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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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que les alentours du pont de Londres. Nos narines furent assaillies par la puanteur habituelle du crottin, des détritus en décomposition et par la forte odeur du fleuve qui emportait vers la mer des déchets mêlés à ses eaux claires.
    « Et, pensai-je sombrement, parfois des cadavres. »
    Je connaissais déjà la ville et croyais savoir où l’échoppe de Barnabas Mew était sise. Sous ma conduite, nous traversâmes le pont pour entrer dans Bishop Street, au pied des murailles du palais. Nous dépassâmes le lieu des réunions publiques – un abri au toit surmonté d’une croix –, puis, au carrefour devant le château, nous tournâmes à droite, dans Peascod Street. La rue était bordée de maisons et de boutiques. Juste devant nous apparut l’enseigne d’horloger que je me rappelais à demi. Oui, c’était bien celle de Mew ! Nous tirâmes sur les rênes pour mettre pied à terre.
    L’échoppe était au goût du jour. Les murs de plâtre blanc, surmontés d’un toit de chaume propret, s’ornaient de boiseries. Le premier étage surplombait la rue sur des piliers de bois noir. Au lieu d’une devanture ouverte, la boutique avait une porte ordinaire et une longue fenêtre, où, derrière les vitres en losanges, l’art du propriétaire s’illustrait par divers exemples. Des piquets placés au bord du chemin invitaient à s’arrêter. Là, nous attachâmes nos montures avant de gravir les marches du perron.
    La porte fut ouverte, avant même que nous fussions en haut, par un jeune homme massif auquel je trouvai un air vaguement familier. « Oh ! Mais oui, bien sûr ! » pensai-je. C’était l’assistant venu avec Mew à la cour et qui portait la boîte à musique. Sans doute guettait-il le chaland. Tandis que nous le suivions à l’intérieur, je remarquai que Brockley s’était crispé et marmonnait dans sa barbe. Je m’apprêtai à lui demander pourquoi, quand il m’adressa un regard d’avertissement. J’attendrais donc que nous soyons seuls. Toutefois, si Brockley s’inquiétait, je devais moi aussi me tenir sur mes gardes.
    La boutique était en ordre, le sol parsemé de roseaux frais. Derrière le comptoir et ses tabourets, diverses horloges étaient exposées sur des étagères.
    À côté de l’escalier montant, sur notre gauche, trônait une grosse pendule dans son coffrage doré, orné de créatures héraldiques et d’extraordinaires enjolivures. Sur le cadran d’émail bleu pâle, les aiguilles et les chiffres romains étaient d’or, et le mécanisme au-dessous – poids, engrenages et balancier, eux aussi dorés – rutilait, magnifique et complexe, telle une célébration de l’art de l’horlogerie.
    Sous l’une des fenêtres pourvues de verrous et de volets, un apprenti joufflu, assis devant une table, se concentrait sur un agencement de minuscules roues dentées. Sa blondeur et ses yeux bleus lui donnaient l’air d’un chérubin, en dépit de son acné.
    Wylie passa derrière le comptoir sur lequel il posa des mains de propriétaire.
    — Que puis-je pour vous, mesdames, messire ?
    Brockley prit la direction des opérations.
    — Messire Barnabas Mew est-il là ?
    — Mr. Mew s’occupe de ses comptes, mais je suis son assistant compagnon : Joseph Wylie, pour vous servir.
    Il faisait un horloger bien étrange. C’était un métier qui exigeait de la minutie, de la patience et de la délicatesse, or ses doigts écartés sur le comptoir étaient aussi épais que des saucisses et, comme la première fois que je l’avais vu, son pourpoint était tendu à craquer par ses épaules carrées. Ses cheveux noirs retombaient sur ses yeux bruns saillants, et son teint vif révélait une humeur colérique.
    L’impatience vibrait dans sa voix lorsqu’il ordonna : « Timothy ! Un tabouret pour la dame ! » à l’apprenti, qui se leva d’un bond et obéit avec nervosité.
    — Souhaitiez-vous commander une horloge ? s’enquit Joseph Wylie.
    — Non, répondit Brockley d’un ton ferme. Dame Ursula Blanchard, dame d’honneur de la reine, souhaite voir personnellement Mr. Mew.
    — Dame Blanchard !
    Il y avait plusieurs portes, de l’autre côté du comptoir, et Mew sortit par l’une d’elles, empressé et souriant. Sans doute avait-il entendu Brockley.
    — Vous me voyez fort honoré ! Mais qu’est-ce qui vous a décidée à parcourir ce long chemin alors que nous allions nous retrouver très bientôt à Lockhill ? J’y repars dès demain. Ne

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