltos de la compagnie de
Castillo décident-ils de faire ce qu’ils n’ont pas fait après l’assassinat de
Faraudo : ils décident de se venger eux-mêmes puisque l’État qui les emploie à
maintenir l’ordre est incapable de les protéger et de frapper ceux qui les
abattent en pleine rue. Pour tirer de la mort de Castillo une vengeance
éclatante, ils décident de frapper, à la tête, l’homme qu’ils considèrent comme
l’âme du complot et le chef des assassins, Calvo Sotelo qui, quelques jours
auparavant avait, aux Cortes, dénoncé del Castillo comme l’organisateur d’un
attentat contre les phalangistes.
    Le lendemain à l’aube, un camion amène devant le domicile de
Calvo Sotelo un groupe d’asaltos en tête desquels marche le lieutenant
Moreno accompagné d’un commandant de la garde civile, Fernando Condés. Ils
déclarent au leader monarchiste qu’ils sont venus l’arrêter. Calvo Sotelo,
inquiet, demande à téléphoner à la police, pour obtenir confirmation du mandat.
Mais les asa1tos ont coupé les lignes téléphoniques ; il se décide
à les suivre. Quelques heures plus tard on retrouvera son cadavre, criblé de
balles, au cimetière del Este et on l’identifiera à la morgue...
    L’enterrement de

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