Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Neal Bascomb
Vom Netzwerk:
que vous acceptez d’aller à Jérusalem.
    — Mais je ne veux pas y aller. Pourquoi pas plutôt en Allemagne ?
    — Je n’ai pas l’intention de vous forcer la main. Mais, à votre place, je signerais ce document. Pourquoi ? Parce que, pour la première fois de votre vie, vous serez invité à dire ce que vous pensez. À Jérusalem, vous aurez l’occasion de dire au monde entier que vous avez agi en conscience. »
    Eichmann but son deuxième verre, manifestement perplexe. Puis il demanda à se mettre debout, et pria Malkin de lui ôter ses lunettes opaques. Eichmann avait déjà vu le visage de son agresseur le soir de la capture, si bien que l’Israélien accepta sans hésiter – mais en surveillant de près son prisonnier, qui avait peut-être l’intention de lui fausser compagnie.
    Enfin, Eichmann finit par demander : « Où est ce document ? »
    Aharoni avait préparé un brouillon à l’intention du captif ; Eichmann n’avait plus qu’à recopier et signer un texte déclarant qu’il se rendrait en Israël de son plein gré afin d’y être jugé. Peter lui tendit une feuille et un stylo. Le nazi lut le texte proposé, puis, penché sur sa table de nuit, rédigea sa déclaration en allemand.
    Je soussigné Adolf Eichmann déclare de plein gré, ma véritable identité étant désormais connue, avoir pris conscience qu’il serait futile de ma part de me soustraire plus longtemps à la justice. Je suis disposé à me rendre en Israël pour y passer en jugement devant un tribunal compétent. On m’a assuré que j’aurais droit à une assistance juridique. Je m’efforcerai de dresser un compte rendu honnête des faits qui se sont déroulés pendant mes dernières années de service en Allemagne afin que les générations futures aient une vision exacte des faits. J’écris cette déclaration de mon plein gré. On ne m’a rien promis ; on n’a proféré aucune menace à mon endroit. Je souhaite trouver enfin la paix intérieure. Comme je ne peux me souvenir de tous les détails et que je risque de confondre certains faits dans mes souvenirs, je demande à être assisté dans mes efforts pour établir la vérité en ayant accès aux dossiers et aux divers témoignages dcxli .
    Cela fait, il se tourna vers Malkin pour lui demander :
    «  Dois-je le dater d’hier ou d’aujourd’hui ?
    — Mai 1960, ça suffira dcxlii . »
    Eichmann acquiesça et apposa ces mots au bas du document : « Adolf Eichmann, Buenos Aires, mai 1960. »
    « Vous avez pris la bonne décision, dit Malkin ; vous ne le regretterez pas. »
    Puis il offrit une autre cigarette au prisonnier et lui remit les lunettes devant les yeux. Soudain, on entendit un bruit de pas dévalant l’escalier, et Medad, dans son pyjama gris, fit irruption dans la pièce. Il repéra aussitôt le vin et les cigarettes :
    « Mais… qu’est-ce que tu fais ? Tu organises une petite fête pour cet assassin dcxliii  ? »
    Malkin tenta de se justifier, mais Medad, rouge de colère, poursuivit sans l’écouter : « Tu étais en train de le distraire, lui, avec ma musique ? Ce type qui a massacré ma famille ? »
    Eitan, Gat et Nesiahu arrivèrent à leur tour, attirés par les cris. Malkin voulut leur expliquer ce qui se passait et leur tendit le document signé par Eichmann, mais, quand ils eurent apaisé Medad, ils reprochèrent à leur collègue d’avoir ignoré la consigne et parlé au prisonnier.
    Quand les uns et les autres se furent calmés, Tabor prit son tour de garde. Comme Malkin s’éloignait dans le couloir, Eitan le prit par le bras et lui souffla : « Excellent travail. »
    Le capitaine Shmuel Wedeles était aux commandes du Britannia. En ce 19 mai, à 6 h 25, il entama la descente vers l’Atlantique sud, traversant les nuages pour se rapprocher des côtes brésiliennes dcxliv .
    Quinze minutes plus tard, conformément au plan de vol, l’avion survola l’émetteur radio de Campina Grande, à 80 milles nautiques de Recife ; l’altimètre indiquait alors 10 000 pieds. Wedeles orienta l’appareil au sud-est, en direction de l’aéroport, avant d’établir une liaison radio avec la tour de contrôle :
    « Recife, ici le vol El Al 4 X - AGD en provenance de Dakar, direction 135, altitude 7 500, descente amorcée, atterrissage prévu pour 7 heures. »
    À 4 000 pieds de haut, le Britannia devait traverser une nouvelle couche nuageuse. L’aéroport serait en vue dans quelques minutes. Quarante

Weitere Kostenlose Bücher