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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Samuels, consécutives
à sa pendaison durant la guerre de Sécession, empirèrent progressivement et en
1900, il était devenu si violent qu’on lui passa la camisole et qu’on l’interna
à l’asile, où il passa les huit dernières années de sa vie dans un état de rage
puérile.
    Sa femme, Zerelda, continua à habiter la ferme
de Kearney, dont elle subdivisa les terres entre ses enfants survivants jusqu’à
ce qu’il ne lui restât plus que la maison d’un étage, les logis des esclaves, une
grange délabrée et son jardin. Sa principale source de revenus venait des
visites de la propriété à vingt-cinq cents par personne, durant lesquelles elle
pérorait contre les autorités et la justice, gasconnait à propos de ses deux
fils assassinés, Archie et Jesse, et montrait volontiers son poignet droit
amputé ou l’hybride de fourchette et de couteau, en acier, qu’elle s’était
confectionné afin de pouvoir manger de la main gauche.
    Elle était roublarde. Elle embobinait bon
nombre de visiteurs, feignait de leur faire des confidences, leur donnait l’impression
que c’était un rare privilège, puis consentait finalement à leur vendre une
pierre de la tombe de Jesse ou – bien plus cher – un fer usagé de l’une des
montures de ses fils (elle se les procurait par pleines brouettées auprès du
maréchal-ferrant d’un village voisin ; elle récoltait les pierres par
pelletées dans le lit de Clear Creek et les répandait sur la tombe une fois par
semaine). Quand on voulait la prendre en photo dans le jardin, dans son
fauteuil à bascule noir, elle demandait qu’on lui fît parvenir par la poste, en
souvenir, une copie du cliché, qu’elle revendait à d’autres visiteurs dès qu’elle
le recevait. Elle revendiqua – et obtint – un abonnement gratuit auprès de la
compagnie de chemin de fer Burlington en compensation des crimes que celle-ci
avait commis contre les James et, par la suite, pendant chaque trajet arpenta
les wagons en s’appuyant au dossier des sièges afin de faire le récit de sa vie
aux autres passagers et de fustiger Burlington.
    Son entrée dans le vingtième siècle ne lui
retrancha rien de sa vigueur ni de sa force de caractère. Elle survécut à ses
trois maris et à quatre des huit enfants qu’elle avait portés et ne trahissait
aucun signe de maladie le jour où, en 1911, elle regagna son compartiment et
mourut d’une attaque d’apoplexie dans une voiture-lit pullman à l’âge de
quatre-vingt-sept ans.
    Dès le lundi qui suivit Pâques en 1882, Zerelda
Mimms James vendit aux enchères quasiment tout ce que contenait le pavillon de
Lafayette Street. Un seau à charbon tout à fait ordinaire qui avait un jour
connu la chaleur des doigts du grand homme atteignit deux fois son prix, le
moulin à café avec lequel jouait Mary le 3 avril rapporta deux dollars à la
veuve, la chaise haute de l’enfant soixante-quinze cents, la chaise sur
laquelle était grimpé Jesse et le plumeau dont il s’était servi furent adjugés
pour cinq dollars chacun. Les deux chevaux et les selles qu’abritait l’écurie
furent confisqués en tant que biens volés, des éclats de bois furent arrachés
au plancher en guise de reliques et l’on démantibulait les planches extérieures
du pavillon quand la police arriva pour restaurer l’ordre.
    Pourtant, Zee était toujours sans le sou et
devait le rester en dépit des divers généreux efforts susceptibles de lui
rendre sa solvabilité. Un homme entreprenant engagea Zee en vue d’une série de
conférences, mais elle rechignait à exagérer et était en fait trop timide pour
s’exprimer en public, de sorte qu’un orateur fut embauché afin de narrer la
légende avec force effets mélodramatiques extravagants, tandis que la veuve
éplorée faisait de la figuration. Toutefois, les premières répétitions furent
atroces ; Zee secouait la tête avec désapprobation à chacune des
grotesques hyperboles du conférencier et on ne l’entendait pas quand elle
répondait aux questions du public. Le projet fut donc judicieusement annulé et
Zee se rabattit pendant quelque temps sur une place de cuisinière. Toutefois, victime
d’une fausse couche en juillet, elle ne se rétablit que lentement, si bien qu’elle
dut bientôt s’en remettre à une souscription de plusieurs centaines de dollars
lancée par le major John Newman Edwards pour subsister.
    En 1882, Zee retourna à Kansas City, où elle
travailla en tant que femme de ménage

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