Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
sommeil.
Taillebourg traversa la pièce et alla trouver son valet vêtu de noir.
    — Tu crois ce qu’il raconte ?
    Le valet se contenta de hausser les épaules sans rien dire.
    — As-tu appris des choses ? poursuivit le
dominicain.
    — Oui, j’ai appris que le père Ralph avait un fils. Je
l’ignorais.
    — Ce fils, nous devons le retrouver ! décréta
Taillebourg, l’air farouche.
    Frère Collimore se réveilla et se reprit.
    — Où en étais-je ? demanda-t-il.
    Un fin filet de salive coulait du coin de sa bouche.
    — Vous étiez en train de vous demander pourquoi le
Graal n’avait pas aidé les Vexille.
    — Il aurait dû les aider, insista le vieux moine. S’ils
possédaient le Graal, pourquoi ne sont-ils pas devenus puissants ?
    Le dominicain sourit.
    — À supposer que les musulmans infidèles soient entrés
en possession du Graal, croyez-vous que Dieu leur aurait accordé son
pouvoir ? Le Graal est un grand trésor, mon frère, le plus grand de tous
les trésors qui soient sur la terre, mais il n’est pas plus grand que Dieu.
    — Vous dites vrai, approuva le vieillard.
    — Vous disiez que les Vexille avaient fui ?
    — Ils ont fui les inquisiteurs, précisa frère Collimore
avec un regard entendu à son interlocuteur, et l’une des branches de la famille
vint ici, en Angleterre, où elle rendit un service au roi. Pas à notre roi
actuel, bien entendu, mais à son arrière-grand-père, le dernier Henry.
    — Quel service ?
    — Ils offrirent au roi un sabot du cheval de saint
Georges, expliqua le moine, comme s’il s’agissait d’une chose tout à fait
ordinaire. Un sabot serti dans l’or et capable d’opérer des miracles. Toujours
est-il que le roi en fut convaincu, car son fils fut guéri d’une fièvre après
qu’on l’eut touché avec le sabot. On m’a dit que ce sabot se trouvait toujours
dans l’abbaye de Westminster.
    La famille Vexille avait été récompensée par l’attribution
d’une terre dans le Cheshire. Si elle était composée d’hérétiques, elle n’en
montra rien, vivant comme n’importe quelle autre famille noble. Leur chute
était arrivée avec le début du règne en cours. En effet, la mère du jeune roi,
aidée par la famille Mortimer, avait essayé d’empêcher son fils de prendre le
pouvoir. Les Vexille ayant pris le parti de la reine, qui échoua dans son
entreprise, ils retournèrent se réfugier sur le continent.
    — Tous, excepté un fils, précisa frère Collimore, le
fils aîné, et c’était Ralph, naturellement. Ce pauvre Ralph.
    — Mais si sa famille s’était réfugiée en France,
pourquoi l’avez-vous soigné ? s’étonna Taillebourg, dont le visage,
défiguré par les croûtes de sang recouvrant les écorchures qu’il s’était
infligées en se cognant la tête contre la pierre le matin même, trahissait la
perplexité. Pourquoi ne l’avez-vous pas tout simplement exécuté en tant que
félon ?
    — Il avait reçu les saints ordres, protesta le moine,
il ne pouvait être exécuté ! De plus, chacun savait qu’il haïssait son
père et qu’il s’était rangé aux côtés du roi.
    — Donc, il n’était pas fou du tout, observa Taillebourg
d’un ton sec.
    — Mais il était riche aussi, reprit Collimore, il était
noble et il prétendait connaître le secret des Vexille.
    — Le trésor des Cathares ?
    — Pourtant, le démon était déjà en lui ! Il se
prétendit évêque et prit l’habitude de parcourir les rues de Londres en faisant
des prêches enflammés. Il annonçait qu’il se préparait à conduire une nouvelle
croisade pour chasser les infidèles de Jérusalem et promettait que le Graal lui
assurerait le succès.
    — Et donc vous l’avez enfermé ?
    — Il m’a été envoyé, rectifia frère Collimore, parce
qu’il était connu que je parvenais à chasser les démons.
    Il fit une petite pause pour piocher dans ses souvenirs,
puis reprit :
    — De mon temps, je chassais les démons par
centaines ! Par centaines !
    — Mais vous n’avez pas entièrement guéri Ralph
Vexille ?
    Le moine secoua la tête.
    — On l’aurait cru éperonné et cravaché par Dieu tant il
pleurait, criait, se battait jusqu’au sang, dit-il avec un frisson, sans savoir
qu’il faisait là la description du dominicain. Il était hanté par les femmes
aussi. Je crois que nous ne l’avons jamais guéri de cela, mais si nous n’avons
pas complètement chassé les démons, nous avons réussi à les

Weitere Kostenlose Bücher