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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sans violer lâchement (à
cet adverbe, le roi cilla, mais continua à se taire) la foi et l’amour que vous
avez si souvent jurés aux réformés, et vous, chef, abandonner vos
troupes ?
    À quoi le roi
ne répondant rien, mais poursuivant sa navette, le front baissé, l’œil à terre
et les mains derrière le dos, Mornay-Duplessis – « le pape des
huguenots » – ajouta :
    — Sire,
tant plus Henri III vous a requis de vous convertir, tant plus vous lui
refusâtes. Ce que vous avez tant de fois dénié à votre souverain, l’allez-vous
accorder à vos sujets ? Un sujet n’a point ployé sous son roi. Un roi
ploiera-t-il sous ses sujets ?
    À quoi Henri ne
fit d’autre réponse que de lever un sourcil pour montrer qu’il avait ouï.
    — Sire,
dit La Trémoille, le maître de sa cavalerie légère, aucun catholique
n’acceptera, dit-on, de se soumettre à un roi hérétique. Vramy, pour quelle
raison ? Un roi catholique a bien employé des réformés à son service.
Pourquoi les catholiques refuseraient-ils de servir un roi de la religion
réformée ?
    À quoi Henri
hocha la tête et jeta un coup d’œil à Mornay-Duplessis comme pour l’encourager
à parler de nouveau.
    — Sire,
dit Mornay-Duplessis, on oppose que c’est chose nouvelle de voir un roi
huguenot. La nouveauté, est-ce le vice de la chose même ? Il est nouveau
certes, qu’un huguenot commande en France, mais non en Angleterre, en Écosse,
au Danemark et au royaume de Navarre.
    Ici, Henri fit
une petite moue qui montrait, soit qu’il était peu touché par cet argument,
soit qu’au rebours il le prenait à compte.
    — Sire,
dit La Trémoille – grand seigneur qui commandait quasiment à toute la
noblesse huguenote du Poitou et qui l’avait amenée à Navarre –, il faut
trancher !
    À cette
impatiente objurgation, Henri leva derechef un sourcil, mais sans davantage mot
piper, ce qui tant impatienta La Trémoille qu’il se décida à jeter dans le
chamaillis le plus gros et le plus lourd de sa troupe.
    — Sire,
reprit-il d’une voix forte, il importe sans retard de trancher, et dans le sens
que nous avons dit. Car, ne doutez point, Sire, que si vous abandonnez votre
ancien parti des réformés, ils ne vous abandonnent tout aussitôt !…
    À cette
adresse, dont la forme seule gardait quelque apparence de respect, le fond
étant si menaçant, le roi cilla, pour ce que, même s’il était assuré de n’être
pas abandonné par tous ses compagnons, il ne pouvait douter l’être, après ceci,
par La Trémoille et sa cavalerie légère. Il n’en persista pas moins dans son
silence en lequel, toutefois, il me sembla saisir maintenant une nuance de
désapprobation quant aux propos qu’il venait d’ouïr. Ce qu’entendirent fort
bien, je crois, le ministre Marmet et Mornay-Duplessis pour ce que d’un commun
accord, ils s’accoisèrent l’un l’autre, ne voulant pas paraître renchérir sur
les paroles de La Trémoille.
    Cet étrange
colloque où l’interlocuteur principal ne disait mot ni demi, laissant sa mine
et sa mimique parler pour lui, prit fin avec l’arrivée en la chambre royale
d’une délégation des principaux serviteurs du feu roi, lesquels avaient choisi
pour porte-parole François d’O – d’Épernon, combien qu’il fut présent, et
bien au-dessus de François d’O dans l’État, étant duc et pair, n’ayant pas
voulu d’un rollet qui l’engageait trop avant dans l’affaire.
    Dès que
l’entrant fut baillé, sur l’ordre du roi, par son chambellan M. de L’Estelle
(lequel il appelait « crapaud », de par la ressemblance de sa face
avec cet animal, Sa Majesté, tout comme Sa Majesté, la reine d’Angleterre,
aimant donner des surnoms à ses gens, Bellegarde étant devenu de prime feuille morte du fait de son teint tirant vers le jaune), la délégation des serviteurs du feu roi  – comme elle s’était nommée, échangea de peu
amènes regards avec les conseillers de Navarre, ceux-ci les contrenvisageant
sans amour aucune, se doutant bien que le blé que ces seigneurs apportaient au
moulin royal ne ferait pas farine à leur goût. Et je ne sais si cette bataille
des yeux roidit le discours de François d’O, mais dès qu’il ouvrit la bouche,
on eût cru voir des vipères s’en échapper, tant empoisonnés, rebelleux,
maillotiniers et discourtois parurent ses propos, lesquels sommaient Navarre
d’abandonner incontinent sa foi huguenote, condition hors laquelle

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