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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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distribution des armes. Aranda rétorque qu’il attend
pour le faire un ordre du ministre de la Guerre. Pendant ce temps, les gardes
sont en marche vers Oviedo. Sous un prétexte, Aranda réussit à quitter la salle
où siège le Comité, dans le palais du Gouverneur. Il rejoint alors ses troupes,
fait occuper le mont Narranco, met deux canons en batterie devant le Palais. Le
Comité se disperse tandis que les soldats occupent les points stratégiques. La
ruse du colonel a réussi : les mineurs armés sont loin et il a occupé la
capitale sans tirer un coup de fusil. Pourtant les faubourgs sont alertés et se
couvrent de barricades. Dans les villages miniers, les groupes de gardes sont
arrêtés, attaqués ou désarmés. A Gijon la garnison se soulève, elle aussi,
après avoir proclamé son loyalisme, mais elle est aussitôt encerclée par les
métallos de La Felguera que le comité de défense improvisé à la Maison du
Peuple autour de Segundo Blanco a appelés à la rescousse. L’une des deux
colonnes de mineurs en route vers Madrid, enfin, prévenue du soulèvement sur
ses arrières, rebrousse chemin, s’empare de l’arsenal de Trubia, complète l’encerclement
ébauché de la capitale asturienne. La prise d’Oviedo par les rebelles n’a pas
entraîné la chute des Asturies, mais elle immobilise des dizaines de milliers d’ouvriers,
du reste presque sans armes. L’habileté d’Aranda et la naïveté de certains
dirigeants fixent là des combattants dont l’absence se fera cruellement sentir
ailleurs.

Echec des
militaires : la Flotte
    A côté de ces succès, prévus ou inattendus, les généraux
allaient connaître aussi des revers. C’est d’abord un accident qui les prive d’un
de leurs chefs. Sanjurjo devait arriver d’Estoril où un avion était allé le
chercher dans la journée du 20. L’hélice casse au décollage, l’avion brûle,
Sanjurjo est tué.
    Mais les revers essuyés dans le reste de l’Espagne ne
tiennent pas au hasard. Le débarquement massif des troupes marocaines, prévu
dans le plan pour les heures qui suivent l’insurrection, n’a pas lieu, car la
flotte, ne s’est pas ralliée. Sa participation avait été pourtant
minutieusement étudiée et définitivement mise au point jusque dans ses détails
lors des manœuvres au large des Canaries, au cours des réunions entre les
amiraux et Franco. La quasi-totalité des officiers sont gagnés au Movimiento. Mais ce sont les équipages qui feront échouer le plan : plus politisés
peut-être, parce que très souvent d’origine ouvrière les marins savent, en tout
cas mieux que les soldats s’organiser contre les préparatifs de leurs chefs.
Sur presque tous les bateaux se sont constitués de petits noyaux clandestins,
composes de huit ou dix sous-officiers et marins socialistes ou anarchistes,
assurant, dans les escales, la liaison avec leurs organisations. Un Conseil
central des marins fonctionne sur le croiseur Libertad. Prévenus par ses
soins, des délégués des conseils du Cervantès, de l’Almirante Gervera , de l’España et du Velasco peuvent se réunir autour de lui au Ferrol,
le 13 juillet, pour décider des mesures à prendre contre le soulèvement des
amiraux. Le 14, ils réussissent à établir le contact avec le Conseil des marins
du Jaime 1 er . A Madrid, Balboa, un sous-officier affecté au
Centre de transmissions de la Marine arrête le chef du centre, une des
chevilles ouvrières de la conspiration. Par son intermédiaire et celui des
radios de chaque bateau, les équipages seront tenus au courant, minute par
minute, du déroulement du complot et se tiennent prêts à riposter à leurs
commandants.
    L’équipage du torpilleur Churruca qui, le 19, avait
transporté à Cadix un tabor de Marocains, se soulève le 20 et fusille les
officiers. Puis ceux de l’Almirante Valdes et du Sanchez Bercaiztegui les imitent, et, de Melilla, mettent le cap sur Carthagène. A San Fernando,
les équipages des deux canonnières et d’un croiseur seront finalement écrasés
par l’artillerie côtière et, au Ferrol, l’Almirante Gervera, immobilisé
par des réparations, et l’España ,sans munitions, sont repris par
les rebelles aux marins. Mais ceux du Jaime 1 er , informés par
radio que leur navire a mis le cap sur Ceuta, se mutinent en pleine mer, puis,
maîtres du cuirassé après une bataille sanglante, rejoignent, dans la baie de
Tanger, le gros de la flotte, dont l’histoire, en ces quelques jours, a

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