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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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demandait une trêve.
Totesham ordonna à un joueur de trompette anglais de répondre au Breton et
d’agiter une bannière blanche au-dessus de la porte sud. Le messager breton
attendit qu’un homme de classe supérieure monte sur la muraille, puis lui dit
en désignant les femmes et les enfants :
    — Nous ne pouvons autoriser ces gens à traverser nos
lignes. Ils vont mourir de faim ici.
    — Est-ce là toute la pitié qu’a votre maître pour son
peuple ? répondit l’émissaire de Totesham.
    C’était un prêtre anglais qui parlait le breton et le
français.
    — Il a tant de pitié pour eux, répondit le messager,
qu’il veut les délivrer des chaînes anglaises. Dites à votre maître que Sa
Grâce lui accorde jusqu’à l’angélus de ce soir pour se rendre, et que, s’il le
fait, il sera autorisé à sortir avec toutes ses armes, ses bannières, ses
chevaux, ses familles, ses valets et ses possessions.
    C’était une offre généreuse, mais le prêtre ne la prit pas
en considération.
    — Je vais le lui transmettre, dit-il, mais à la
condition que vous disiez à votre maître que nous avons des provisions pour un
an et des armes en nombre suffisant pour vous faire passer au moins deux fois
de vie à trépas.
    Le messager s’inclina, le prêtre lui retourna la politesse
et les pourparlers s’arrêtèrent là. Les trébuchets se remirent à l’œuvre et, à
la tombée de la nuit, Totesham ordonna que les portes de la ville fussent
ouvertes. Les fugitifs furent autorisés à rentrer à l’intérieur, sous les
railleries de ceux qui n’avaient pas fui.
    Thomas, comme tous les hommes de La Roche-Derrien, prenait
ses tours de garde sur les remparts. C’était une tâche fastidieuse, car Charles
de Blois prenait grand soin de s’assurer qu’aucune de ses troupes ne se
trouvait à la portée des archers anglais. Sa seule distraction consistait en
l’observation des grandes machines de guerre. Le treuil faisait descendre les
énormes poutres avec une telle lenteur qu’elles ne paraissaient pas bouger.
Pourtant, presque imperceptiblement, la grande caisse de bois contenant les
poids s’élevait graduellement au-dessus de la palissade protectrice, et le long
bras disparaissait de la vue. Puis, lorsqu’il avait atteint son niveau le plus
bas, il ne se passait rien pendant un bon moment, sans doute parce que les
ingénieurs chargeaient la fronde. Et lorsqu’il semblait que l’opération était
arrêtée, le contrepoids tombait, la palissade trépidait, les oiseaux effrayés
s’envolaient, le long bras s’élevait d’un seul coup en vibrant, la fronde
fouettait l’air et une pierre s’élançait à l’assaut du ciel en décrivant un
arc. Le son, le monstrueux fracas du contrepoids s’affalant sur le sol,
n’arrivait qu’après, suivi un instant plus tard du choc sourd de la pierre sur
les remparts endommagés. On jetait de nouveaux sacs remplis de paille sur la
brèche qui allait grandissant, mais cela n’empêchait pas les projectiles de
faire des dégâts. Aussi Totesham ordonna-t-il à ses hommes de commencer à
ériger de nouveaux murs derrière les brèches.
    Quelques hommes, dont Thomas et Robbie, voulurent tenter une
sortie.
    « Nous allons former un groupe de six hommes,
argumentèrent-ils, et nous allons nous glisser dehors à la pique du jour. Nous
pourrons facilement investir un ou deux trébuchets, les arroser d’huile et de
poix, et jeter des brandons enflammés dans les cordes et le bois. »
    Mais Totesham refusa. Sa garnison était trop petite et il ne
voulait perdre personne, pas même une demi-douzaine d’hommes, avant d’affronter
les envahisseurs dans les brèches.
    Pourtant, des hommes, il en perdit tout de même. À la
troisième semaine de siège, Charles de Blois avait fini ses travaux de défense
et les quatre divisions de son armée étaient entièrement protégées derrière des
murs de terre, des haies, des palissades et des tranchées. Il avait éliminé
tous les obstacles encombrant le terrain qui séparait les différents
campements, de manière à empêcher les archers de l’armée de relève de trouver
le moindre abri où se dissimuler. À présent que ses campements étaient fortifiés
et que ses trébuchets creusaient des trous de plus en plus grands dans les murs
de la ville, il pouvait envoyer ses arbalétriers harceler les remparts.
    Ils arrivèrent deux par deux, l’un étant chargé de
l’arbalète et le deuxième de tenir le pavois, un

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