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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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aptes
à percer les cuirasses ou les heaumes. Mais ici, ils utilisaient les flèches de
chasse munies de barbillons, ces vilaines langues de métal qui empêchaient le
blessé de retirer la flèche de la plaie. On les appelait les flèches à chair,
mais même une flèche à chair était capable de percer une cotte de mailles à
deux cents pas.
    Thomas s’endormit en début d’après-midi et ne se réveilla
que lorsqu’il fut à deux doigts d’être piétiné par le cheval de lord Outhwaite.
Sa Seigneurie, de même que les autres commandants anglais, avait été appelée
auprès de l’archevêque. Aussi avait-elle demandé sa monture et, accompagnée de
son écuyer, se rendait-elle auprès de Sa Grâce, dont l’un des chapelains
circulait parmi les troupes en transportant un crucifix d’argent. Le crucifix
était muni d’un sac de toile qui pendait sous les pieds du Christ et qui, selon
les affirmations du chapelain, contenait les jointures de saint Oswald, martyr.
« Baisez ce sac et Dieu vous préservera ! » clamait le saint
homme, et archers et hommes d’armes se bousculaient pour saisir leur chance.
Thomas, hélas, n’eut pas le loisir de s’approcher assez près du sac pour
pouvoir le baiser, mais il parvint à tendre la main pour le toucher.
    Beaucoup parmi les soldats portaient des amulettes ou des
bouts de tissu que leur avaient remis leur femme, leur maîtresse ou leur fille
lorsqu’ils avaient quitté la ferme pour marcher contre l’envahisseur. Au moment
où les Écossais, sentant l’imminence d’un changement, se levèrent, accompagnés
du son d’un tambour qui s’était mis à jouer son atroce musique, ils touchèrent
leurs talismans.
    Thomas scruta l’horizon sur sa droite, où l’on apercevait le
sommet des tours jumelles de la cathédrale et la bannière qui flottait sur les
remparts du château. Eléonore et le père Hobbe devaient être arrivés en ville,
à présent. Le jeune homme se sentit envahi de regrets à l’idée de s’être séparé
de sa compagne dans un tel état de colère et il enserra son arc pour toucher du
bois, dans l’espoir que ce geste la préserverait du mal. Il se consola en se
disant qu’Eléonore serait en sécurité dans les murs de la ville et que le soir
même, après la victoire, ils pourraient se réconcilier. Ensuite, ils se
marieraient sans doute. Il n’était pas sûr d’avoir vraiment envie de se marier.
Il lui semblait qu’il était encore trop tôt pour prendre femme, même si c’était
Eléonore et qu’il était certain de l’aimer. Mais il était non moins certain
qu’elle exigerait de lui qu’il abandonne son arc pour s’installer dans une
maison, et cela, c’était la dernière chose dont il avait envie. Son rêve,
c’était d’être un jour à la tête d’une troupe d’archers, de devenir un homme
comme Will Skeat. Il voulait avoir ses propres archers, pour les louer aux
grands seigneurs. Les occasions ne manquaient pas. La rumeur disait que les
États italiens étaient prêts à payer des fortunes pour engager des archers
anglais. Thomas en voulait sa part.
    Mais il devait aussi veiller sur Eléonore, et il ne voulait pas
que son enfant fut un bâtard. Il y avait déjà suffisamment de bâtards à travers
le monde sans en ajouter un de plus.
    Les seigneurs anglais, au nombre de douze environ,
s’entretinrent pendant quelque temps sans cesser de jeter des regards anxieux
en direction de l’ennemi. Thomas, qui était assez près pour distinguer
l’expression inquiète de leurs visages, chercha à en imaginer la raison.
Était-ce à cause de l’inégalité numérique ? Ou était-ce parce qu’ils
craignaient que les Écossais, refusant la bataille, ne disparaissent vers le
nord à la pique du jour en s’évanouissant dans la brume ?
    Frère Michael s’approcha et posa ses vieux os sur la caque
de harengs qui servait de siège à lord Outhwaite.
    — Ils vont vous envoyer en avant, vous les archers.
C’est ce que je ferais à leur place. Je vous enverrais en avant pour les
provoquer, ces bâtards. C’est ce qu’il faut faire, ou alors les repousser, mais
on ne repousse pas les Écossais si aisément. Ce sont des bâtards, mais des
bâtards braves.
    — Braves ? Dans ce cas, pourquoi n’attaquent-ils
pas ?
    — Parce qu’ils ne sont pas fous. Ils les voient,
ceux-là ! dit frère Michael en effleurant le bois noir de l’arc de Thomas.
Ils ont vu ce que les archers étaient capables de faire. Vous avez

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