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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Un printemps hâtif puisque ma
petite fleur va ouvrir les yeux en même temps que les perce-neige.
    – Joli langage fleuri ! Ma femme et
moi en avons deux.
    Élise étouffa sa déception. Micheline était
incurable, se glissant d’une alliance à une autre. Jean-Charles portait
effectivement un anneau à l’annulaire gauche. Mais il était charmant et elle ne
pouvait qu’être sensible au choix de sa sœur, tout en la désapprouvant.
    – C’est fou comme Micheline et toi vous
ne vous ressemblez pas.
    – Un peu, quand même…
    – Permettez-moi de vous féliciter, madame
Lauzé. Vous avez un grand talent. Vos filles pourraient toutes deux être
l’avocate modèle et la fermière par excellence !
    – Merci. Que proposez-vous que nous
fassions pour Micheline ?
    – Je n’en sais fichtrement rien. Écrire à
votre député, des lettres ouvertes. Vous joindre aux groupes de pression. Je
l’ignore. De toute façon, quoi que ce soit que vous déciderez, vous me le
dites.
    Élise était lasse d’entendre parler
d’impuissance, de musellement, de soldats, d’otages, de prison. Elle ne voulait
penser qu’à son ventre et à Côme, que l’imminence de la paternité avait, pour
ainsi dire, ramené au bercail. Il avait négocié avec des collègues pour qu’ils
le remplacent lorsqu’il lui fallait aller dans une ville éloignée. La grossesse
d’Élise était devenue le mortier de son couple, comme le lui avait prédit sa
belle-mère.
    Soudain, elle n’eut plus envie d’être dans ce
restaurant, à s’intéresser à un homme qui aimait sa sœur, certes, mais qui
mentait à une autre femme. Elle voulait que Micheline sorte de prison. Elle
voulait rentrer à L’Avenir et enfin dormir sous le toit qu’elle préférait,
l’aisselle de Côme.

– 31 –
     
     
    Élise et sa mère attendaient Micheline devant
la porte de la prison Tanguay. Quand elle en vit sortir sa fille, Blanche
retint un cri. Micheline était émaciée et visiblement encolérée. Elle se réfugia
d’abord dans les bras de sa mère, puis étreignit Élise, qu’elle ne cessa
d’observer.
    – C’est que c’est vrai ! T’es
enceinte jusqu’aux dents ! J’ai sincèrement eu peur de ne pas être sortie
pour Noël. Tu parles d’un pays de fous ! En tout cas, ils vont avoir un
chien de ma chienne !
    – Qui ça ?
    C’est Jean-Charles qui, derrière elles, le
sourire hésitant, venait de parler. Il salua Blanche poliment et Élise d’une
façon charmante. Micheline alla vers lui et, au grand étonnement de sa mère et
d’Élise, lui tendit la main alors qu’il se préparait à l’embrasser.
    – Pardonne-moi, Jean-Charles, mais je
suis tellement fatiguée que la dernière chose que j’ai envie de voir
aujourd’hui, c’est une barbe. Qui t’a dit que je sortais ce matin ?
    – C’est moi, Micheline. Je lui ai laissé
un message au journal.
    – Tu prends tes messages avant même que
le soleil soit levé ?
    Jean-Charles était vexé. Il y avait quelque
chose de suspicieux dans le propos de Micheline.
    – Évidemment, Micheline. Ça brasse fort
au Québec, puis ici encore plus. Peux-tu au moins me dire pourquoi ils t’ont
embarquée ?
    – C’est le journaliste qui veut le savoir
ou mon chum ?
    – Ton chum est journaliste.
    – C’est ce que je me disais.
Travailles-tu toujours au Palais de Justice ? Pour notre charmant ministre
Choquette ?
    – Non. J’ai demandé à être affecté
ailleurs, parce que je ne veux pas être en conflit d’intérêts avec ma blonde.
    Élise et Blanche virent le visage de Micheline
perdre son arrogance et se défaire, laissant apparaître les stigmates des trois
semaines d’enfer qu’elle venait de vivre.
    – Tu as fait ça pour moi,
Jean-Charles ?
    Jean-Charles se contenta de pincer les lèvres.
Micheline lui sauta au cou et lui murmura que, dès qu’elle aurait réussi à
dormir, elle serait ravie de voir un barbu dans son lit.
    Ils allèrent tous chez Micheline, qui était un
peu nerveuse en entrant chez elle. Élise et Jean-Charles lui tenaient la main
tour à tour, jetant comme elle un rapide regard partout dans la pièce.
    – Merci d’avoir fait le ménage, Élise.
    – C’est pas moi.
    – C’est moi.
    Micheline sourit de plaisir. Jean-Charles
était venu durant son absence. Il était bien le seul à pouvoir savoir comment
étaient effectuées les descentes de police. Micheline hésita, puis les invita à
s’asseoir. Cherchant à reconstituer

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