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L'Amour Et Le Temps

L'Amour Et Le Temps

Titel: L'Amour Et Le Temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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nationale, soldée ou non, est du côté constitutionnel. Un soulèvement n’aurait aucune chance. »
    Aux Jacobins, il y avait quatre heures que l’on discutait sur l’addition républicaine demandée par les Cordeliers au retour du champ de la Fédération. Rien ne restait de la phrase orléaniste, tout le débat portait sur ces trois mots : ni aucun autre. Robespierre était aux prises avec Hébert : le rédacteur du PèreDuchêne, et Legendre lorsque Claude, Dubon et Camille arrivèrent. Nulle apparence de Danton. La discussion se poursuivit encore pendant près d’une heure. La plupart des Cordeliers, malgré l’avis que donna Dubon à la tribune, ne voulaient pas renoncer à l’espoir d’une république. La plupart des Jacobins, et en tout cas les cinq députés restant, se refusaient à violer la Constitution, fondée sur le principe monarchique. Leurs arguments, leur fermeté l’emportèrent enfin. La majorité du club décida de maintenir la rédaction primitive ainsi rectifiée : « Les Français soussignés demandent formellement et spécialement que l’Assemblée nationale ait à recevoir, au nom de la nation, l’abdication faite, le 21 juin, par Louis XVI, de la couronne qui lui avait été déléguée, et à pourvoir à son remplacement ; déclarant les soussignés qu’ils ne reconnaîtront jamais Louis XVI pour leur roi, à moins que la majorité de la nation n’émette un vœu contraire. » Cette « tiédeur » ne satisfaisait pas Legendre. Lui et la plupart des Cordeliers se retirèrent en déclarant qu’ils feraient leur propre pétition.
    « Bientôt, remarqua Claude, il y en aura tant que personne n’y reconnaîtra plus rien. Elles se détruiront mutuellement. »
    Les Jacobins envoyèrent la leur à l’imprimerie. Les députés, laissant Robespierre et le président Antoine étudier avec les membres présents les moyens de ramener les scissionnaires ou de parer à leur action sur les sociétés provinciales, traversèrent la rue pour se rendre au Manège où la séance durait encore. Il était huit heures et demie. À la fin de la relevée, Bailly avait avisé les Lameth de la déclaration de réunion déposée à la Commune par Bonneville. On voyait ce qu’elle laissait présager. Les « constituants « n’hésitèrent pas. La Fayette les assurait qu’il tenait la situation en main. Ils lancèrent de nouveau Desmeuniers. Celui-ci reprit sa motion du 14, laquelle, sous l’apparence d’une sanction contre Louis XVI, garantissait en fait son maintien sur le trône. Desmeuniers proposa un complément au décret du 15. Quand les députés jacobins revinrent en séance, on commençait à voter sur un projet portant que le pouvoir exécutif demeurerait suspendu jusqu’à ce que l’acte constitutionnel ait été présenté au Roi et accepté par lui. Une demi-heure plus tard, le vote était acquis, avec la majorité même de la veille. Claude, le cœur battant, regarda Pétion en silence. Il n’y avait rien à dire, il n’y avait plus de question. Mais quelle serait la réaction populaire ?… Toujours flegmatique, Pétion haussa les épaules.
    Avec un énorme brouhaha, la salle se vidait. Pendant que les Feuillants se réunissaient pour célébrer leur victoire, Pétion et Claude rentrèrent aux Jacobins et annoncèrent la nouvelle. Là aussi, il y eut un instant de silence. Robespierre se leva, raide dans son habit bleu, le visage crispé. « Nous ne pouvons pas nous dresser contre l’Assemblée ni contre la Constitution que nous avons contribué à établir. Contre l’une ou contre l’autre, toute tentative serait à présent factieuse. Je propose que nous décidions de retirer notre pétition. »
    Déjà, la municipalité, prévenue, arrêtait que le décret serait, demain dès huit heures du matin, proclamé à tous les carrefours, et La Fayette déclarait interdit tout rassemblement ou cortège.
    À cette heure, le petit homme bien frisé, en habit vert, au visage mince et pointu comme un museau de furet – le petit homme qui, tantôt, au pied de l’autel de la patrie, lorgnait sournoisement les citoyennes montant l’escalier monumental –, se trouvait attablé au Tonneau des Cygnes, rue Saint-Dominique, au Gros-Caillou. C’était un « bouchon » misérable, dans cette poudreuse venelle de banlieue, bordée de plus de palissades que de maisons, avec des enclos, des jardins maraîchers, des terrains vagues, et, en face, à quelques toises,

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