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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Hobbe, qui menait le cheval, comprit le ton de cet
échange sans avoir besoin de connaître la langue française. Il poussa un soupir
qui lui valut un regard courroucé de la jeune femme.
    — Tu n’es pas obligé de te battre ! reprit-elle.
    — Je suis un archer, répliqua Thomas avec entêtement.
Et il y a un ennemi à l’horizon.
    — Ton roi t’a envoyé à la recherche du Graal. Il ne t’a
pas envoyé ici pour mourir ! Pour me laisser seule ! Moi avec un
enfant !
    Elle s’arrêta, les mains crispées sur le ventre et les yeux
pleins de larmes.
    — Est-ce que tu veux que je reste seule ici, en
Angleterre ?
    — Je ne mourrai pas ici, décréta Thomas, cinglant.
    — Tu le sais d’avance ? répliqua Eléonore d’un ton
encore plus cinglant. Peut-être que Dieu t’a parlé ? Que tu sais des
choses que les autres ne savent pas ? Que tu connais le jour de ta
mort ?
    Cette explosion laissa Thomas pantois. Eléonore était une
fille solide, peu sujette aux caprices. Et voilà qu’elle pleurait, en
manifestant un désespoir non feint.
    — Ces hommes, l’Épouvantail et Beggar, ils ne te
toucheront pas, affirma-t-il pour la calmer. Je serai là.
    — Ce n’est pas à cause d’eux ! gémit Eléonore. Mais
j’ai fait un rêve la nuit dernière. Un cauchemar.
    Le jeune homme posa les mains sur ses épaules. Ses mains
étaient grandes, et pleines de force, grâce à l’exercice du tir à l’arc.
    — Et moi, j’ai rêvé du Graal la nuit dernière, dit-il,
bien que ce ne fut pas tout à fait vrai.
    Il n’avait pas rêvé du Graal ; il avait été réveillé
par une vision qui s’était révélée décevante, mais il cela, il ne pouvait le
dire à sa jeune compagne.
    — Il était magnifique, tout en or, poursuivit-il, il
ressemblait à une coupe de feu.
    — Dans mon rêve, dit Eléonore en levant son regard vers
lui, tu étais mort et ton corps était tout noir et tout gonflé.
    — Que dit-elle ? intervint le père Hobbe.
    — Elle a fait un mauvais rêve, répondit Thomas en
anglais, un cauchemar.
    — C’est le diable qui nous envoie des cauchemars,
assura le prêtre, c’est bien connu. Dis-lui cela.
    Thomas fit la traduction, puis ôta une mèche de cheveux d’or
qui barrait le front d’Eléonore et la cacha sous son bonnet de tricot. Il
aimait son visage, si sérieux et si étroit, pareil à un petit visage de chat,
mais avec de grands yeux et une bouche expressive.
    — Ce n’était qu’un cauchemar, dit-il pour la rassurer.
    — L’Épouvantail, rétorqua Eléonore avec un frisson de
crainte, c’est lui le cauchemar.
    Thomas la prit dans ses bras.
    — Il ne t’approchera pas, lui promit-il.
    Au loin, il entendait un chant, mais rien de semblable aux
prières solennelles des moines. C’était un chant railleur, insistant, aussi
lourd que le battement de tambour qui le rythmait. Il n’entendait pas les
paroles, mais c’était inutile.
    — L’ennemi nous attend, dit-il à Eléonore.
    — Ce n’est pas mon ennemi, riposta-t-elle d’un ton
farouche.
    — S’ils entrent dans Durham, objecta Thomas, ils ne
voudront pas le savoir, cela ne les empêchera point de te prendre.
    — Tout le monde hait les Anglais, le sais-tu ? Les
Français vous haïssent, les Bretons vous haïssent, les Écossais vous haïssent,
toute la chrétienté vous hait ! Et pourquoi ? Parce que vous aimez la
guerre ! Oui ! Tout le monde sait cela. Et toi ? Tu n’as aucune
raison de te battre aujourd’hui, ce n’est pas ta querelle, mais tu meurs
d’impatience d’y aller, de tuer de nouveau !
    Thomas ne sut que répondre, car il y avait du vrai dans ses
paroles.
    Se contentant de hausser les épaules, il saisit son arc.
    — Je me bats pour mon roi, et il y a toute une armée
ennemie là-haut. Ils nous dépassent en nombre. Sais-tu ce qui se passera s’ils
entrent dans Durham ?
    — Je sais, répondit Eléonore d’un ton ferme.
    Et elle le savait effectivement, car elle s’était trouvée à
Caen lorsque les archers anglais, passant outre les ordres de leur roi, avaient
traversé le pont et dévasté la ville.
    — Si nous ne nous battons pas pour les arrêter ici,
argumenta Thomas, leurs cavaliers nous pourchasseront et nous y passerons tous,
les uns après les autres.
    — Tu as dit que tu m’épouserais, dit la jeune femme, en
proie à une nouvelle crise de larmes. Je ne veux pas que mon enfant soit sans
père, je ne veux pas qu’il soit comme moi, un enfant

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