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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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faille en son
conte, sans déceler ni deviner son projet meurtrier.
    — Ha !
Monsieur ! dis-je, qu’apprend-on en un couvent sinon à bien dissimuler,
étant à chaque instant épié par l’œil des autres moines et l’inquisition du
prieur ?
    — Cela
est vrai, dit M. de La Guesle quelque peu aquiété et conforté par mon propos,
mais être à ce point emberlicoqué, moi Procureur général du roi en son
Parlement, et par un petit moine sans esprit, voilà où le bât encore me
blesse !
    — Vous le
trouvâtes donc sans esprit ?
    — Point
sot, mais simplet. Tellement que l’on pouvait penser que les royalistes qui
l’envoyaient avaient été contraints de se servir de lui, n’en pouvant trouver
d’autre. Et comment aurais-je pu imaginer qu’il ne nous était pas envoyé par le
président Du Harlay serré en sa Bastille, alors même qu’il me donna à lire ce
billet de lui dont je reconnus l’écriture ? Et encore ne me suis-je pas
contenté de ce billet. J’ai en mon logis tourné et retourné Clément sur le gril,
le cuisant au feu doux et prolongé de mes interrogations, mais il avait réponse
à tout ! Et quand, mon frère, lui dis-je, avez-vous vu le premier
Président ?
    — Avant-hier.
Et j’ai vu aussi en Bastille M. René le Rouillet, chanoine de la
Sainte-Chapelle, conseiller au Parlement. Et aussi Paul Portail, le fils
d’Antoine Portail, chirurgien du roi.
    — Et
comment avez-vous eu accès en Bastille ?
    — Par M me Portail qui m’y a envoyé porter de ses nouvelles à son fils, n’y pouvant entrer
elle-même, étant suspecte.
    À quoi,
poursuivit M. de La Guesle, appelant Antoine Portail, je lui dis :
    — Monsieur,
voici un religieux qui peut vous donner des nouvelles de votre famille en
Paris.
    — Ha !
s’écria le chirurgien, vramy, mon frère, avez-vous vu ma femme ?
    — À deux
ou trois diverses reprises, dit Clément, lui portant mots et messages de votre
fils Paul, l’ayant vu en Bastille, lequel va aussi bien que se peut. Quant à
Madame votre épouse, elle est grandement affligée et tourmentée. Et en outre,
elle a été contrainte de payer cinq cents écus à un de vos métayers, lequel
quitte la ferme qu’il avait prise pour vous près de Paris.
    — Détail
vrai, mon ami, reprit La Guesle, détail vérissime que Portail confirma aussitôt
et qui emporta ma conviction que Clément n’était ni un imposteur ni un espion,
et qu’on pouvait donc faire fiance à ses dires, tout simplet qu’il fût. Or, ce
qu’il avait à dire au roi, parlant à sa personne, me parut de la plus grande
conséquence. Le président Du Harlay prétendument mandant à Sa Majesté que les
royalistes du dedans de Paris étaient prêts à se saisir d’une porte, et de leur
donner l’entrant dans la ville. Au roi, et au roi seul, et sans témoin, Clément
nommerait la porte, le jour et l’heure. De cela il ne voulut branler.
    — Ha !
mon ami, mon ami, dit M. de La Guesle, levant tout soudain vers moi ses yeux où
se voyaient les larmes, où était le devoir ? Qu’eussiez-vous fait à ma
place ?
    — Mais
précisément ce que vous fîtes, Monsieur, dis-je, sachant comme vous que le roi
avait eu vent d’une conspiration royaliste en Paris pour lui livrer une porte,
et en attendait fiévreusement des nouvelles.
    — À neuf
heures, dit M. de La Guesle, lequel portant comme à son accoutumée sa dextre à
sa montre-horloge mais sans l’envisager, poursuivit : À neuf heures du
soir, quand j’allai trouver Sa Majesté à son souper, je lui contai l’affaire.
Elle me dit qu’elle recevrait Clément, mais point ce même soir, pour ce qu’Elle
avait dans le propos, sa repue finie, de visiter le Grand Prieur et de se
divertir à ouïr de la musique ; mais que le lendemain, j’eusse à le lui
amener à huit heures, et qu’il le verrait de prime avant toutes autres
affaires.
    Ayant dit, M.
de La Guesle s’accoisa, la face calme et composée, mais fort triste et les yeux
fixés sur le feu. Et comme de mon côtel, je m’accoisais aussi, attendant qu’il
continuât, il ne faillit pas à sentir mon attente, m’envisagea, et me dit d’un
ton roide assez, encore que courtois :
    — Il
n’est besoin que je vous dise le reste, puisque vous l’avez su par M. de
Bellegarde qui fut présent à la meurtrerie, tout comme je le fus moi-même.
    Que si le
lecteur a présent en cervelle ce que je lui ai conté des événements de Blois,
bien il se ramentoit M. de

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