Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
l’endroit un air festif qui m’assombrit les pensées.
    Nous arrêtâmes devant une solide barbacane en demi-cercle qui servait à défendre l’accès au château en cas d’attaque. Un pont-levis menait à une entrée flanquée de deux tours massives qui encadraient une porte juste assez large pour permettre le passage d’un cavalier. Alors que nous approchions, la lourde herse de fer forgé fut relevée à l’aide de chaînes pour nous permettre l’accès. Le convoi s’arrêta sur la place et je vis Guillaume faire signe à mes gardes de me faire avancer.
    —    Vous deux, avec moi, dit-il d’une voix où je crus percevoir une certaine tension. Que le reste des hommes se rende aux écuries pour voir aux chevaux. Puis qu’ils prennent leurs quartiers et attendent les ordres.
    —    Bien, sire, répondit un troisième soldat en s’éloignant pour transmettre les directives, les deux autres demeurant à mes côtés.
    Encadré par Guy, Pierrepont, Thury, Guiburge et Guillot, qui semblait goûter tout particulièrement ce moment d’importance, il fit mine de diriger son cheval vers le pont-levis. Je levai les mains pour désigner mes chaînes.
    —    Ne me permettras-tu pas de me présenter devant ton demi-frère comme un homme ? demandai-je.
    Des yeux, il m’indiqua le sommet du mur. Je suivis la direction de son regard et aperçus, entre les créneaux, une silhouette que j’aurais reconnue entre mille. La chevelure de jais agitée par le vent, la barbe abondante qui lui donnait un air de démon, les épaules larges couvertes d’une longue cape de velours rouge, la poitrine puissante, les poings posés sur ses hanches, Simon de Montfort m’observait. Même à cette distance, je savais qu’il souriait.
    —    J’ai mes ordres, Gondemar, répondit Guillaume, d’un ton un peu contrit.
    À ce moment précis, Montfort inclina galamment la tête pour me saluer, parodiant l’esprit chevaleresque dont je le savais dénué. La maudite chiure pouvait se réjouir. Il était vainqueur. J’arrivais en prisonnier, à sa merci. Pour le moment en tout cas. Je lui rendis son geste avec toute la dignité dont j’étais capable. Je préférais être foudroyé sur place que de lui donner la satisfaction de constater que je me sentais amoindri.
    Sans le vouloir, Guillaume venait de m’avouer que, tout seigneur de Chalons qu’il fût, il était dominé par son demi-frère et devait lui obéir. Sans doute en avait-il un peu peur. Je ne pouvais l’en blâmer. Il n’était pas le seul. Je savais mieux que personne ce que cet homme pouvait faire à ceux qui s’opposaient à lui.
    —    Je comprends, Guillaume, dis-je. Alors fais ce que tu dois. Des Barres fit une moue qui en disait long sur l’opinion qu’il avait de la chose. C’est donc les fers aux poignets, comme le plus méprisable des forçats, que le noble et seigneur que j’étais pénétra dans la demeure de Simon de Montfort.
    Malgré moi, je fus tout aussi émerveillé par ce que je vis à l’intérieur des murs. Il était clair que le château avait été construit par quelqu’un qui s’y connaissait. Toute l’enceinte était un témoignage de l’intelligence et de la détermination des vicomtes Trencavel. Au fond, sur la gauche, une haute tour carrée s’élevait vers les cieux, sur le coin de la muraille, et dominait le paysage environnant. De là, on pouvait sans doute apercevoir quiconque tenterait de s’approcher et réagir prestement. Tout autour, une dizaine de tours plus petites complétaient un admirable ouvrage défensif. Plus près sur ma gauche ainsi que devant moi, deux ailes rejoignaient un corps de logis central. Les façades étaient ornées d’ouvertures en hauteur, le bas restant aveugle pour mieux résister à une attaque. La vaste cour dans laquelle nous nous trouvions était amplement suffisante pour permettre l’entraînement d’une centaine d’hommes, mais aussi pour déployer des troupes si la situation l’exigeait.
    Quatre hommes, qui semblaient attendre notre arrivée, sortirent du bâtiment central et vinrent à la rencontre de Guillaume d’un pas décidé.
    —    Bienvenue, monsieur le comte, dit l’un d’eux, visiblement en position d’autorité. Monsieur le vicomte de Béziers et de Carcassonne vous attend avec impatience et demande que vous vous présentiez devant lui sans délai.
    Je grimaçai en entendant Simon de Montfort ainsi désigné. Cette vicomté, il l’avait volée à

Weitere Kostenlose Bücher